Mekar a écrit:
Des samouraïs du Côté Obscur.
Bulforoch est le Prince de l'entropie.
La Voie de Bulforoch nous enseigne le dégoût du futile et le désintérêt pour l'utile.
Nous vivons l'oeil fixé sur l'horizon, car tout y est déjà écrit. Passé, présent, futur. Nous regardons notre mort avec un sourire aux lèvres.
Nous vivons la main posée sur la roche des collines, sur la pierre des remparts, sur la roue du charriot, sur l'écorce du frêne, sur le métal de l'épée, sur la carcasse encore chaude du gibier, sur le givre qui recouvre les armures, sur l'épaule meurtrie de nos frères, car nous ne voulons pas être coupés du vrai monde. Nous ne prions pas : nous ressentons.
Nous respectons autant la vermine qui grouille que l'animal le plus noble, car les Dieux ont leurs raisons, et Bulforoch en est un.
Nous respectons la colère et la haine, mais elles nous sont aussi étrangères que la pitié et l'envie.
Nous respectons les débordements de l'âme pour ce qu'ils sont, c'est à dire des manifestations de la vie, mais nous n'y voyons que vaine agitation.
Notre instinct de survie nous commande de combattre la mort.
Notre philosophie nous dicte de l'accepter pour ce qu'elle est, c'est à dire une fin INÉLUCTABLE.
Nous ne voyons dans l'Ordre qu'une tentative absurde de raisonner l'irraisonnable, d'égaler les Dieux dans leur tâche sans équivalent pour nous autres mortels. Et nul n'est immortel, sinon les Dieux qui ont créé le temps.
Nous acceptons le Chaos comme principe fondamental de la Vie. La notion d'ordre est à l'Univers ce qu'un caillou est à la Montagne : une copie pathétique.
L'ordre n'a pas sa place sur Lorndor. L'ordre n'engendre que le désordre, le désordre est l'échec de l'ordre, un glissement vers le Rien. Le Chaos, au contraire, est Tout. Le Chaos est un équilibre absolu. Le Chaos est sombre par nature car la nuit domine dans l'Univers et la lumière elle-même se nourrit du Chaos. Les serviteurs de la lumière ne servent qu'un paravent qui cache les ténèbres éternelles.