14. Cogne Dur
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Je me sentais d'un seul coup bien jeune, avec ma petite escapade de chez mes parents, alors que les larmes montaient à mes yeux (saleté de génétique), mon regard tomba sur mon sac et je lui demandai d'une voix timide, s'il connaissait la légende de Laith. Il connaissait la légende, et elle différait de celle de mon oncle d'un détail curieux. Selon lui Laith était un nain. Lorsqu'il décrivit le casque de légende, il décrivait celui qui était dans mon sac. Il en connaissait tous les détails, même ceux que je n'avais découvert qu'à la lueur de la lune se reflétant dans un miroir (J'ai toujours été très imaginative ).
Je lui dit alors de regarder dans mon sac. Il pâlit, rougit puis se leva rapidement et me demanda de le suivre. Nous quitâmes la taverne, sous le regard suspicieux des autres consommateurs.
Il me raconta, que le casque original avait été rendu à la terre, jeté aux plus profondes de ses entrailles depuis un temple placé sur un volcan; selon lui, celui de mon sac n'était qu'une copie, sans doute très bien faite d'après les récits légendaires, mais que de nombreuses personnes pouvaient égorger sans trembler mère et soeurs pour mettre la main dessus. J'allai lui poser d'autres questions lorsqu'il m'attira brusquement derrière un pilier. Son visage était à nouveau aussi dur que dans la caverne. Il me demanda en chuchotant si j'entendais quelque chose arriver. Je fermis les yeux rapidement, des souvenirs de jeux d'enfants me revenait en tête, je répondis à voix basse rapidement, un grand troll jeune portant une charge lourde et un vieux tauren. Je souriais de plaisir, certaine d'avoir reconnu les deux personnes derrière nous, lorsqu'elles s'arrêtèrent et devinrent presqu'aussi silencieuse que le vent. Je rouvris les yeux inquiète, Tête Benquoui, avait une main sur sa pioche, ses épaules avaient doublées de volume, il paraissait un géant enfermé dans son petit corps. D'un regard bref et autoritaire, il renoua toute notre complicité d'antant. Je lui indiquais tremblotante, qu'ils se trouvaient derrière le coin de la ruelle que nous venions de quitter. Je sortis dans un murmure la dague, que je cachais sous ma jupe. Il sourit, posa sa main sur la mienne et d'une pression ferme me fit baisser la main. Le troll s'avança alors, cachant maladroitement derrière son dos, le gourdin le plus gros et le plus grand que je n'ai jamais vu. Son sourire niais, découvrait un cadavre de mouche coincé entre deux de ses dents. Le tauren jusqu'alors camouflé se découvrit, deux longs couteaux de lancer dans les mains (pour être précise, un dans chaque main). Il meugla alors doucement, "La jeune demoiselle va nous donner gentillement son sac", puis en fixant mon ami, il ajouta "n'est ce pas demi-portion". Le troll s'avança vers moi, une main tendue vers mon sac, l'autre en l'air brandissant son arme énorme. Je ne bougeais pas terrifiée, ma dague pendante inutile et grotesque au bout de mon bras sans vie.
Le troll regardait de son air stupide, se demandant sans doute s'il devait taper le sac et me prendre ou l'inverse. J'entendis alors le bruit caractéristique du métal fendant l'air une fois, deux fois, le choc du métal contre le métal, un cri bovin, puis le silence désagréable qui remplit toujours l'athmosphère de ce que l'on ignore. Le troll, n'avait entendu que les deux derniers bruits, mais la perplexité qui lui envahissait le visage, laissait penser que la nature l'avait généreusement pourvu en cervelle pour un troll. Sans me quitter des yeux, il se retourna, me laissant découvrir Cogne Dur accroché avec sa pioche aux cornes du vieux Tauren, les deux coutelas dans son autre main se promenant devant les yeux fatigués de l'agresseur. Le troll baissa son gourdin, et s'assit l'air soumis. Le nain se décrocha, habilement, piqua légérement la cuisse du cornu et leur demanda de filer. Ils se contentèrent de disparaitre de quelques pas dans la ruelle voisine. J'allais le lui indiquer, mais il hocha la tête et me dit "Filons avant qu'il ne soit trop tard". Je le suivis docile et inquiète.
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