Forum Heroes' Chronicles

- Et encore, si tu savais ce que je rêve de faire avec toi, mon Noldorounet...

Bien campé sur ses deux pieds - le diable de drow ne semblait finalement pas trop se ressentir du débordement d'affection familial qui lui avait jailli en pleine figure -, Seyd tira un bout de langue pointu vers Glorfindel tout en faisant mine de s'éventer ("Fais chaud rien que d'y penser !").

Se concentrant pour faire comme si ce satané elfe blondasse n'existait finalement pas, le voleur se mit à faire le tour de la pièce.
Pas grand chose n'échappait à son oeil expert et, plus d'une (douzaine) de fois, il leva une main vers tel ou tel objet... avant de se rendre compte qu'il y avait un certain nombre de paires d'yeux qui surveillaient ses faits et gestes.
Alors, l'air de rien, le brigand achevait son mouvement en se grattant la tête ou en chassant une mouche imaginaire.
C'était plus un réflexe qu'autre chose puisqu'il n'y avait plus grand monde dans la salle qui puisse encore se laisser attraper par ses airs innocents...

Le tour fut vite bouclé et Seyd vint s'appuyer au dossier du fauteuil occupé par sa sœur avec une belle témérité au vu de l'expression peu amène qu'affichait toujours la belle.

- J'ai une question !

Levant le doigt comme un apprenti bien élevé, il poursuivit sans prendre garde au grincement lourd de menace qui monta inexplicablement des entrailles du vénérable fauteuil.

- Vous êtes tous en train de vous entraîner pour le concours de la plus belle gueule d'enterrement ? Quelle ineffable joie de vivre émane de cette mignonne petite assemblée ! J'en suis tout ému, là. Je verse une petite larme de solidarité ou je ressors pour vous laisser méditer quelques mois supplémentaires ?

Glorfindel ne put s'empêcher de grommeler quelque chose comme "yménerrrrvlebeauf", et se mit à imaginer avec délectation les incidents qui pourraient encore arriver dans cette tour. Après tout, ils n'en étaient pas encore sortis, et il était juste que Seyd profite de sa part de réjouissances...

- On ne fait pas la tête, rassure-toi, je crois qu'on est tous en train de penser la même chose: est-ce qu'on te dégage d'ici à coups de bottes dans le fondement, ou bien est-ce qu'on attend d'être en haut de la tour pour te faire découvrir les joies du saut en profondeur?

Il ignora totalement l'énième grimace de Seyd.

- En attendant, tu pourras toujours servir d'éclaireur... Môssieur j'ait-tout-vu pourra avoir un aperçu de ce qu'on a croisé plus bas, non, qu'en pensez-vous?

Cette dernière remarque, adressée à toute la compagnie, ne rencontra pas l'écho espéré. À vrai dire, elle ne rencontra aucun écho, rien du tout, rien qu'un silence assez pensant.

- Eeehooo...!

Glorfndel s'approcha de Thanos, agita une main devant son visage... sans résultat. Après une légère hésitation, il lui envoya un léger coup de pied dans la jambe, sans plus de succès.

- Bon...

Un second coup de pied, moins retenu, et en plein genou cette fois-ci, n'eut pas le moindre effet.

- Ma parole, c'est qu'il a raison le beauf', ils pioncent!

Thanos, bien que complètement épuisé, était loin d'être en train de dormir. Le 2gnie nommé Bès était en train de communiquer avec lui, lui présentant les innombrables possibilités que son pouvoir donnait à l'aménagement de la tour.

Le Prince choisi de ne rien changer à ce qui était déjà, ou plutôt de revenir à l'état originel des choses. A un point prêt : il manquait une chambre au couple d'ailés, et Bès arrangea ça magnifiquement... Ce qui fit apparaître un escalier qui descendit du plafond, se dépliant comme un jeu de carte manié par un tricheur professionnel.

Réalisant après coup que Glorfindel était en train de lui taper dans le genou, Thanos lacha :

- Heureusement que tu porte de solides bottes par dessus tes collants, sinon tes orteils seraient dans un drôle d'état après avoir rencontré mon armure.

Apercevant un nouveau venu -qu'il n'avait qu'entraperçu auparavant-, il décida de s'en désintéresser et, sa main enserrant celle d'Elyra, emprunta l'escalier.

Ils arrivèrent dans l'ultime pièce de la tour, que Bès venait de créer expressément pour eux : au dessus d'eux, d'une coupole posée sur de magnifiques piliers pendaient des tentures à la fois légères et singulièrement douces. Derrière les pseudo-murs ainsi créés, le vide. A leurs pieds s'étendait le lac, miroir dans lequel se reflétait l'éclat sanglant du soleil couchant, ainsi transformé en un joyaux étincelant serti dans un paysage magnifique.

La température, artificiellement élevée, était bien plus agréable que ce que les rafales de vent et l'altitude auraient normalement fourni comme condition.

S'arrachant à la contemplation du paysage, de leur domaine si chèrement acquis et conquis à l'aide de leurs amis, le Prince se tourna vers Elyra, la prit dans ses bras, et l'embrassa comme rarement il l'avait embrassé.


***Enfin, chez nous...***

Le couple étant monté dans leur chambre, le Génie apparut devant Glorfindel.

- L'ascension est terminée, cher Noldor. Cette tour est vôtre, je vous l'ai dit ! Enfin....

Se dandinant comme pour une farandole, les cuillères d'argents et autres contenus suspects glissés dans les poches de Seyd se mirent à léviter, s'échappant vers la salle à manger où était leur place.

- Presque. Hmm...

Se perchant sur le dossier d'un fauteuil, le lutin se gratta le menton tout en observant la salle maintenant rangée. Enfin, si le nouveau venu parvenait à garder ses mains baladeuses en place.

- Cette pièce va être transformée pour les besoins des maîtres, donc je vais devoir vous demander de redescendre. Tout est rangé, en bas, et vous avez tout ce qu'il vous faut : chambre, salle d'eau, jardin, salle à manger, salon... Selon vos envies. Ha, et n'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Tandis qu'il disait cela sur un ton tout à fait serviable, les murs furent prit d'un frémissement, communiquant un léger tremblement à toutes les étagères et meubles recouvrant les murs... L'ambiance créée était particulièrement oppressante, comme si murs et meubles, après être restés des siècles en place, étaient soudain pris de bougeotte, et mourraient d'envie de sautiller pour se replacer dans une configuration apte à plaire au nouveaux maîtres.

Bès et tous leurs amis et compagnons s'affairaient plus bas, installés comme des princes. Après une tension affreuse durant ces derniers moments, Elyra put enfin se laisser aller. Tout était terminé. Il n'y avait plus aucun danger. Et Thanos était là, tout près. Ils avaient un endroit où vivre ensemble pour l'éternité.

*Bon, surement pas l'éternité mais alors très très longtemps...*

L'elfe de lumière soupira d'aise et sa fatigue disparut. Elle passa tendrement sa main sur le visage et s'attarda dans la nuque de son époux. Plantant son regard dans le sien elle lui murmura :

- Maintenant tu m'ôtes cette armure que je ne veux plus voir dans cette pièce. Il en va de même pour ton épée. Tu demandes à Bès de nous faire monter un bain...

A peine eut elle prononcé ces mots qu'un baquet fumant aux senteurs délicates apparut.

- merci Bès! lança-t-elle.

Reculant d'un pas elle tira sur un ruban de sa tunique et tout le tissu se retrouve à terre la laissant vêtue de sa seule chevelure et de son lumineux sourire.

- Tu me fais un massage comme tu sais si bien les faire et une fois bien détendus et propres... on pourrait peupler la tour? je ne veux pas d'une grande maison vide tu sais...

Sans qu'elle y fasse vraiment attention, sa main vint s'attarder sur son ventre plat... pour le moment!