Au revoir
« Dit maman, où qu'il est papa ? » Triste phrase que celle ci, plus triste encore lorsque la posent les orphelins qui, de part le monde, recherchent leurs parents. Sa mère n'aura pas de réponse à lui fournir, mais le monde continue de tourner. Qui sais, un jour, peut-être trouvera t-il plus qu'une réponse ?
« Incantatum Bras ! » Quelques étincelles saluèrent l'incantation du dieu du feu, et puis plus rien. Elles tombèrent sur le sol humide de la chambrée de Danthorïn.
Voilà trois jours que Danthorïn se trouvait logé et nourri au sein de la forteresse Impériale. Les paladins et eux étaient installés, désormais, au sud des terres elfiques... Enfin les paladin y avaient été installés... Toujours est-il que la horde s'était regroupée aux bas de leur murs pour les chasser de ces lieux et, tant qu'à faire, se faire un peu de gigots d'elfes. Danthorïn, comme tant d'autres, avait naturellement rejoint la bataille, rejoint le groupement de l'Alliance pour défendre les leurs. Il combattait et ses flammes éclairaient son camp, encourageait les plus faibles et aidait les plus forts, ses flammes avaient, finalement, toujours fait sa fierté.
Aussi loin qu'il se souvienne, le prêtre de Balgrim Danthorïn avait toujours eu le feu comme ami. Il était toujours là, prêt de lui. Ses parents pouvaient partir, lui restait. Lorsqu'il se retrouva perdu sur les routes, les flammes le guidèrent sur la voie de la survie, puis de la vie. Les flammes finirent pas lui permettre d'aider ses amis aussi bien que des sorts de soins. Le feu répondait toujours à son appel.
Mais voilà, cette période était révolue. Le feu, les flammes et la chaleur, il ne les sentait plus que dans l'âtre de la cheminé, et non en lui. Même des invocations orales, les bases apprise par les étudiants en magie, même ces invocations ne lui permettaient plus de former une flamme acceptable. Pis que l'absence de l'esprit du feu, c'était sa mana qui le gênait : elle semblait s'évaporer lorsqu'il cherchait à l'utiliser. Ce matin là il avait tenté de lancer un soin mineur sur un guerrier elfe, blessé et au sol. Un soin demandant une énergie mentale des plus réduites, mais le sort n'avait pas voulu venir et il avait du rejoindre sa tour au plus vite, dans l'espoir que l'on ne le verrait dans un tel état de faiblesse. Que penseraient les jeunes combattants du clans s'ils voyaient l'un de leurs héros ainsi affaibli ? Sans doutes leur motivation en prendrait un coup...
Danthorïn avait passé le reste de la journée à consulter les bibliothèques, heureusement riches, des impériaux. Convaincu d'abord d'être atteint par un mal touchant les sources de magie, il avait finit la journée perdu dans des livres de cultes. Certains mages légendaires avaient selon les écrits anciens, pour avoir osé défier les dieux, vus leurs pouvoir supérieurs leur être retirés. Ces derniers avaient finis comme le commun des mortels, généralement de façon pour le moins minable, mendiants sur les grands chemin.
A n'en pas douter, le nain connaissait le mal qui le touchait, le mal des dieux, le mal divin. Il avait de lui même proféré des paroles impies, des paroles hérétiques sinon blasphématoires. Il avait dit qu'il défierait le choix des dieux. Il avait réussi. Voilà quelques années qu'il était revenu du nord, des neiges des pics Daimonïn où il avait vus le sage, plusieurs années qu'il luttait sans céder ni à l'appel du chaos ni à devenir un simple et anonyme soigneur, il avait abandonné le destin qui aurait du le prendre. Alors, quoi de plus normal que dès lors, voyant leur œuvre échouer, les dieux aient décidé de lui retirer les pouvoirs qui étaient censés apporter une force aux ténèbres ?
En étudiant les mémoires de l'un de ces fameux mages du passé, privé de ses pouvoirs, l'un des seuls qui ait encore laissé des écrits après sa chute, Danthorïn découvrit les conditions de ce qui l'attendait. En lui retirant ses pouvoirs « magiques », les dieux lui rendaient la nature même de sa race, la nature originelle : ils faisaient de lui un vrai nain. Il perdait tout usage de la magie, devenant moins puissant en la matière que les guerrier du Lorndor eux même, qui possèdent tous de la mana en eux, même si en moindre quantité. En contre partie, le mage recouvre peut à peut la force physique dont il était dénué de part l'afflux de force mentale en lui, il deviens plus solide et apte à survivre mais sans doutes 'était-ce qu'une vilenie de la part des dieux ? Pourquoi ? Mais c'est évident, en renforçant le corps du supplicié les dieux lui permettaient aussi de survivre quand, en le laissant simplement sans son énergie magique, ils le condamnaient simplement à mort. La survie, sans la force qui avait permis de vivre jusqu'à cet instant, voilà la plus terrible des punitions.
Le prêtre de Balgrim passait une nuit agitée ce soir là, évidement. Le lendemain il s'embarquait incognitos dans un chariot tracté par des bovins, non Taurens, à destination du nord. Danthorïn était au plus bas de sa force, sa mana semblait avoir complètement disparu et ses muscles, même s'il ressentait bien, déjà, quelques changements, restaient ceux qui l'avaient toujours porté jusque là.
A la vitesse du convois de marchands il fallut bien quatre jours pour qu'il regagne les terres naines, soit deux de plus qu'à dos de griffon. Mais il n'aurait pas supporté un voyage sur Fire-Griffin dans son état, d'autant que sans sa mana de flamme il n'était pas sûr de pouvoir encore monter son griffon à crinière enflammée. Fire-Griffin le suivait, bien évidement. Il le voyait souvent dans le ciel, lorsqu'il se risquait à un regard du dessous du tas de pailles où il se cachait en journée. Pour se nourrir il lui fallut évidement sortir de nuit de sa cachette et voler quelques vivres, mais pour apaiser sa conscience il se promis bien de dédommager les marchands une fois chez lui. Il ne le fit jamais, néanmoins, puisque ces derniers se détournèrent de la route du royaume nain pour aller chez les gnomes, et qu'il dû sauter au plus vite au bas du convois.
La bonne surprise fut que, pendant ces quatre jours, ses jambes avaient déjà prit des forces et qu'il pouvait désormais marcher à l'aide, juste, de son bâton. Il rejoint donc vite le royaume nain puis le palais des NAINS, à son arrivée les gardes le crurent, à son aspect, blessé de guerre et le firent immédiatement conduire dans ses appartement. Rien n'aurait pu mieux lui convenir. Ses camarades n'étaient pas encore rentrés, soit la guerre continuait dans le sud, soit elle venait de se finir. Aucun griffon postaux n'avait donné de nouvelles ces derniers jours, du moins à ce sujet, mais cela aussi, cela l'arrangeais.
Danthorïn savait déjà ce qu'il allait faire. Il avait besoin de force et c'est pourquoi il se donnait quelques jours pour reprendre des forces. De fait trois jours passèrent et ses amis n'étaient toujours pas de retour. Des nouvelles étaient néanmoins arrivées, le matin même, pour annoncer la fuite de l'ennemi et le retour, dans les deux jours, des héros. Héros surpris d'apprendre, d'ailleurs, que Danthorïn se trouvait alors au palais, mais Danthorïn se refusa à envoyer une réponse pour leur en expliquer les raisons et, au contraire, hâta ses préparatifs.
Le soir même, ses bagages étaient prêts. Le strict nécessaire pour la survie : quelques capes de voyage et braies de rechanges, quelques bougies, un coutelas, une hachette fraichement forgée et pour le reste de la place dans le sac il amassa des vivres en quantité, dans le dos des cuisiniers... Sans doutes la tâche la plus ardue. Il y ajouta aussi la fiole d'Hypocras que lui avait jadis donné Amonli, bien qu'il doutes de jamais l'ouvrir, et la médaille de l'amitié qu'il avait de Helmut. Son frère d'arme possédait sa jumelle, là où il se trouvait en Lorndor à cette heure. Danthorïn laissait son bâton dans sa chambre, bâton dont il n'avait plus besoin pour se déplacer maintenant. Il choisit aussi de partir avec une maille de bronze sans armoiries, plutôt que sa vieille maille légère de mage, frappée aux armoiries NAINeS.
Mais avant tout départ, il avait encore une tâche à accomplir. Le prêtre se dirigea vers le sous-sol, vers une porte usée. Cette porte donnait sur la chapelle de Balgrim, que Logibics avait laissé verrouillée à son vieux départ et dont Danthorïn avait été l'un des rares visiteurs depuis. Elle était ouverte, entrouverte en fait, et cela n'étonna pas le prêtre. Il avait, depuis quelques temps appris à maitriser l'un de ses liens avec Balgrim. Il s'agissait du secret de son son œil aveugle qui lui permettait en fait d'observer tous les nains qui priait Balgrim partout où, en Lorndor, se trouvait une des anciennes statues sacrée du dieu. Si seulement cinq statues avaient évité, au court des ans, les mises à sacs des lieux de cultes, il y avait l'une d'elles dans cette petite chapelle. C'était Logibics qui l'y avait placé, Balgrim lui même sait comment compte tenus de poids de la dite statue. Et Danthorïn avait, quelques jours avant le départ pour la guerre, put voir un spectacle étonnant. Ce n'était rien de moins que son disciple, Glokar, qui avait pénétré dans la chapelle et s'était agenouillé devant la statue sacrée. Glokar qui avait ouvert son cœur à Balgrim comme peu de nains le faisaient encore, en ce jour du Lorndor où les peuples se détournent des religions sacrées et s'inventent de nouveaux dieux.
Le prêtre approcha de la statue et déposa la cape rouge de Balgrim aux pieds de la statue. Un manuscrit apparu alors tandis que la cape disparaissait, un vieux manuscrit plein de poussière qu'il ouvrit tranquillement, nullement gêné par son apparition du néant. A sa dernière page se trouvait, au milieu de runes indéchiffrables, une signature. La sienne, écrite il y avait de cela plusieurs années maintenant, le lien de prêtre sacré. Tranquillement, Danthorïn saisie une plume, sortie de sa poche tout comme l'encrier où il la trempa. Et il rédigea, de son écriture fine et précise. Quelques instants plus tard une lourde douleur lui prit le visage, son œil gauche semblait le brûler comme mille feu et il s'écroula. Quelques heures s'écoulèrent et c'est au seuil du nouveau jour que Danthorïn reprit conscience. Il était éveillé mais le prêtre, lui, était perdu à jamais. Son œil gauche était toujours vide mais avait reprit sa couleur brune, sa barbe complètement blanche la veille avait retrouvé quelques reflets roux. Quelques reflets seulement, l'âge avait fait son œuvre depuis qu'il avait reçus le fameux coup de foudre. Balgrim lui avait tout de même rendus sa liberté.
Lorsque Danthorïn porta un dernier regard sur le manuscrit divin, avant de la refermer pour qu'il disparaisse à nouveau, il regarda avec une certaine tendresse le nom qu'il avait écrit lui même « Glokar » apparaissait nettement au milieu du nouveau paragraphe, juste après le nom de « Danthorïn ».
« Balgrim te connais mon jeune ami, Balgrim t'a marqué à présent et il ne reste plus qu'à toi de faire la route qui te mènera à lui. Un jour tu trouvera le chemin et sera, pour de bon, mon héritier. Puisse tu guider notre peuple sur la voie de Balgrim comme je me suis efforcé de le faire, pendant les quelques années où j'aurais porté sa marque. »
C'est sur ces quelques mots que le nain leva un dernier regard sur la statue du dieu guerrier, avant de se retourner vers les couloirs déserts du palais NAINS.
Il reprit le chemin de sa chambrée, encore un peu étourdi mais sa volonté de fer rétablie. Quelques minutes plus tard c'est son lourd sac sur le dos qu'il rejoignait l'écurie. Fire-Griffin leva son bec à la vue de son maître, celui-ci lui caressa ailes et crâne là où il savait que le griffon l'appréciait. Il ne retira pas même sa main lors que le feu de celui-ci le brûlait.
« Il est venu le temps des adieux, plus fidèle de mes compagnons. Nous ne devons plus nous revoir dans cette vie, j'en ais peur, mais je te promet de te monter à nouveau si Balgrim veux bien que nous nous retrouvions par delà la mort. »
Quelques larmes larme finissait de s'écouler le long de sa barbe lorsqu'il sortit de l'écurie, et son ami poussa un cri comme seuls les griffons peuvent en pousser, l'un de ces cris que les mots ne sauraient décrire. L'un de ces cris qui touchent directement au cœur.
Puis Danthorïn ne se retourna plus que pour faire face à toute la bâtisse des NAINS. Elle se tenait face à lui, entièrement offerte à sa vue de la colline où il se trouvait, en chemin vers le royaume nain.
« Bobo le Boss, Boubou, Bogardo, Borador, Bouletdu78, Boulette, Burlok, Cosmocoq, Dica, Dwork, Evadakedavra, Ficelle, Galraugh, Ginko, Glokar, Helmut, Hettar, Isatis, Kartanain, Kazad, Kesh la Grande, Kharuna, Kiloubye, Logibics, Malvoort, Marneus, Martoc, Master, Morgrim, Mulosore, Ninrok, Olriik, Raybak, Redmago, Ribère, Sandmaster, SuperMeul, Terreur, Tetedefer, Titi, Trosken, Vivi92strr, Vilemain, Vorondil, Yoalva et Yuri, vous et tous les autres NAINS qui sont ou ont été ma famille, je vous remercie pour le temps que j'ai passé avec vous. Énumérer tous les autres amis que j'ai dispersé à travers le Lorndor serait trop long, les visiter plus encore et je n'en aurait pas le cœur. Pas plus que je n'ai celui d'attendre votre retour pour vous voir une dernière fois. Mieux vaux que vous gardiez en mémoire le mage incandescent que je fut, le prêtre et l'acharné.
Je ne saurait non plus faire de discours, dont le vent serait seul témoin, j'ai aimé festoyer en votre compagnie. Apprécié tout autant le combat, la victoire comme la défaite à vos côtés m'étaient agréables. Peu importe où vous vous trouvez aujourd'hui et où vous serez demain, vous êtes mes amis et mes frères. Adieu. »
Danthorïn
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