Forum Heroes' Chronicles

Dorannor rit bruyament lorsque Mme le Chat tomba au sol.

" Tu comptes faire payer quelqu'un pour que tu puisses te décrasser? De toutes façons, avec ou sans saleté, tu es trop beau parleur pour séduire une dame qui a plus de QI qu'une huitre fermée. "

Dorannor fit une petite pause et reprit

"Il se fait tard, je crois que je vais rejoindre ma chambre. A demain matin (ou pas.)"

Seyd se fendit d'une révérence aussi profonde qu'ironique.

- Mes connaissances en ostréiculture ne sont peut-être point aussi étendues que les vôtres, néanmoins il me semble que l'état fermé ou ouvert des huîtres n'influe guère sur leur intelligence... à moins que l'intelligence en question leur soit si peut accrochée qu'un simple courant d'air suffise à la faire s'envoler... Mes hommages, belle dame. Et fermez bien vos portes et fenêtres...

Sur ce conseil à double sens dont le sens véritable ne faisait guère de doute, le drow laissa Dorannor gagner sa chambre et se pencha vers Saarielle, l'air sincèrement penaud.

- Désolé pour la... chute.

Il jeta un coup d'oeil sur la manche droite de sa chemise qui avait été littéralement découpée en lanières quand Saarielle avait tenté de s'y raccrocher, toutes griffes dehors. L'avant-bras qui était à l'origine à l'intérieur de feue la manche était lui aussi strié comme un frelon, sauf que les rayures se trouvaient dans le sens de la longueur.

- Misère, je vais encore devoir cambrioler un tailleur pour me retrouver une chemise, on dirait. Bon, j'espère que celui du village voisin n'a pas acheté de gnolls de garde depuis la dernière fois que je lui ai passé le bonjour.

Seyd ramassa une Saarielle ébouriffée et particulièrement poussiéreuse, eu égard à l'état du plancher.

- Et maintenant ce n'est plus moi qui aurait le plus besoin d'un bain, pas vrai ?

Saarielle, surprise, suivant son instinct félin, se rattrapa avec ce qu’elle avait sous « la main », avant de se retrouver à terre, son pelage noir maintenant couvert de poussière.

- Miaou ! fit-elle dépiter

Puis Seyd la prit dans ses bras



* C’est vrai lui dit-elle par télépathie Je suis navrée de t’avoir « lacérée » mais la peur donne certains réflexes… Quant à ta chemise, je pourrais peut –être te la raccommoder… Après avoir profiter d’un bain… Il paraît que je fais de très bons massages… *

La féline sauta souplement sur les épaules du drow.

- Un massage ? Avec ou sans les griffes ?

Seyd pouffa de rire tout en s'éloignant du comptoir, Saarielle perchée sur l'épaule.
Tandis qu'il montait les marches de l'escalier, ses pensées folâtres se fixèrent sur une petite ambiguïté de la situation.

"C'est vrai, ça... Elle n'a pas précisé si elle voulait le prendre ou pas, ce bain..."

Et, le drow étant ce qu'il était, une idée à sa façon lui germa dans la tête :
"Hmm... je me demande si on tiendrait à deux dedans..."

Les clients installés dans la grande salle entendirent alors un grand bruit en provenance des escaliers et une série de chocs qui ébranlèrent l'auberge depuis les trous à rats de la cave jusqu'à la pointe de la girouette -laquelle, bloquée par la rouille depuis des années, décida brusquement d'indiquer à nouveau la direction du vent.

- Aïe, aïe, aïe... Je... j'ai dû louper une marche... un petit moment d'inattention... Toujours en un seul morceau, Saarielle ?
- Miaou !
- Oui, tu as bien fait de sauter par terre, oui...

Avec un "grumble !" bien senti, l'aubergiste ajouta la liste des bouteilles qui avaient chu des étagères sur l'ardoise de Seyd.
Quelque part au-dessus de son occiput, à l'étage supérieur, le voleur parvint enfin devant la chambre à l'origine réservée par sa demi-soeur. Si on se fiait aux vapeurs tièdes qui filtraient à travers la porte, le fameux bain était déjà prêt.

- Bon...

Le jeune filou parut prit d'une subite hésitation.
A moins d'un des ses os mis à mal par sa figure acrobatique imprévue dans les escaliers n'ait émis un craquement désapprobateur...
Toujours est-il que Seyd resta la main posée sur la poignée sans se décider à ouvrir.

- ... heu...

Il déglutit et glissa un coup d'oeil en coin à Saarielle qui lui chatouillait l'oreille droite de sa queue soyeuse.

- ... donc ça ne te dérange pas de rentrer avec moi, là ?

Saarielle allait pouffer de rire au moment de la chute, elle se réceptionna avec souplesse, après tout, normalement, les chats retombent toujours sur leurs pattes. Puis Seyd la remis sur ses épaules.



Si elle ne savait pas se contenir, elle se serait mis à rire, mais étant sous sa forme préférée, on ne pouvait voir ses expressions et surtout le sourire qui aurait dû s’afficher sur son visage.

* Si cela me dérangeait crois-tu que je serais ici sur tes épaules ? Et puis, je t’ai proposé mes services dont tu auras encore plus besoin maintenant *

La féline vint frotter son museau contre la joue du drow

* Et puis, je suis sure que nous tiendrons à deux *

- "Tenir à d..." ?? Hey, comment as tu deviné que... Allons bon, il va falloir que j'apprenne à penser moins fort, sous peine de faire fuir les fem... heu, de devenir prévisible.

Seyd toussota, le temps de reprendre contenance.

- Et puis tu dis ça parce que tu comptes rester sous cette forme, ou bien...

Le drow se décida enfin à passer le seuil, parce qu'à force de tousser pour donner le change, il allait surtout donner l'impression d'avoir attrapé un rhume.
Il referma la porte d'une nonchalante poussée du talon, avant de rester en arrêt devant l'échantillon de lingerie particulièrement suggestif qui était suspendu à la poignée côté intérieur.
"Frangine, nom de nom, quand est-ce que tu apprendras à ranger tes affaires ?"

L'air de rien, il s'empara subrepticement de l'objet du litige et le fourra tout aussi subrepticement dans une potiche vide posée sur une commode.
"Des sous-vêtements qui traînent jusque sur les poignées de porte, ça fait suspect d'entrée..."

S'étant assuré qu'aucun autre bout de tissu sujet à caution n'avait été laissé trop en évidence, Seyd posa Saarielle sur le coussin du fauteuil près de la fenêtre.

- Pardon pour le... hum... désordre.

Il promena un regard exaspéré sur ledit "désordre". D'autres vocables plus croustillants lui avaient chatouillé le bout de la langue à la vue d'une botte restée accrochée à un des chandeliers, mais il s'empressa de les ravaler. Non, "désordre", c'était très bien.

Avec un soupir résigné, il tira sur le lacet qui fermait sa chemise et entreprit de se débarrasser du vêtement avec une ou deux grimaces contenues qui lui firent noter mentalement de ne plus laisser son imagination battre la campagne dans des escaliers, au bord d'une falaise, ou dans tout autre endroit éminemment périlleux.

*craaac*

- Craaac ?

La chemise juste à demi enlevée, Seyd s'immobilisa tout net. Il vérifia d'un prudent coup d'oeil qu'il n'était pas en train d'écraser quelque chose par terre.
Ce n'était pas le cas.

- Oho... Saarielle... si jamais tu te demandais qui, d'une marche d'escalier ou d'une clavicule est la plus solide, je crois que j'ai la réponse...

Dés qu’ils passèrent la porte, Saarielle devina que c’était une chambre de fille. Confirmée par la pensée de Seyd.

Il faudrait qu’elle fasse attention tout de même à fermer son esprit pour éviter de trop entendre ce que peuvent penser les autres. Pourtant, cela été si amusant de voir la tête de l’elfe alors qu’elle lui répétait ce qu’il pensait :



*Hum ! Je ne suis pas sûre que mon coté chat apprécie l’eau…*

Il l’installa sur une chaise et commença à retirer sa chemise et arrêta son geste en plein vol



Elle reprit sa forme humaine, le sourire aux lèvres. La demoiselle se leva et se mit derrière le drow :

- Laisse moi regarder. De toute façon, je doute que tu ais le choix.

Elle passa la main sur l’épaule, à peine pour éveiller la douleur, assez pour voir s’il y avait fracture ou pas

- Tu as de la chance, rien de casser, par contre, avec un geste expert elle remit l’épaule en place, elle était juste déplacer.

Saarielle l’aida à finir d’enlever sa chemise et regarda à nouveau comment était l’épaule

- Bien ! Il faudrait éviter de trop la sollicité pendant deux ou trois jours, sauf bien sur si tu veux ne plus pouvoir te servir de ton bras… Ce qui serait tout de même dommage… Surtout pour un voleur, lui dit-elle murmurant ses derniers mots Et un massage ne serait pas du luxe.

Elle s’éloigna, effleurant du bout des doigts l’épaule du jeune homme, se mit à regarder rapidement par la fenêtre et se retourna pour regarder Seyd, l’œil pétillant et le sourire aux lèvres.

Dorannor avait entendu un gros bruit, et s'était reveillée d'un coup. Elle se leva tout doucement et jeta un oeil discretement dans le couloir. Elle vit alors Seyd et Mme le Chat en train de fleurter dans le couloir. Avec une grimace, elle referma la porte, et chuchotta "Cet elfe, il va s'attirer les foudres de toutes les femmes (ou personnes féminines) du royaume"

Seyd répondit à ce sourire par un sourire d'autant plus large que quelques unes des agrafes qui fermaient le bustier de la belle avaient mystérieusement sauté et que le vêtement bâillait à présent plus qu'il n'aurait dû.

- En somme, il vaudrait mieux que je sois sage, c'est cela ? Dommage...

Le drow leva la chemise qu'il avait encore à la main et en examina les déchirures d'un oeil critique avant de soupirer :
- Elle va être dure à rattraper.

La malheureuse chemise atterrit sur le couvre-lit, puis fut rejointe par une ceinture à boucle ouvragée, une botte de cavalier fila sous la commode, une autre finit sa course sur le dossier du fauteuil, et... bref, toutes les pièces qui constituaient l'habillement masculin roulèrent pêle-mêle un peu partout, trahissant une certaine hérédité familiale en ce qui concernait l'art du Désordre en Chambre.
Un clapotement liquide, et le voleur lâcha un soupir de satisfaction théâtral depuis la baignoire en bois. Il coula un oeil du plus beau vert en direction de Saarielle, point gêné pour deux sous, mais tentateur sans vergogne à cent pour cent... pareil avec ou sans vêtements, en somme.

- L'eau est juste à la bonne température...

Saarielle l’observa tranquillement pendant qu’il se déshabillait, elle leva tout de même un sourcil devant le faite qu’il enleva ses vêtements comme si elle n’était pas là. Pourquoi devrait-elle en être étonnée ?



Elle sourit un peu plus. Bien. La demoiselle décida à son tour de s’effeuiller. Elle s’aperçut par ailleurs que son bustier avait quelque peu craqué. Tant pis, elle fera la même chose que Seyd, après tout elle pouvait avoir une nouvelle garde robe.

Saarielle déposa son bustier, sa jupe et son grelot sur la chaise, tournant le dos à Seyd, lui dévoilant la panthère noire tatouée sur la longueur de son dos. Les yeux dorées du félin donnaient l’impression de fixer la personne qui la regardait.

Elle finit par entrer à son tour dans le bain, derrière le drow, mettant ses jambes le long de celles de l’elfe à la peau sombre, contrastant avec la peau blanche de la demoiselle :

- Tu as raison… Elle est parfaite !

Saarielle posa ses mains sur les épaules de Seyd et commença doucement à le masser, elle fit la nuque, descendit tranquillement le long du dos :

- Au faite, je n’ai jamais dit qu’il fallait rester sage…

- Vraiment ? Me voici rassuré, alors.

Seyd jeta un coup d'oeil vers la porte, se demandant vaguement s'il n'aurait pas mieux fait de la fermer à clef.
Oh, pas parce qu'il craignait d'être dérangé, non, loin de là...
Simplement, si l'hypothétique intrus s'était avéré être de sexe féminin, il n'y aurait pas eu assez de place pour l'accueillir dans la baignoire.
Problème crucial sitôt évoqué, sitôt oublié. Saarielle savait vraiment y faire...

- Tu as des doigts de fée.

Le drow s'empara en douceur d'une des blanches mains qui folâtraient dans son dos et la leva vers ses lèvres. Tranquillement, il déposa un baiser sur chacun des doigts.
Nul besoin d'être devin extralucide pour deviner que ce numéro de charme avait été peaufiné auprès d'un nombre fichtrement élevé de belles colocataires de bain... mais cela n'enlevait rien à son efficacité, loin s'en fallait !

- En cet instant, j'en viens à me demander si...

Il laissa filtrer un soupir en s'adossant un peu plus étroitement à Saarielle -qui formait par ailleurs un dossier des plus confortables.

- ... le paradis ne serait pas une énorme baignoire.

Seyd renversa la tête en arrière sur l'épaule de la demoiselle-chat et lui décocha un sourire gamin qui aurait fait fondre un ogre berserk des montagnes du nord atteint de rage de dent.

- Ca serait bien, non ?

- Disons que j’ai … quelques années d’expérience. Même si cela fait longtemps que je n’ai pas pratiqué.

Saarielle se retint de dire « siècles ». A première vue, personne ne savait ce qu’elle était, à part qu’elle pouvait prendre la forme d’un chat. Alors que la belle se perdait dans ses pensées, Seyd s’emparait d’une de ses mains et y déposait des baisers.



De sa main libre, elle effleura le visage du drow avant de venir poser ses lèvres sur les siennes.
Cela faisait longtemps, des années, peut entre même des siècles. Elle essayait d’ailleurs d’oublier cette faim qui la tenaillait depuis qu’elle était arriver en lorndor. Mais pour le moment, elle appréciait grandement cet instant de contact « humain »

Saarielle se remit en place et regarda le drow avec un sourire charmeur:

- Tu aimes le danger nan ?

- Danger ?

Etonné, Seyd regarda d'un côté et de l'autre, comme si un mari bafoué de deux mètres vingt de haut armé d'une masse de cent-cinquante kilos garantie "anti-drowPlus" ou, pire encore, sa propre demi-soeur avait pu être dissimulée dans un angle de la pièce. A l'idée que Shandra ait pu tout observer, tranquillement installée dans un des fauteuils, le brigand eut l'impression quelque peu désagréable que la baignoire s'était changée en bac à glaçons.
Par bonheur aucun envoyé des enfers ne semblait l'attendre à la sortie du bain pour donner un coup de griffe à sa durée de vie.

Seyd se détourna à-demi et fixa Saarielle d'un air perplexe, non sans se gratter la tête (une de ses admiratrices lui avait dit qu'il était "super trognon" quand il essayait de réfléchir, alors il s'arrangeait autant que faire se peut pour sembler se creuser les méninges dès que l'occasion se présentait).

- Je ne sais pas vraiment si c'est moi qui aime le danger ou si c'est le danger qui m'aime trop, mais.... Pourquoi cette question ?

Saarielle se mit doucement à rire :

- Je dirais que tu attires le danger… Se retrouver seule avec une femme que l’on vient à peine de rencontrer… C’est prendre des risques tout de même

Elle le regardait avec l’œil pétillant, puis la belle l’attira contre elle, évitant tout de même de le mettre contre son cœur, ce cœur qui aimerait bien battre la chamade mais qui ne le pouvait plus depuis longtemps.

- Désolée, si je suis « maladroite », cela fait longtemps que je ne me suis pas retrouver en tête-à-tête avec un homme. J’ai dormi pendant quelques années et à mon réveil je suis venue ici.

Saarielle laissa ses doigts effleurer le corps de Seyd, tout du moins ce qu’elle avait à porter.

- Oh, parce qu'une femme qu'on connait est censée être moins dangereuse ?

Le fripon filou se laissa attirer tout contre la Saarielle avec docilité, ravi d'une telle bonne fortune.

- "Quelques années", hé ? Ce "quelques", c'est pour dire "quelques"...

Le drow rapprocha les mains.

- ... ou pour dire "quelques" ?

S'ensuivit la gestuelle correspondant à la signification profonde de la pensée Seydienne, dans le sens où le voleur écarta les mains autant que possible sans "craaac".

Tout bon linguiste aurait pu traduire cet éminent exercice de communication visuelle par la question suivante : "Par rapport à une durée de vie humaine standard, combien que c'est-y que ça fait d'années exactement ??"

Puis le drow secoua la tête.

- Non, laisse, c'est sans importance. Et puis...

Ses doigts se mêlèrent à ceux de Saarielle.

- Pour une personne "maladroite", je trouve que tu t'en tires plutôt bien.

Nul doute que Seyd soit des plus experts plus juger de l'adresse d'une femme, mais il est probable qu'il eut rassuré de même la plus gauche des donzelles, pour peu qu'elle ait des yeux violets...

Il s'étira, faisant clapoter l'eau contre les parois de bois.

- Le bain est à peine encore tiède, maintenant. Tu as froid ?