---<->--- Mythologie Impériale ---<->---
Dans les profondeurs des ruines effondrées de Caraenor, épargnées par le temps et les flammes de la guerre, sommeillent suspendues et enchâssées dans des lames de verre sous les voûtes silencieuses des catacombes les grandes feuilles gravées d'écritures de sang des Archives Impériales.
Genèse de Lorndor
La Création
Au commencement il y avait tout. Tourbillonnant dans le vide informe de l’éternité, il y avait tous les éléments qui composaient et divisaient l’infini de l’univers. Il y avait la flamme dansant au cœur de la pierre et la vapeur de l’eau sifflant dans l’air furieux entre les ombres et les lumières. Il y avait l’ordre et tout le bien du monde à venir dans la beauté du vide, et aussi grande était la beauté du chaos et du mal grondant dans l’espace déchiré. C’est alors que vint Cerdà pour s’émerveiller des tremblements de la création, le premier d’entre tous les êtres ouvrant son esprit et embrassant à lui seul tout l’univers.
Cerdà sentit la force, il sentit les flots d’énergie s’agitant entre les éléments en guerre. Le Mana était partout, source même de l’existence, berceau de la conscience et père du premier à la porter. Pourtant, ce courant faillit l’emporter et tout l’avenir du monde avec lui. Il était irrésistible, poussant, tirant, déchirant de toutes parts alors que les éléments s’entrechoquaient dans leur danse furieuse. Déjà à l’Aube des Âges, le premier ne fut plus l’unique et dans un cri de douleur déchirante qui se noya dans les fracas muets de la tempête et du vide, il y eut trois êtres.
Jahael fut emporté loin au-dessus du monde. Il s’éleva dans la lumière aveuglante, dans l’ordre serein, la douceur bienfaisante et la danse presque vivante des forces qui régnaient dans l’azur sur la tempête. Ajharak fut noyé profondément dans les abîmes de l’univers. Il s’enfonça dans les ténèbres impénétrables, le chaos hurlant et le mal douloureux des abysses froids et morts de l’enfer sous l’orage. Cerdà, le dernier des trois, brisé mais délivré des courants furieux, ancra de toutes ses forces son esprit au centre de l’univers et résista aux vagues du Mana enragé. Alors les trois consciences joignirent leur peine en une seule voix, et ensemble se dressèrent contre le torrent déchaîné des éléments.
Ils luttèrent pendant des milliers de vies pour sauver leur existence, séparant les éléments, assemblant la matière, la conscience matant la tempête de la création pour en façonner un univers au centre duquel il y avait la terre. Cerdà, Jahael et Ajharak définirent le temps et l’espace, sculptèrent le roc et la terre en vallées profondes et en monts gigantesques. Ils soufflèrent l’air dans le ciel et noyèrent les vallées sous l’eau calme. Enfin, ils cachèrent et étouffèrent le feu au cœur de la terre.
Alors, leur labeur terminé, ils traversèrent le monde pour se rejoindre à nouveau. Ils en furent incapables. Ils avaient changé. Le cœur de Jahael était devenu blanc et dur, un marbre doré bon et généreux. Les pensées d’Ajharak avaient sombré dans la noirceur et la violence, devenues sèches et sans vie. Accablés, ils pleurèrent longtemps, presque aussi longtemps que leur infini travail avait duré. À travers ses larmes, Cerdà observa la terre devant lui et vit que les mains de Jahael et d’Ajharak elles aussi y avaient laissé des marques et des cicatrices différentes, des plaines et des océans doux et chauds, des montagnes et des déserts éclatés et glaciaux.
Les larmes de Cerdà tombèrent pour la terre, tombèrent sur la terre, et pour la première fois le Mana s’y déversa et s’y ébranla. Les courants agitèrent à nouveau ses mers et ses rivières, les nuages se rassemblèrent et grondèrent dans son ciel, le feu rugit dans son ventre et la terre trembla et glissa sous sa colère. Aux côtés de Cerdà, Jahael et Ajharak s’épouvantèrent de la ruine de leurs efforts à contenir les tourments de la naissance du monde. Ce ne fut alors pas un cri de douleur ou des pleurs qui émanèrent des pensées de Cerdà, mais ces paroles déterminées : " Mes frères, nous avons fait cette terre et elle porte les traits de chacun de nous. C’est avec ces parts de nos esprits que nous enchaînerons les éléments une fois pour toutes et pour l’éternité " Ainsi vinrent au monde les Dieux, enfants des trois, facettes de leurs esprits et incarnations de leur volonté de mater la matière hurlante et démontée.
Calaelen vint à la conscience, gardienne de la vie qu’elle emprisonna dans l’herbe des vallées et le cœur de tout ce qui tremble et soupire. Et pour chérir et protéger cette vie qu’elle leur offrit pour toujours, elle fit des Elfes son symbole, les modelant à sa ressemblance et les faisant immortels. Vinrent ensuite ensemble Balgrim et Hëlmor, maîtres de la lumière et des ténèbres. Helmör laissa la nuit libre d’envahir le ciel et cacha l’ombre dans les entrailles de la terre et sous les arbres noirs. Il créa les Trolls pour le servir dans l’obscurité, silencieux et rusés. Balgrim suspendit alors la lumière dans le soleil et les étoiles et la fit surgir des craquements du feu pour percer les voiles de la nuit. Il modela les Nains dans la pierre des montagnes et fit battre le feu dans leurs cœurs, qu’ils apportent la lumière dans les abîmes les plus profonds du monde. Bactic et Parnmourn apparurent alors, défenseur de l’ordre et semeur de chaos. Bactic étudia le monde et grava ses lois dans des tables et des règles. Il enchaîna les éléments les uns aux autres et ordonna leur place dans le monde, créant les Gnomes à l’esprit de rouages pour étudier l’ordre qu’il avait établi. Parnmourn brisa alors ces chaînes et laissa les éléments déferler sur le monde, guidant leurs tempêtes selon sa volonté. Il fit les Taurens immenses et brutaux et c’est le tonnerre de ses orages qui anima leurs âmes. Frowyn apparut alors pour cacher la sagesse, le courage et la bonté dans le cœur des hommes et de tous les autres êtres, suivie par Cragdish qui y planta la jalousie, la peur et la haine et fit des Orcs les enfants de son courroux. Enfin, dernier des Dieux, Malgr s’incarna pour imposer un terme à la création de tous les autres, que la mort emporte leurs enfants et leurs œuvres pour que de nouvelles puissent se lever. Il créa les Morts-Vivants, agents de sa volonté, symboles immuables du destin du monde.
Alors Cerdà, Jahael, Ajharak, les huit Dieux et les premiers de leurs enfants descendirent sur la terre pour y emprisonner les forces du mana pour toujours. Chacun des huit Dieux et leurs créatures en prirent en eux une partie et furent chargés de sa protection puis prirent place autour de Cerdà. " La création du monde est terminée, et la colère dans les cieux est tombée. Maintenant, mes enfants, cette terre vous appartient. " Jahael leva alors les bras et de l’océan fit surgir un continent vaste et clément où allèrent les Elfes, les Nains, les Gnomes et les Hommes. " Voici In’Mil, terre pour mes enfants. Ici vivront les miens, ici règnera ma vie, ma lumière, mon ordre et ma bonté ". Ajharak étendit sa main vers les montagnes et entre elles il creusa une vallée immense et rude où prirent place les Trolls, les Taurens, les Orcs et les Morts-Vivants. " Je crée Karrog Nur, qu’y courent libres la mort et l’ombre, le chaos et le mal, qu’y marchent mes enfants ". Enfin, Cerdà parla à nouveau et fit surgir au-delà des montagnes, sur les rivages de la mer, un pays vert et magnifique où couraient les derniers torrents de la magie. " Pour nous, pères de la terre, je crée un dernier continent. Je crée Lorndor, le Pays des Songes. Dans cette contrée, j’immortalise toute la beauté de notre œuvre et y scelle tout son pouvoir, qu’ici nous puissions nous en émerveiller toujours et à jamais. " Alors les Dieux et leurs pères descendirent les derniers sur la terre, marquant la fin de la Création.
L’Aube des Âges
Les Dieux régnèrent alors sur Lorndor sous le regard de leurs pères, et leurs créations les révérèrent et leur rendirent grâce. Soumis à la volonté de leurs créateurs, les enfants des Dieux se multiplièrent sur la face du monde et édifièrent de vastes royaumes en leurs noms.
En In’Mil s’édifièrent des civilisations complexes et ordonnées, lumineuses de leur sagesse et florissantes de vie. Les Elfes, les Nains, les Gnomes et les Hommes s’allièrent pour triompher de la nature encore sauvage, développant chacun une culture unique à leur race.
Creusant les fondements de roc du monde dans leur quête de découvertes, les Nains amenèrent avec eux le feu de leur créateur jusqu’aux plus profonds abîmes du monde. Leurs vastes galeries couronnées de flammes s’ornèrent du scintillement des richesses innombrables qu’ils en extrayaient vaillamment. Ils bâtirent d’immenses cités souterraines où ils exercèrent leur art. Les Nains devinrent des artisans incomparables dans le travail du métal, fabriquant des objets d’une grande beauté, des outils d’une efficacité inégalée et des armes d’une finesse rare. Combattant les sombres habitants des profondeurs, ils devinrent également de féroces guerriers, hardis à manier la hache et à prendre part aux affrontements.
Dans leurs demeures souterraines, ils furent suivis par les Gnomes, travailleurs aussi habiles que les Nains pour ce qui était des machines et des rouages. Dans les vastes cavernes aménagées par leurs cousins, les Gnomes établirent leurs colonies bourdonnantes du grondement de leurs inventions. Ils en firent des joyaux de technologie compliquée, des constructions qu’ils furent fiers de décrire comme le fleuron et le symbole de l’avancée d’In’Mil. Ils étudièrent dans leurs villes l’ordre de toute l’existence et y appliquèrent leurs découvertes avec ferveur, établissant et faisant respecter les lois de leur père dans tout leur monde connu.
Le peuple des Elfes, quant à lui, s’établit au cœur des forêts vierges et luxuriantes d’In’Mil pour y vivre selon l’enseignement de Calaelen. Parmi les arbres immenses et sans âge, sous la voûte aérienne trouée d’éclats d’azur sur son vert éclatant, ils construirent leurs palais et leurs temples, des centaines de mètres au dessus du sol. Immortels, ils se firent les défenseurs de la vie sous toutes ses formes, gardant jalousement leurs frontières comme leurs secrets, protégeant tous les êtres de leurs terres. Leur talent d’orfèvres égala presque celui des Nains, le surpassant même en grâce et en beauté. Ils furent les premiers à découvrir et à manipuler les énergies du Mana et à prendre contact avec les autres formes de Conscience, les Esprits et les Dieux. Encore aujourd’hui sont peu nombreux ceux dont le talent se compare au leur dans l’art qu’ils baptisèrent Magie.
Enfin, les Hommes voyagèrent en maints endroits de la vaste Contrée de l’Alliance. Peuple nomade, ils s’installèrent dans les plaines et les steppes où ils étendirent leur civilisation. Devenant sédentaires avec l’accroissement de leur savoir, ils édifièrent de vastes royaumes et devinrent la nation la plus puissante et la plus prolifique de leur terre. Ils étudièrent la Magie auprès des Elfes, apprirent les secrets de la pierre et du métal sous la tutelle des Nains et se virent confier la science de Bactic par les Gnomes, l’élève égalant vite le talent des maîtres. Leur culture et celle de tous les peuples se mêlèrent et s’étendirent jusqu’aux confins d’In’Mil, dans l’amitié et le partage.
De l’autre côté du monde, loin derrière l’océan, plus loin encore que les sommets et les cols des montagnes sans noms barrant l’horizon de l’ouest et la lumière du couchant, derrière les pics transperçant les nuages et les défilés infranchissables, s’étendaient au matin les ombres des monts sur l’ancien monde de Karrog Nur, contrée des Trolls, des Taurens, des Orcs et des Morts-Vivants.
Les pyramides et les temples de Kaz’ahn transpercèrent la sombre canopée qui recouvrit l’empire ténébreux des Trolls. Helmor leur accorda leur terre et la puissance de son Ombre, qui régna alors entre les arbres géants et les ruines recouvertes de lierre et de racines se tordant vers les minces filets de lumière évanescente estompée à travers les branches et les vapeurs de la forêt. L’Empereur- Dieu des Trolls, dépositaire du sang et de la sorcellerie du Seigneur des Ombres, règna du cœur de la noire cité de Kaz’ahn sur toutes les conquêtes de son peuple cruel et fanatique.
Là où les arbres centenaires cèdaient aux sables du désert, où l’ombre se dissipait sous le soleil de plomb et les vents déchaînés, le pouvoir des Trolls reculait devant la violence des Orcs nomades qui traversaient les steppes déchirées, massacrant les étrangers comme les leurs. La furie de Cragdish faisait rougeoyer leurs iris, sa colère portée par leurs cris de guerre surpassant les hurlements de la tempête et le fracas des éclairs dans le ciel. Aucun ne contesta leur pouvoir sur le désert et la montagne, où s’éparpillèrent leurs campements et leurs forteresses de pierres, commandées par leurs Chefs de Guerre.
Les puissants Taurens les accompagnèrent et montèrent la garde dans les marches du Nord, là où la tempête se chargait d’éclats de glace et où le vent déchirait la peau. Leur force, guidée par la rage de Parnmourn, brisa le flanc des montagnes où ils s’abritèrent. Entre les rocs éclatés de ce paysage dévasté, guidés par leurs Shamans, ils veillèrent à leur culte et vénèrèrent l’œuvre de leur créateur et la beauté violente de la nature qu’il avait su modeler.
Au-delà des déserts de sable puis de glace, dominant la jungle noire, plongeant les fondations de ses citadelles et de ses temples dans le Grand Abîme où flottaient suspendues les étoiles, dans le silence étouffé de la nuit éternelle qui règnait au bout du monde, s’éleva grave et droite Anglonor, Nécropole des Enfants de Malgr, siège du Nécromancien et damnation de leurs serviteurs innombrables. Le pouvoir des Morts-Vivants sur l’existence fut absolu, et ils courbèrent la frontière entre la vie et la mort selon leur volonté pour régner en maître sur les innombrables serviteurs qu'ils relevèrent des cendres de leurs ennemis.
Ainsi, à l’Aube des Âges, tous les peuples allèrent leur chemin aux noms de leurs créateurs et de leur charge.
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Dernière édition par Raven le Sam 04 Août, 2007 4:23, édité 4 fois au total.
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