Je comprends ce que vous voulez dire, mais je ne partage pas votre point de vue.
En effet, votre vision du Rp consiste à tenter de faire oublier le plateau de théâtre, la scène physique : le jeu d'acteur consiste à tenter de faire oublier la réalité morphologique de celui qui joue et de son environnement pour transporter joueur et spectateurs (lecteurs) dans un imaginaire. Mais ce faisant, vous chercher à exclure toute référence à l'acteur sur son plateau de théâtre.
En somme, pour vous le Rp est imaginaire destiné à voiler la pauvreté des décors et les limitations physique de l'acteur.
Pourquoi pas ? Mais il y a quand même une sacrée différence entre le jeu de rôle, jeu de société dans une chambre d'étudiant et le jeu de rôle basé sur une interface informatique mettant en oeuvre une réalité virtuelle. Le virtuel n'est en fait qu'une concrétisation partielle d'un imaginaire !
Bouquin, réalité virtuelle, film ne sont en fait que des degrés d'accès à l'imaginaire : avec un bouquin la marge de manoeuvre laissée à l'imagination du lecteur est beaucoup plus importante que celle laissée à l'imagination du spectateur pour le film. Le jeu MMORPG se situe entre les deux. Le livre impose le scénario mais pas les images, et on est libre d'imaginer une suite, les à-côtés voire des alternatives. Le film impose scénario et images, mais on est libre d'imaginer une suite, les à-côtés voire des alternatives. Le jeu MMORPG ne contraint que partiellement notre imaginiare en images et on écrit nous-même le scénario même si nous sommes contraints par la technique et le comportement des autres. C'est le seul qui soie interactif, et donc qui nous amène constamment à faire évoluer notre imaginaire tout en lui donnant une substance (réalité virtuelle, à la différence de nos jeux d'enfants et des jeux de société).
Dans le jeu de rôle "jeu de société", la fonction accès à l'imaginaire du Rp est fondamentale. Mais dans le jeu MMORPG il y a déjà un accès à l'imaginaire et par conséquent cette dimension est moins fondamentale. Pire, interdire toute référence aux éléments directs du jeu induit le risque que le Rp dérive en cache-misère. D'ailleurs on le voit bien : certains utilisent le Rp comme paravent, n'hésitant à se vanter d'avoir la plus grosse quand les évènements du jeu leur sont favorables et niant ceux-ci par le biais du Rp quand ils leur sont défavorables.
Pour ma part, je construis un imaginaire s'ancrant sur les éléments balisant notre imaginaire donnés par le jeu : le virtuel est certes un imaginaire contraint, mais c'est quand même de l'imaginaire.
Pour en revenir à la référence au théâtre, je suis plutôt pour un jeu où on voit les coulisses, où on voit l'acteur dans sa réalité morphologique, coulisses et morphologie qui sont embarqués dans le voyage pour l'imaginaire.
Autrement dit, qu'est-ce que c'est un level ? C'est de l'imaginaire ! Le fait que ce soit du virtuel ne doit pas cacher que c'est une abstraction pour satisfaire un imaginaire collectif désireux de héros chaque fois plus forts à mesure qu'ils franchissent des obstacles. Ce qui est pure imagination, car IRL l'acquisition d'expérience n'est pas forcémment linéaire. Qui plus est, IRL un soldat est généralement à son apogée entre 20 et 25 ans, ensuite l'expérience peine à compenser la baisse des performances physiques.
La référence au level, l'emploi de statistiques est référence à du virtuel et donc reste de l'imaginaire. En outre, pour moi c'est une façon de faire facilement passer un message. En effet, si le Rp est un accès à l'imaginaire encore faut-il que cet imaginaire soit collectif, c'est-à-dire partagé !
Tom Galin a écrit:
Aujourd'hui, mes recoupages me permettent d'affirmer que les Etats-Majors de la Horde ont encouragé leurs bataillons à s'attaquer aux hommes les moins entrainés, les plus faibles, afin d'appuyer leur assault par un effet psychologique sur nos hommes qui ont vu leurs effectifs décimés alors qu'en réalité nous ne perdions pas réellement de puissance.
Dans cet exemple il y a référence à un imaginaire collectif beaucoup moins partagé que l'imaginaire collectif auquels renvoient la notion de level ainsi que les chiffres (étant donné que ceux-ci sont accessibles via l'outil stats générales).
Bref, nier les chiffres c'est restreindre le champ de l'imaginaire collectif. Heroe's Reporter avait constitué un réel élargissement de notre imaginaire collectif, notamment avec sa carte qui donnait le sentiment que le Lorndor était un monde vivant.
L'imaginaire est certes ce qui se passe dans nos têtes. Mais l'imaginaire collectif n'est pas la simple juxtaposition de nos imaginiares enfermés dans nos têtes. Il est le partage d'un référentiel imaginaire sur lequel on va pouvoir imaginer encore plus de choses, un langage commun. Et les chiffres se partagent beaucoup plus facilement que les mots…