Forum Heroes' Chronicles

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Le piège II (pas pu m'en empêcher ^^):
2 fois plus d'action
2 fois plus de suspense
2 fois plus d'explosion+
2 fois plus de minettes à découvert (normal, après le passage d'un voleur...)


Bon, continuons donc ce que nous avons si bien commencé à l'Auberge du Rêveur -paix à ses cendres-.
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"Hum... au toucher : linge de lit en soie damassée à cent pièces d'or le mètre."

Seyd ouvrit prudemment un oeil.

Baldaquin en panne de velours bleu nuit ourlé de fil d'or, valeur quatre cent cinquante pièces d'or...
Crédence en ébène à trois pieds, style Haut-Gobelin, cinq cent soixante...
Chandeliers en argent et cristal, cent vingt pièces la pièce...
Belle brune volcanique, un tour de poitrine estimé à...

- AAAHH !

Le voleur bascula au bord du lit et se retrouva le nez collé à un plancher en marqueterie difficile à estimer d'aussi près.

- Thyria ?! Mais que... mais où... ???
- Ne vous inquiétez pas, mon chéri : vous êtes en sécurité au château de Père, loin de cette auberge lugubre et mal famée qu'on m'a décrite.
- Hein ? Non, vous êtes sûre ? J'ai dû oublier de visiter cette chambre la dernière fois... Les chaînettes qui servent d'embrasses au baldaquin sont bien en or ?

Lui revint soudain la raison de ce retour imprévu dans la demeure du seigneur Randor.
Il oublia aussitôt les chaînettes en or, préférant chercher une issue qui se présenta sous la forme rectangulaire de l'unique porte de la pièce.

Seyd se releva et remit un peu d'ordre dans sa mise, ce qui l'amena le plus naturellement du monde près de ladite porte.
Un pli sur ses manches défroissé plus tard, il avait pu discrètement constater la solidité du verrou.

"Oho, la coquine a gardé la clef sur elle ! Les femmes..."

Tout absorbé par ses plans de fuite, le filou mit quelques secondes avant de s'apercevoir que la proximité extrême de Thyria lui offrait un point de vue des plus... vertigineux sur l'échancrure soyeuse d'une robe à mille pièces d'or.

- Fichtre...

- Alors doux ami, vous voilà remis de vos émotion on dirait...

L'attitude de la demoiselle avait tout de celle du félin en chasse qui joue avec sa proie. Elle fixait le voleur de ses yeux verts tout en tortillant nonchalamment une mèche de ses longs cheveux bruns. Sa pose sur le lit était manifestement étudiée tout spécialement pour faire tourner la tête du premier mâle qui passerait à proximité... Et le pauvre Seyd entrait bien évidemment dans cette catégorie.

- Nous allons donc pouvoir discuter tranquillement tous les deux de la suite des évènements. Venez donc vous assoir près de moi.

Voyant que le drow restait à la regarder sans bouger, elle haussa le ton, désignant le lit.

- J'ai dit ici! Voilà, c'est bien. Où en étais-je? Ha oui...

Elle mit soudainement ses mains derrière la tête du voleur et l'embrassa sans autre forme de procès.

- Avec de semblables arguments, ma dame, vous mettriez les plus inébranlables héros immortels à vos pieds, souffla le voleur en basculant en douceur Thyria dans les coussins.

Il mordilla les lèvres de la belle tout en lui caressant la taille d'une main et d'une seule, puisque l'autre était occupée à transférer la clef dénichée entre deux couches de dentelles dans sa poche.

- J'aurais très volontiers poursuivi cette discussion en votre agréable compagnie, mon ange, cependant...

De sa main libre, le bandit n'était pas resté inactif : d'un coup de pouce, il avait fait sauter le bouchon d'une minuscule fiole tirée d'on ne sait où et versé le contenu sur un mouchoir.

- ... vous savez, je ne suis pas un héros. Essayez de ne pas trop m'en vouloir, Thyria.

Il se redressa et lui plaqua le tissu sur la bouche.

- Allons bon, être obligé de faire ça à une demoiselle... A force de fréquenter les foudres de guerres qui s'étripent dans la joie et la bonne humeur à travers tout ce sympathique pays, j'en perds les plus élémentaires notions de galanterie.

Il déposa un rapide baiser sur la joue de la délicieuse endormie, puis s'empressa d'aller ouvrir la porte.
Un coup d'oeil dans le couloir...
Personne.
Parfait !
Le drow sortit... avant de revenir en courant trente secondes plus tard pour détacher les embrasses en or du baldaquin. Ceci fait, il fila pour de bon dans le corridor, non sans avoir bouclé la porte à triple tour : s'il avait bien calculé son coup, il lui restait moins de cinq minutes pour prendre la tangente sans se faire remarquer.

- Non, à peine plus de quatre minutes à cause de ces fichues chaînettes en or, rectifia Seyd pour lui même avec une grimace. Stupide et incorrigible tête de bois ! Ca va être juste...

Et il détalla vers les escaliers, le pied léger et l'oreille aux aguets.

- Soit j'ai respiré une bouffée de ce liquide anesthésiant par inadvertance, soit on a rajouté quelque dispositifs de sécurité dans le secteur. Bien joué, Randor, espèce de vieux bouc !

Fulminant tout haut, Seyd alla inspecter les différentes portes qui se présentaient. Toutes possédaient une serrure massive, sauf une qui ne semblait pas verrouillée du tout.
Le nez à hauteur de la poignée de cette porte plus suspecte que les autres, le voleur renifla.

- On dirait que c'est le chemin le plus aisé. Conclusion... j'essaye celle d'à-côté !

Il se pencha donc sur la serrure la plus proche et eut un petit rire appréciateur :
- Ma parole, c'est le même modèle que celui utilisé pour les banques de royaume ! Sept points de fermeture, clef unique, rune de protection intégrée et pas moins de dix enchantements de protection. Garanti inviolable. Hum, il va donc falloir utiliser une technique des plus sophistiquées pour en venir à bout...

Et il abattit son poing fermé juste à droite du mécanisme qui émit un cliquetis plein de bonne volonté.

- Bon, voyons donc ce qu'il y a là-dedans...

Le drow entrouvrit prudemment la porte. La lumière du couloir tomba sur une marche poussiéreuse, puis deux, puis... un rugissement épouvantable monta des profondeurs ténébreuses.
Seyd claqua le battant et s'y adossa, haletant.

- Et merde, quel enfoiré de mes...

Cinq serrures inviolables plus tard, il épongea la sueur froide qui coulait sur son front avant d'éclater :
- Saloperies de mages et de sorciers ! Bande de tarés !

D'un pas furieux, il alla ouvrir en grand la fameuse porte sans serrure.
Un escalier tout ce qu'il y a de plus innocent se trouvait derrière.
Le voleur émit un gémissement, appuyé d'une main contre un mur.

- Randor... je te hais !

Rendu plus méfiant à l'égard de la gent féminine depuis peu, Seyd resta à surveiller toute cette agitation en se mordillant les lèvres.
Alors qu'il tendait l'oreille vers l'étage inférieur d'où s'élevait une rumeur de plus en plus précise, une phrase lui fit brusquement tourner la tête à s'en démettre une vertèbre et remonter l'estomac plus haut que l'anatomie drow standard ne le préconisait habituellement.

- Non, Dame Thyria a demandé des rubans bleu et argent pour s'harmoniser avec les lis blancs qui seront disposés dans la chapelle.
- Quand les premiers invités arriveront-ils ? Les chambres ne sont pas encore prêtes et...

Un bruit semblable à celui produit par une personne qui a reculé trop vite en oubliant qu'elle se trouvait en haut d'un escalier assez raide vint interrompre la conversation des jeunes servantes.

La plus hardie du groupe alla pointer un museau curieux dont messire le voleur aurait en temps normal apprécié la fraîcheur à la porte. Pour l'heure, le filou était surtout occupé à se dépêtrer de son manteau, mi-tombé, mi-relevé, mais bel et bien coincé.

La demoiselle poussa un petit cri en appelant ses compagnes en renfort :
- Oh, mais c'est sûrement lui ! Le futur marié !

Le "futur marié" en question n'avait pas l'air tout à fait d'accord avec cette désignation.
Cependant la rumeur qui montait d'en bas lui était encore plus désagréable à l'oreille.

"Garde ton calme, ça peut encore s'arranger..."

Seyd prit une inspiration puis acheva de se redresser avant de remettre un peu d'ordre dans sa mise en affichant une expression d'assurance joliment imitée.

Les jeunes filles se bousculaient dans l'embrasure de la porte pour mieux le voir, avec moult chuchoteries, rougeurs et minauderies.
Il leur adressa un signe de tête avec une retenue qu'aurait approuvée le seigneur le plus pointilleux sur les usages et la hiérarchie.

Ce simple geste de politesse d'une neutralité inattaquable provoqua un concert de gloussements qui raviva l'inquiétude du drow : son petit doigt lui soufflait qu'il aurait été sans doute plus facile d'échapper à une garnison de soudards enragés armés jusqu'aux prémolaires.
Intuition qui fut confirmée par une voix s'élevant de cette masse froufroutante :
- Le dîner ! Sa seigneurie Randor a fait dire qu'il dînerait ce soir en compagnie des futurs époux, et il se fait tard. Il ne devrait rentrer sous peu. Monseigneur, il faut vous préparer !
- P-pardon ? Mais...

Sans le laisser achever sa protestation, plusieurs paires de petites mains l'attrapèrent par les pans de son manteau - décidément ce vêtement offrait un peu trop de prises - et entreprirent de l'entraîner vers une des portes du corridor.

Les jeunes femmes tirèrent le voleur dans une nouvelle pièce richement décorée, dont les tentures représentaient des scènes capables mettre le rouge aux joues même à celles et ceux qui ont fait des jeux de l'amour une profession.
Abstraction faite de cette particularité, l'endroit était apparemment l'antre d'une armée de terribles couturières: vêtements en cours de confection, aiguilles, fils de qualité, mètre ruban, ciseaux, dentelle, rouleaux de tissus, dés à coudre... Tout ce bric-à-brac, et bien d'autres choses encore, jonchaient les grandes tables de bois qui emplissaient tout l'espace disponible.
Sans avoir eut le temps de dire "ouf" (s'il avait été du genre à émettre ce genre d'onomatopée bien sûr), Seyd fut juché sur un tabouret, et ne pouvait plus que prendre son mal en patience en écoutant parler celles qui prenaient allègrement ses mesures à la lueur des bougies.

- Katarina, tu veux bien lui ôter ce manteau? Je ne sais pas ce qu'il contient mais je ne pourrais jamais apprécier convenablement sa silhouette avec ça!

- Tout de suite. Enfin ce serait fait si ce cher monsieur voulait bien me laisser oeuvrer. Tu tu tu, pas de ça avec moi, je ne batifole jamais au travail, inutile de tenter de me faire du charme. Allez hop, je vous retire ce... ouf! Mais c'est lourd ce truc! Non, je préfère ne même pas savoir ce qu'il contient. On va poser ça là pour l'instant.

- Magnifique! Alors voyons voir... Hé, mais cessez de gigoter comme ça, est-ce une façon de se comporter pour un futur Seigneur?
Je verrais bien un pourpoint vert d'eau, qu'est-ce que vous en dites?

- Pourquoi pas, mais il va falloir retoucher légèrement ce que nous avions déjà préparé, il est plus frêle que prévu. Même s'il reste bel homme.

- ça, il faut reconnaître que dame Thyria a du goût. Bon, bâti comme il est, nous allons lui mettre des vêtements plus près du corps histoire de le mettre en valeur. Quelle sale manie de porter ces frusques bien trop amples!

C'en était trop. C'était plus fort que lui, il devait absolument se faire la belle. Il descendit prestement du tabouret et courut vers la porte, espérant profiter de l'effet de surprise, et prétexter un besoin urgent si toutefois il avait eu a justifier son acte. Mais il fut désagréablement surpris lorsqu'il se rendit compte qu'il avait affaire à forte partie.
En effet, une des jeunes demoiselles l'avait intercepté avant même qu'il eu atteint la sortie, avec une poigne peu commune.

- C'est très impoli de s'en aller comme ça sans rien dire. Surtout que nous n'avons pas terminé. Allez, venez avec moi.

Elle souriait en lui disant cela... un sourire qui dévoilait deux magnifiques canines, longues et pointues.

- Oho...

Après avoir laissé échapper ce son étouffé qui aurait par ailleurs pu être développé généreusement sur le thème de : "Je crois que j'ai commis comme une petite erreur d'appréciation en ce qui concerne le vieux Randor", Seyd se pencha tout bonnement pour examiner les quenottes de la demoiselle.

Ayant mesuré avec la plus grande précision leur longueur entre son pouce et son index, il pivota sur les talons et retourna se jucher sur le tabouret.
Là, il croisa les bras dans une attitude butée qui commençait à lui devenir habituelle depuis que le monde entier s'ingéniait à mettre des bâtons dans les roues de son existence de voleur innocent.

- Vous pouvez toujours courir pour que je porte du vert d'eau !

- Oh, monsieur fait le difficile en plus... Ce n'est pas grave, je vais avoir l'occasion d'essayer cette magnifique soie bleue qui attend depuis si longtemps... J'aurais préféré contraster un peu plus avec votre teint, mais à défaut de coopération...

Les couturières vampires s'affairaient en discutant joyeusement, comme si tout cela n'était rien d'autre que leur train train quotidien, ce qui était d'ailleurs sans doute le cas.
Soudain, la porte s'ouvrit violemment, laissant présager l'apparition d'une nouvelle créature démoniaque prête à persécuter notre pauvre brigand...
Et c'est une Thyria au regard mauvais, légèrement échevelée, les pommettes rougies à la fois par la colère et par une traversée des couloirs au pas de course, qui entra dans la pièce.

- Enfin je te met la main dessus, indigne futur mari! Tu vas voir si je vais te laisser t'en tirer comme ça...

L'irruption de sa dulcinée fit que le teint de Seyd adopta soudain une nuance qui, réflexion faite, se serait sans doute beaucoup mieux accordée avec du vert d'eau.

- J-je... Thy-Thyria chérie...

Le tabouret à la main comme s'il se fut agi de repousser un lion berserk, le voleur adressa un sourire un rien forcé aux vampiriques couturières :
- Notre première scène de ménage !

Il chercha du regard une arme quelconque pour repousser les ardeurs de la furie ("Elle est encore plus charmante quand elle est en colère comme ça, la coquine... Hein ? Mais qu'est-ce que je vais encore penser, là ? Sa colère est dirigée contre moi !").

Les seules armes disponibles étaient des pelotes d'épingles et un mètre ruban...
Une image de lui-même avec son tabouret et le mètre ruban en guise de fouet apparut dans son esprit.
L'option du mètre ruban fut aussitôt rejetée.

- Mon poussin d'amour, c'était un réflexe malheureux ! Je te le jure ! N-non, s'il-te plaît... pas par le col, ça fait vingt fois que je suis obligé de le faire recoudre...

"Au nom de tous les démons infernaux, pourquoi est-ce que ça arrive toujours quand je n'ai pas les poches de mon manteau à portée de main ?" pesta intérieurement le forban.
"Frapper une femme manque de galanterie... Et puis zut, à la fin ! A Lloth la galanterie et tout le bazar, c'est une urgence !"

Ce discours intérieur s'acheva donc sur le claquement d'une gifle retentissante.

- Thyria, franchement, j'en ai marre !

Seyd avait lâché le tabouret - parce qu'asséner une gifle avec aurait été pire qu'un simple manquement à la galanterie - et avait ensuite attrapé la belle par les épaules, tant pour faire valoir ses arguments que pour l'empêcher de s'étaler sur le sol (avec tabouret ou sans, le voleur avait pour une fois eu la main lourde).

- Tu m'entends ? J'en ai marre ! Alors tu vas me faire le plaisir de te calmer et de me laisser respirer, parce que j'étouffe, ici !

Sur ce, le drow sortit à grand pas en claquant la porte, laissant toute l'assemblée trop ahurie pour réagir.

Et, à peine dans le couloir, le filou reprit ses bonnes vieilles habitudes.
En d'autres termes, il partit à toutes jambes.

- Une porte, une fenêtre, n'importe quoi, mais vite par pitié ou je vais tourner fou !

A peine le voleur eut-il formulé cette pensée qu'une porte se présenta à sa gauche. Ne voyant aucune autre issue, il fit jouer la poignée... ouverte.
Il entra prudemment et referma derrière lui.
Il se trouvait manifestement dans une chambre d'homme, décorée avec goût mais sans ostentation. Une chance pour lui, l'occupant des lieux était absent. Mais l'endroit ne lui offrait toujours pas la moindre sortie.
Il ne put résister à la tentation de subtiliser un nouveau manteau dans une penderie, et d'y fourrer aussitôt de menus objet pouvant présenter quelque intérêt pour certain recéleur de sa connaissance. Ce détail réglé, il décida de ressortir de la pièce pour reprendre sa quête de liberté. Il fit de nouveau jouer la poignée... fermée. Soudain, une voix provenant d'un point situé juste à côté de son oreille lui arracha un sursaut en résonnant dans la pièce sans s'être faite annoncer au préalable.

- Ahem, pourrai-je savoir qui vous êtes et ce que vous faites là?

Seyd recula, pour s'apercevoir que celui qui s'adressait à lui était un visage sculpté dans la porte, porte qui d'ailleurs ne comportait pas de serrure... Le drow se mit à prier très fort tous les dieux qui lui venaient à l'esprit pour que la situation ne soit pas celle qu'il venait d'imaginer...

- Je suis le gardien de ces lieux. Mon maître m'a ordonné de laisser entrer qui voudrait, mais de ne les laisser ressortir sous aucun prétexte, à moins qu'elles ne fournissent un mot de passe... Mais si c'est bien lui qui vous envoie, vous n'ignorez rien de tout cela n'est-ce pas? Dans le cas contraire, je vous conseille de vous mettre à l'aise en attendant son retour...

Dégoûté, le voleur entreprit rapidement de reprendre la liste de ceux qu'il venait de prier pour tous les maudire un par un.

Une fois parvenu à l'extrême extrémité de sa liste, et n'ayant reçu aucune réponse favorable à ses demandes de pacte avec divers démons et dieux infernaux - il avait d'ailleurs cru entendre une voix caverneuse s'exclamer "Ah non ! Pas encore lui !"... Sans doute un effet de son imagination -, le sieur voleur s'assit sur le lit afin de réfléchir à son aise.

- Mais bien sûr que je suis ici conformément au souhait de votre maître, s'il s'agit bien de celui auquel je pense ! D'ailleurs j'ai rarement vu quelqu'un souhaiter quelque chose à ce point...

Seyd compléta à voix basse :
- A part moi en ce moment-même.

Il reprit plus haut :
- Malheureusement... heu... dans son émoi, il a dû oublier de me faire part dudit mot de passe.

L'air embarrassé, le filou fourrageait dans sa tignasse d'une main, un grand sourire innocent plaqué en travers de la figure, image parfaite de l'individu hautement insoupçonnable.

- Eh bien, dans ce cas vous pourrez attendre son retour sans crainte.

La réplique bonhomme de la porte fit fondre le sourire innocent comme sort de glace au soleil de midi.

- Hein ? M-mais... j'ai des "affaires" qui requièrent mon absence... pardon, ma présence de toute urgence, moi ! Alleeeez, soyez sympa !
- "Etre sympa" ne fait pas partie des attributions de gardien.
- Je sais mais... Hep, une minute ! J'ai le droit à combien d'essais ?
- Autant que vous le voulez, mon brave...

Le voleur leva un sourcil.
"Pourquoi ai-je l'impression que ce truc ce paie ma tête, là ? Bah, et puis je m'en fous !"

- Alors voyons... "Randor" ?
- C'est un peu simpliste...
- Garde tes commentaires pour toi si tu tiens à tes gonds ! C'est ça ou pas ?
- Non.
- Peut-être... mince, c'est quoi le prénom de ce vieux crabe, déjà ?
- Arthémius.
- Si tu me réponds, c'est que ce n'est pas ça non plus ?
- Il semblerait.
- Dans ce cas... "Thyria" ? "Magicien" ? "Goules" ? "Sésame, ouvre-toi" ? "Chandelier" ? "Astrae luna" ? "Poêle à frire" ?
- L'étendue de votre vocabulaire me confond...
- "Alchimiste" ? "Nid de cafard" ? "Grimoire" ? "Arbre" ? "Conjoncture" ?

Deux bonnes heures plus tard, le drow entêté avait passé en revue les dictionnaires complets de cinq langues différentes, sans le moindre succès. Après avoir appris que "sigisbée" était du genre masculin, le gardien n'avait plus ouvert la bouche.

Affalé en travers du lit, les yeux au plafond, Seyd finit par lâcher l'allocution habituelle des situations désastreuses :
- Merde...

A peine avait-il prononcé le mot que la porte s'ouvrit ... pour céder le passage à un grand échalas aux allures de dandy, le visage enfariné et le crâne emperruqué ... Dès qu'il aperçut le sieur voleur, il s'empressa de refermer derrière lui, et glapit, d'une voix haut perchée de jeune vierge effarouchée.

- Oh seigneur, mais qu'est-ce donc que cette intrusion dans les appartements privé d'un jeune homme distingué? Êtes-vous venu ici pour commettre quelque méfait? Je vous préviens, si vous avez décidé de subtiliser mes trésors, avant de vous enfuir il faudra me passer sur le corps!

Sa tirade achevée, il se mit à mirer notre malandrin, de bas en haut puis de haut en bas. Dans son oeil soudain, une lueur intéressée s'alluma.

- Mais peut-être que je me méprends en vous prenant pour un manant... Peut-être n'est points mes effets, mais plutôt mes charmes que vous êtes venu dérober ...

- Heu...

Seyd considéra le damoiseau d'un air ahuri.

"Mais qu'est-ce que c'est que ce truc, là ?"

Puis les dernières paroles qui frappèrent son oreille, associées à un certain regard un peu trop empli d'intérêt, lui firent remonter un frisson désagréable le long de l'échine.

"Par tous les démons infernaux, qu'est-ce que j'ai pour tous les attirer de cette façon ???"

Le filou étudia le dandy sous toutes les coutures -non sans noter ici et là quelques fils d'or- et déglutit péniblement.

"Même ce damné enquiquineur d'Azriel est plus... enfin, il est moins... Hey, mais qu'est-ce-que je suis en train de penser ? Non, non, et non ! Ca tourne à l'envers, là-haut !"

- Doux sire, si j'étais voleur, nul doute que je laisserais choir les pièces de l'or le plus pur et les diamants les plus scintillants pour ne penser qu'à m'emparer d'un de vos regards en prenant garde de ne plus jamais relâcher bien si précieux...

"Et allez ! On croirait entendre ce paon prétentieux roucouler sous les poutres de l'auberge du Rêveur ! Quelle plaie ! Si l'autre tombe dans le panneau, c'est vraiment une oie..."

Tout en reprenant une nouvelle fois la liste des dieux et déesses connus pour les agoniser de malédictions, Seyd plongea du nez vers le plancher en une gracieuse révérence.

- En fait, je me suis égaré dans les couloirs du château et...
- Espèce de ment.... garglourmff

Une main plaquée sur la bouche du visage sculpté dans la porte pour le faire taire, le drow poursuivit imperturbablement ses boniments de son ton le plus raffiné :
- ... j'ai poussé une porte au hasard. Malheureusement -ou heureusement, puisque j'ai à présent le bonheur de vous avoir rencontré- un courant d'air a fait claquer le battant dès que j'eus passé le seuil. J'ai donc dû me résoudre à attendre qu'un preux chevalier vienne me libérer.

Seyd se redressa tout en souplesse -l'habitude des acrobaties inhérentes à sa profession de détrousseur et cambrioleur se révélait en l'occurrence profitable- et décocha au "truc à perruque" son sourire le plus éblouissant, garanti à deux-cent pour cents de réussite sur les donzelles les plus prudes mais encore non expérimenté sur un individu qui avait l'air d'un poulet plumé aussi enfariné qu'une miche de pain sur l'étal d'un boulanger.

- Oh, et j'ai pris la liberté d'emprunter ce manteau. Les courants d'air sont fréquents, par ici, comme je vous le disais. Et plutôt frisquets.

Le drow examina une nouvelle fois le damoiseau trop apprêté puis l'agencement sobre et élégant de la chambre.
"Cherchez l'erreur..."

- Seriez-vous aussi un invité de ce cher Randor ? J'aurais plaisir à pouvoir mettre un nom sur une figure si... heu... charmante.

Le voleur prit une grande inspiration -et manqua s'étouffer tant l'atmosphère empestait soudain l'essence de lis et le blanc de céruse.

- Mais que diriez-vous de continuer cette aimable conversation... ailleurs ? Enfin, dans un des salons ou pendant une promenade à votre goût ? J'avoue que je souffre un peu de claustrophobie...


Pas là du 29/07 à fin août... Au cas où quelqu'un s'inquièterait de ma modeste mais non moins indispensable personne
Edit : bon, mon hebinouchet jouant les rpistes invisibles, je me permets -puisse le ciel et les dieux de Lorndor me pardonner pour cette infamie- de faire une belle entorse au continuum espace-temps du rp pour retourner squatter l'auberge du rêveur où l'assemblée semble sortir de sa torpeur, en attendant mieux (j'suis en manque d'écriture, d'abord ! Na )