Forum Heroes' Chronicles

Mikäu avait observé la scène, intrigué mais n'avait pas pu pour autant bouger. Il voulut se décider à descendre, au bout de quelques instants mais c'est à ce moment précis que jecht quitta son dos et alla s'écraser au sol, recroquevillé sur lui même. Le tauren, comprenant qu'une chose affreuse était en train de se dérouler, attrapa Mirage et le déposa près de jecht, puis s'élança à toute vitesse, descendant l'escalier quatre à quatre et se précipita à travers la porte que son fils avait détruite auparavant.

Arrivé dehors, il contempla une scène étrange : du sang, un soldat sans vie, encore du sang, un soldat sans tête et une traînée de sang au bout de laquelle gisait...Symbelmyne, inanimé. Pensant qu'il cauchemardait, Mikäu s'approcha lentement, suivant la coulée de sang provenant du corps de son fils. Il ne pouvait pas...enfin c'était Symbel...cela ne pouvait pas se terminer maintenant... Arrivé près de lui, le tauren posa un genou au sol, et se baissa pour observer le visage de son fils.

Passant sa main dessus, il enleva le peu de sang qui n'avait pas encore seché sur les yeux du pauvre Drow. Tout cela lui donnait une allure étrange : ses longs cheveux blancs, son visage noir, ses yeux violets dans lesquels on ne pouvait lire aucune vie, et son torse, ouvert à l'abdomen. Murmurant une incantation, le tauren soigna la blessure, et bien que cela fut trop tard, cela le rassura un peu.

Une voix s'échappa de la gorge de Mikäu, une voix qu'aucun de ses amis ou proches ne connaissaient, une voix qui ne semblait pas être la sienne, lui qui était toujours si jovial, enjoué, chaleureux... Cette voix tremblante, faible, et si froide parla tout doucement, comme si elle ne s'adressait qu'à Symbelmyne :

- Pourquoi mon fils... Tu n'aurais pas pu nous attendre, ton frère, ton père, Mirage, les autres ? Pourquoi t'être lancé seul dans cette bataille perdue d'avance ? Pourquoi ne sommes nous pas, à cet instant, en train de nous restaurer, de festoyer, de rire, ensemble, à l'intérieur ? Pourquoi moi, ton père, dois-je observer ta dépouille, mon fils ?

POURQUOI !?!

Ce dernier mot était sorti avec une telle puissance que les murs de l'auberge, affaiblis par le feu, en avaient tressaili. Ne trouvant plus les mots pour décrire tout ceci, Mikäu serra le corps sans vie de Symbelmyne contre lui, quelques larmes qui avaient commencé leurs voyages sur les joues du Tauren allèrent s'échouer sur le visage du Drow, laissant de longue trainée sur le sang séché, et resta prostré.

le cris de son fils le ramena à la réalité... jecht se releva et sécha ses larmes... il n'y avait plus de trace de tristesse ni de désespoir dans son regard, juste le froid et la détermination...
Doucement il avança vers l'endroit où les flammes étaient les plus hautes et s'installa au milieu d'elle... Les yeux fermés, il murmura quelques mots...

- j'arrive...

Il s'était passé bien des choses. Le drow appelé Seyd avait totalement ignoré Rhadya alors que celle-ci l'avait protégé des assiduités d'Azriel. La jeune femme s'était dit que les drows ne connaissaient pas la reconnaissance. L'autre drow, celui à qui elle avait coupé les cheveux, était sorti à la suite de Seyd. Pour le défendre?
Rhadya se demandait si elle en avait assez vu, si elle devait rentrer. Perdu dans ses pensées elle n'avait pas vu le temps passer et c'est l'odeur de brûlé qui la tira de sa rêverie. Elle apperçut le tauren emmener le petit garçn et un elfe amorphe, elle perçut la panique, les gens fuyaient.

Soudainement elle songea à Hebi-le-bâton, quoi de plus dangereux pour lui que le feu? Rhadya se pencha au-dessus du bar et empoigna l'aubergiste de bois.

*Veuillez m'excuser mais il faut sortir!*

Le bâton dans la main elle sortit à l'air libre, poussant Curwen et son soupirant devant elle.
De nombreuses personnes, quand elle n'avaient pas fui trop loin, restaient à regarder les flammes dévorer le bâtiment.

*Vite, il faut de l'eau! Y a t il un mage d'eau parmi vous? Il faut éteindre le feu!*

Arrivé sous l'arbre, Mikau se tourna vers jecht et tenta de lui parler, mais l'elfe avait le regard vide et ne semblait pas entendre les paroles de son fils...
Ne patientant pas longtemps, le tauren lui décocha un coup de poing directement sur la mâchoire, laissant un bruit d'os brisé derrière celui-ci...

Mikau s'aperçut instantanément de la force qu'il avait mis dans le coup et voulut soigner son père, mais celui l'arrêta d'un geste de la main... il semblait avoir repris ses esprits.

- laisse... dit-il péniblement.

jecht marmonna douloureusement une incantation et une aura bleutée entoura sa main droite... Il l'approcha de sa mâchoire brisée qui se remit en place... il posa ensuite son regard sur la dépouille de son frère et lacha une larme qu'il essuya de suite... Puis il regarda son fils dans les yeux, l'air toujours aussi sérieux...

- pardon Fils... je ne sais pas ce qu'il m'a prit...
- pas de mal Père.
- ... tout ce feu... il doit sûrement rester des gens à l'intérieur...

Rhadya avait saisit le bâton qui protestait vigoureusement

- Mais lâchez-moi! Un capitaine coule avec son navire, et un tavernier brûle avec son auberge!

Mais la skaadi, indifférente à ses vociférations, l'emporta à l'extérieur, et le retint même lorsqu'il voulu plonger de nouveau dans le bâtiment en flammes.


Pendant tout ce temps, ne semblant pas le moins du monde affectés par tout ce remue-ménage, les soldats avaient tenu leurs positions. Trois d'entre eux, la méfiance clairement visible sur leurs visages, s'emparèrent de Seyd qui ne s'était pas départi de son sourire narquois.
Leur chef étant mort, le plus haut gradé du groupe avait naturellement pris le commandement. Il ne put résister à la tentation de faire valoir son autorité nouvellement acquise. Sur le départ, monté sur son cheval, il s'adressa à haute voix aux aventuriers dépités :

- Voyez donc ce qui arrive à ceux qui osent se frotter à la garde de notre Seigneur. -désignant le corps de Symbelmyne- J'espère que le sort de ce fou vous servira de leçon à tous.
En attendant, la disparition de ce repaire d'intrigants n'attristera personne. Allons!

Il fit faire volte-face à sa monture, avec la nette intention de s'en aller avec ses hommes...

La troupe se mit alors en ordre de marche, formant deux pelotons, l'un devant et l'autre derrière Seyd et les soldats qui s'étaient saisis de lui.

Pendant ce temps, Jecht et Curuwendë s'entretinrent à voix basse. Alors que le nouveau commandant levait le bras pour donner l'ordre de départ, cette dernière l'interpella :

« Messire Capitaine !

Il s'arrêta dans son geste et tourna la tête, agacé.

- J'ai une requête à vous formuler, poursuivit-elle.

- Je vous écoute.

- Compte tenu de la manière, des conséquences et de la nature même de cette arrestation, je souhaiterais vous accompagner jusqu'au domaine de votre seigneur-mage afin de constater par moi-même la façon dont la justice sera rendue ainsi que le sort qui est réservé à cet effronté.

- Pour que vous l'aidiez à s'échapper en chemin ? Hors de question !

- Dans ce cas, placez moi sous surveillance le temps du voyage. Que pourrais-je faire face à vos hommes ? Vous n'avez rien à craindre de moi. En revanche, il va de soi que je me confie à vos bons soins et que vous assurerez ma protection jusqu'à mon départ des terres de votre seigneur.

Elle affichait un regard innocent doublé d'un sourire irresistible. L'homme esquissa un sourire à son tour.

- Soit. Confiez lui un cheval.

- Merci, Messire Capitaine. Mais le cheval ne sera pas nécessaire, j'ai une monture à disposition.

Silmëlor, le tigre de l'Elfe, s'était approché silencieusement le temps de l'échange et elle prit place en selle gracieusement. Ils avancèrent jusqu'à hauteur du cheval du nouveau commandant, en tête de colonne, sous les regards amusés des soldats. Elle les ignora superbement, n'eut également aucune attention pour le Drow prisonnier, puis se tourna pour saluer de la main Mikäu et Jecht.

- Quand vous voudrez, Messire Capitaine.

- Oui, si on pouvait se mettre en route rapidement... parce que si jamais ma soeur revient pour découvrir que les précieuses fanfreluches qui encombrent ses tiroirs sont en train de partir en fumée...

Seyd frissonna.

- ... ça va vraiment être horrible.

Un ou deux gardes dressèrent l'oreille, interpelés par le terme de "fanfreluches". Le voleur leur décocha un sourire mâtin.

- Si vous êtes sages, je vous décrirai tout ça en chemin ! Au fait, vous êtes sûrs de ne pas vouloir au moins m'entraver les mains ? Non, parce que, à votre place... Ca ne regarde que vous mais...
- Mais faites-le taire ! s'énerva le nouveau capitaine depuis la tête de colonne.

Il y eu alors un début de mêlée assez confuse.
Quand le calme fut revenu et le nuage de poussière retombé, Seyd se tenait toujours debout, bras croisés, avec l'expression la plus moqueuse qu'il était capable d'afficher. Les cinq soldats qui gisaient sur le sol avaient certes l'air de trouver la situation moins drôle...

- Vraiment pas doués, hein ?

Le filou dut sentir un ou deux regards peu amènes peser sur ses épaules, car il leva les mains avec une mine tout ce qu'il y a de plus innocent.

- Je vous jure que je n'en ai pas touché un seul !

Le capitaine, excédé, désigna deux de ses hommes

- Vous, prenez une corde et liez les mains de ce rigolo. N'oubliez surtout pas de le fouiller avant, histoire de lui ôter certains des atouts que les coquins dans son genre gardent toujours sur eux. Après ça, balancez-le moi sur une selle, et que celui qui le garde le mette devant lui, surtout pas derrière, en gardant un oeil sur ses mains pendant tout le trajet.
Vous vous placerez en milieu de colonne, et je veux qu'il soit bien entouré. S'il fait ne serait-ce qu'un mouvement suspect avant que nous ne soyons arrivés, qu'on l'assomme.
Allez, plus vite que ça, que nous puissions enfin nous mettre en route. Nous sommes attendus bon sang!

Les gardes, en bon militaires, s'exécutèrent placidement, conservant leur air bovin même lorsque le voleur les accusa de montrer de la concupiscence à son endroit, et de prolonger volontairement les attouchements sous prétexte de rechercher des armes cachées. Changeant alors de tactique, dans le but de les piquer au vif, Seyd leur indiqua quelques poignards dissimulés qu'ils avaient oublié, puis s'amusa à se défaire de ses liens plus vite qu'ils n'étaient noués par les plantons. Ce ne fut que lorsque l'un deux lui serra le bras suffisamment fort pour le briser en lui jetant un regard noir qu'il se laissa enfin entraver et qu'on pu le mettre sur un cheval.

La troupe se mit alors en route vers le palais, qui n'était qu'à trois heures de chevauchée. Méfiant, le capitaine avait également posté des soldats autour de Curwen, tant et si bien qu'un passant distrait aurait pu la prendre pour une dame de la noblesse rentrant de voyage avec sa garde rapprochée...

Seyd décida sagement de faire un effort et de se tenir coi...
Accès de sagesse qui dura approximativement cinq minutes et vingt-deux secondes, ce qui était déjà belle performance de sa part.
Au bout de ces cinq minutes et vingt-deux secondes, il glissa un regard en biais au garde derrière lui - qui se trouvait précisément être l'individu responsable de son bras raide et engourdi.
L'air de rien, le voleur fit mine de chercher quelque chose dans ses poches.

- Ah, excusez-moi ! Ai-je l'autorisation de me moucher ? J'ai dû attraper un petit refroidissement en visitant les caves de l'auberge...

Le poing du mercenaire s'arrêta à quelques centimètres de la tempe du bandit qui ne se départit pas de son sourire candide.
Seyd attendit patiemment que le cerveau du soldat analyse sa demande. Enfin, l'homme émit un grognement.
Son captif interpréta cette réponse comme positive et entreprit donc de se déboucher bruyamment les fosses nasales.

- Ca va mieux !

Nouveau grognement.
Le sourire de Seyd s'élargit.
Un moment de relatif silence passa. Ce fut le temps de réflexion nécessaire au garde pour se souvenir que les mains de son prisonnier étaient attachées... ou auraient dû l'être.

- Mais...

Avant qu'il ait pu exprimer son indignation envers cette bizarrerie tout à fait contraire à l'ordre naturel des choses, son cheval fit un bond en avant.
Qu'il s'agisse d'un petit défaut de conception, d'une malice du drow, ou d'une grosse erreur d'inattention... toujours est-il que la selle se détacha et atterrit dans une flaque de boue placée là bien à propos.
Or l'ordre naturel des choses voulait que ce qui se trouvait sur cette selle -c'est-à-dire le garde- suive le même trajet.
Ainsi fut fait, et Seyd se retrouva tout seul sur le cheval, rênes en mains, sourire sarcastique aux lèvres et moqueries à la bouche :
- Moi qui pensais que Randor n'était qu'un vieux ronchon aigri dépourvu d'humour... En fait, c'est juste un vieux ronchon aigri ! Il faudra que je pense à le remercier de m'avoir envoyé cette troupe comique la prochaine fois que j'irai compter fleurette à ses filles. Je ne m'étais pas autant amusé depuis le jour où un geôlier étourdi a oublié de fermer la porte de ma cellule !

Après un instant de stupéfaction, les gardes qui encadraient Seyd se serrèrent autour de son cheval et le reprirent en main. Le soldat tombé, rouge de fureur, se releva et tira le drow à terre, dans l'intention manifeste de tirer vengeance de sa mésaventure en laissant parler ses poings.
Un cercle d'hommes d'armes se forma autour des deux protagonistes et chacun criait déjà, encourageant son favori, s'attendant à un combat en règle.
Le capitaine, parfaitement ignoré, hurlait des ordres, mais sans le moindre succès.
C'est alors qu'un cor sonna. La scène se figea soudain...

Le seigneur Randor lui-même, monté sur un destrier noir, entouré par sa garde d'honneur, descendait la route.

Plus personne ne bougea jusq'à ce que l'homme soità portée de voix et rompe le silence qui s'était créé, de la voix forte et claire de qui détient l'autorité.

- Mais qu'est-ce qui se passe ici? Constatant la navrante lenteur avec laquelle mes ordres étaient exécutés, j'ai décidé de venir en personne faire accélérer les choses et qu'est-ce que je vois? Êtes-vous des soldats ou bien une troupe de chiens enragés? Où se trouve celui que j'avais placé à votre tête?

Le nouveau capitaine lui répondit, penaud

- Il... il est mort seigneur... l'arrestation ne s'est pas très bien passée, un fou furieux a débarqué et...

- SILENCE! Ne vous avais-je pas ordonné d'employer la force si nécessaire, mais en aucun cas les armes? Bande de propres à rien! Et que faites-vous en ce moment même au prisonnier? Non, ne répondez pas, ce n'est que trop évident. Je vous jure qu'en rentrant au château, des têtes vont tomber...Bon, que deux soudards un peu plus dégourdis que les autres m'amènent le prévenu, tout ça n'a que trop duré.

Seyd fut attrappé et tiré devant Randor. Il soutint le regard du mage, et refusait de s'agenouiller, malgré la pression exercée sur ses épaules par les soldats.

- Mais lâchez-le! qu'il se tienne comme bon lui semble.

Randor mit pied à terre, et se planta face au voleur. Durant quelques instants, il le fixa droit dans les yeux, semblant y voir des choses inaccessibles au commun des mortels.

- Parfait. Las de toute cette agitation et de cette attente, je vais de suite rendre mon jugement, et que tous ici en soient témoins. Pour s'être introduit à plusieurs reprises dans mon palais, avoir volé bon nombre d'objets de valeurs qu'il m'a fallu faire racheter à prix d'or à différents recéleurs, pour avoir séduit une noble dame, avoir dérobé son coeur ainsi que le fleur normalement réservée à son mari, suite enfin à l'insistance de ladite demoiselle, je condamne cet homme...

Un sourire éclaira soudain le visage grave du seigneur-mage

- Je le condamne a épouser ma fille et à lui donner des héritiers, étant donné que mon aînée ne peut concevoir.
Quelqu'un désire-t-il émettre une quelconque réclamation?

il sembla soudain se rendre compte de quelque chose

- D'ailleurs qui est cette jeune femme au port altier que vous collez comme des mouches sur du miel?

Seyd resta figé sur place, comme frappé par la foudre.
Il ouvrit la bouche et la referma sans émettre le moindre son, dans l'attitude classique du poisson oublié sur la rive par une crue de la rivière, puis parvint enfin à émettre un gémissement :

- M-mariage ?

Le filou paut à deux doigts de tourner de l'oeil à cette idée des plus épouvantables.
Mais il avait du ressort et se planta entre Randor et Curwen, l'oeil furibond.

- Mariage ?! Héritiers ?? Oui, j'ai une réclamation à faire, moi ! Je... heu... Thyria est très... vraiment très... agréable... Elle est même franchement... bref. Rien contre elle, bien au contraire ! Mais... mais...

Le drow croisa les bras et détourna la tête avec un air buté.

- Mais, sauf votre respect, plutôt crever !

Randor toisa le drow

- Mon pauvre ami, c'est justement avant de vous placer tout contre elle, et d'aller encore plus loin, qu'il fallait penser à ce genre de chose.
Thyria obtient toujours ce qu'elle veut, et elle a dors et déjà fixé la date de votre union. Vous avez deux semaines pour vous faire à l'idée d'être marié et pour prévenir vos invités.
Pour ce qui est des héritiers... Il semblerait que vous ne soyez pas au courant... Comme c'est amusant. C'est donc à moi que revient le plaisir d'annoncer à mon futur gendre qu'il sera père dans quelques mois. Toutes mes félicitations.

- Père!

Une voix féminine s'était soudainement élevée. Un garde faisant partie de l'escorte du seigneur descendit de cheval et avança droit sur le mage et le voleur. Ses mouvements trahissaient sa fureur. Lorsqu'il retira son heaume, une cascade de cheveux bruns tomba sur ses épaules. Les autres soldats furent stupéfaits en s'apercevant soudain que la fille de leur maître s'était mélée à eux sans qu'il s'en soient aperçu...

- C'était à MOI de le lui dire! Pourquoi faut-il que tu gâches toujours tout? Déjà qu'il t'a fallu une éternité pour l'attrapper... Tout ce temps à me languir...

- Ne t'avais-je pas ordonné de rester au château? -il soupira- Je n'arriverais décidemment ja mais à me faire obéir. Vous voyez mon cher Seyd, quand je vous disais qu'elle parvient toujours à ses fins, d'une manière ou d'une autre...

La jeune femme se jeta sans crier gare dans les bras du drow.

- Je vous retrouve enfin mon doux ami... Pourquoi m'avoir laissée me morfondre si longtemps? Heureusement, vous êtes là à présent. Ne trainons pas plus, vous devez avoir envie de commencer vos préparatifs au plus vite -Elle le fixa droit dans les yeux et sa voix jusqu'alors mielleuse se fit aussi tranchante qu'une lame affutée par un maître coutelier.- N'est-ce pas?

La révélation au sujet de l'état de Thyria faillit achever Seyd : si le mot "mariage" avait produit sur lui un effet relativement violent, ce ne fut pas grand chose à côté de sa réaction face à cette dernière information.

Le drow devint tout pâle... mais vraiment pâle, plus blanc que blanc, ce qui, au vu de son teint habituel, représentait une transition assez inquiétante.
Il chancela et manqua s'abattre tout d'une pièce, le nez dans les ornières de la route.

Par bonheur ce fut à ce moment précis que Thyria se précipita dans ses bras.
Le principe de l'action-réaction étant ce qu'il est, Seyd fut remis à la verticale. Ou, plus exactement, il s'avachit sensiblement sur l'épaule de la belle à qui il se raccrocha comme un amoureux fiévreux (du point de vue d'un observateur extérieur), comme un joueur immature et fôlatre qui vient de recevoir sur les épaules un bloc massif de responsabilités (d'un point de vue objectif), ou encore comme une malheureuse victime sur qui le sort s'acharne (de son point de vue à lui).

- Thy... ria ?

Seyd cilla, l'air franchement égaré.

"Je le savais... Compter fleurette à une donzelle presque taillée sur le même modèle que ma soeur... C'était du suicide !"

Il tenta de reprendre contenance.
Rien à faire.

Son cerveau ressemblait à une de ces satanées machineries gnomes qu'on aurait laissée dehors tout l'hiver : impossible de le remettre en route pour trouver une issue valable à ce guêpier.
Pas moyen non plus de dire quoi que ce soit : il avait la langue comme un papier buvard et, de toute façon, il ne savait pas quoi dire -ce qui est en soi une bonne raison de se taire.
Bref, dans l'immédiat, il n'était plus capable de faire qu'une seule et unique chose...

"Alors là, je suis foutu."
C'est sur cette pensée résumant magistralement la situation que le voleur s'affala au sol.