Forum Heroes' Chronicles

A la longue litanie du Azriel, Rhadya ne put s'empêcher de frémir légèrement. Une grimace passa furtivement sur ses traits immobiles.
Mais lorsque le drow Symbelmyne attira son attention en demandant un "élagage". Rhadya sourit intérieurement et saisit la longue chevelure d'une main. De l'autre, qui avait pris forme d'une serre, elle trancha d'un coup rapide net et précis la masse capillaire. Symbelmyne se retrouva avec une coupe au carré lui effleurant les épaules.
Rhadya lacha au sol les cheveux qu'elle avait encore dans la main.

Elle se tourna vers Azriel qui s'était précipité au secours d'un autre drow et lui lança:

*Ma "froide beauté" dites vous? Je doute que ceci constitue réellement un compliment. Sachez que je m'englue dans vos paroles poisseuses et fausses. Un marécage, voilà ce que sont vos dires. Vous en faites vraiment trop et cela vous ôte toute crédibilité. Il y a deux choses que vous auriez besoin d'acquérir je pense, et tout irait pour le mieux: la sincérité et la sobriété. Je suis sûre que même votre doux ami vous appréciera plus ainsi!*

S'étant laissé emporter, elle avait inclu, cette fois tous les gens de la salle dans sa télépathie. Elle reporta ensuite son attention sur Symbelmyne, reprit son visage inexpressif et son regard intense pour lui demander:

*J'espère que ce n'est pas trop court!*

La poigne d'Azriel stoppa net l'élan du drow.
S'il n'avait pas dû sa substistance à la dextérité de ses longs doigts fins et déliés comme ceux d'un ménestrel, il aurait filé tout droit - vers la porte, puisque les fenêtres conspiraient aussi contre sa personne.
Bon gré mal gré, il se tint coi.

Si l'inoffensif pichet de terre cuite sur lequel il tâcha de focaliser son attention avait eu quelque sentiment, il eut tremblé du fond à l'anse tant le regard vert du voleur était chargé de venin.

La communication télépathique de la dénommée Rhadya arracha une grimace suplémentaire à Seyd : "doux ami" !
"Plutôt finir égorgé comme un poulet sur l'autel de Lloth !" songea-t-il avant de tourner une paire d'yeux ironique dans la direction de son soigneur.

- Ma parole, vous vous êtes fait une fervente admiratrice ? Je ne suis donc pas le seul à m'être bien débrouillé aujourd'hui...

Les évènements s'étaient enchaînés très vite. Les deux têtes du bâton eurent beaucoup de mal à retenir un éclat de rire tant la situation avait évolué vers le burlesque.

- Ah Symbel, tu es magnifique comme cela! Méfie-toi, ou tu risques comme notre ami le voleur d'attirer l'attention de sieur Azriel...

- Dame Radhya, toutes mes félicitations! Vous avez l'art et la manière de vous y prendre avec les gens, et je connais certaines demoiselles qui devraient prendre des leçons auprès de vous!

Finalement, il n'y tint plus, et il fut tout à coup agité de curieux subresauts...

Symbel passa la main dans ses cheveux fort diminués. D'après ce qu'il sentait, ce n'était ni trop long ni trop court. Juste ce qu'il lui fallait. D'une part il gardait assez de ces cheveux dont il aimait tant la couleur, d'autre part il ne risquait plus d'être gêné au moindre mouvement. C'est bien bas qu'il s'inclina cette fois, faisant tout de même tomber un rideau de cheveux blancs devant son visage.

- Rhadya, je vous remercie grandement. Ce talent est plutôt intéressant, soit dit en passant... Est-ce un pouvoir d'invocation, ou bien possédez-vous plusieurs apparences ? En tout cas, je crois que nous serons amenés à nous côtoyer souvent, vous me paraissez fort sympathique.

Azriel termina sa tâche, et quitta son expression concentrée en laissant le mana s'éteindre dans sa main... Gardant dans son autre main celle du Drow parfaitement guérie, il tira de sa poche un ruban de soie rouge sombre, dont il banda lentement les ravissants doigts fins de son patient, en profitant au passage pour effleurer moins innocemment sa paume, puis le relâcha à regret.

Eh bien, doux Sire, vous voilà réparé, dit-il avec un sourire suave. Ne vous sentez-vous pas mieux? Un verre d'alcool serait-il apte à effacer toutes traces de cet accident, et détendrait-il votre charmant visage? C'est là le seul remerciement que j'accepterais...

La voix de Rhadya se fit... ne se fit alors pas entendre, préférant comme à son habitude se passer des moyens de communication habituels...
Azriel arqua un sourcil en entendant les récriminations de la belle, et lui sourit avec douceur.

Je ne sais pas quel sens vous donnez au mot beauté, ma Dame, répondit-il d'une voix caressante, mais pour moi, il n'est rien que je place au-dessus, non pas de cette qualité, mais de cette grâce, de ce don céleste qui fait que l'on ne peut oublier votre visage après l'avoir ne serait-ce qu'entr'aperçu... Et je maintiens que la froide beauté de votre visage immobile, figé dans sa perfection, n'est pas moins admirable que la délicatesse des cristaux de neige qui couvrent le monde de leur étreinte glacée durant l'hiver...
Quand à ce que vous reprochez à mon mode d'expression... Le sourire d'Azriel se fit ironique.
... "Sincérité", "sobriété", quels admirables concepts, en effet! Mais je préfère les laisser à ceux dont la chancelante imagination les rend nécessaires, à ceux qui, ne sachant orner la vérité par de chatoyants artifices, ne sachant détourner la réalité pour la rendre moins fade, ne sachant s'exprimer que pour aller laidement droit à un but terne, ignorent ainsi les capacités de notre langue, ignorent cette magie des mots de transformer cette brutale réalité en une brève féérie, et collent donc à la simple vérité, comme un oiseau incapable de s'envoler...

Il s'inclina profondément devant Rhadya avec un sourire ingénu.

Veuillez me pardonner... Mais ne le prenez pas pour vous, bien sûr...

Il se retourna ensuite vers le Drow en souriant d'un air charmeur.

Que voulez-vous, "doux ami", soupira-t-il en insistant langoureusement sur les deux derniers mots, il semble que je ne puisse laisser personne indifférent...

- Difficile de rester indifférent, en effet...

"Je vais le tuer... je vais le tuer !"

Seyd croisa les bras, au cas où Azriel aurait voulu s'assurer de la santé de ses doigts une nouvelle fois... et vérifia que rien d'autre ne dépassait. Qui sait où cet oiseau aurait pu avoir l'idée de chercher une prise...
"Ca doit être pour décourager des... censuré... de cet acabit que certains se trimballent avec des armures qui doivent peser dans les cinq-cent livres au bas mot juste pour traverser la rue"
Le voleur rajouta mentalement : heaume, cotte de mailles et armure intégrale sur sa petite liste des commissions en vue de sa prochaine visite impromptue chez un forgeron, avant de fixer Azriel avec un regard noir.

- Appelle-moi encore "doux ami" et je t'étrangle avec ton ruban de soie, est-ce clair ?

Un coin de la bouche de Rhadya se souleva en une ébauche de sourire. Elle leva sa serre acérée à hauteur de ses yeux, la ferma, la rouvrit, puis la rechangea en main humaine. Elle expliqua:

*La forme humaine n'est en effet que la forme secondaire de ma race. Merci de votre appréciation. Je me permets de vous la retourner Symbelmyne.*

La femme brune leva son verre comme pour porter un toast, puis le ramena au niveau de sa bouche et y trempa les lèvres.

*Hebi le bâton, ce breuvage est délicieux. La petite pointe d'alcool pour rehausser le goût mais sans dénaturer la boisson en provoquant l'ébriété est idéale. C'est très bien dosé. Merci.*

Son regard de rapace se posa sur le drow et elle lui tendit son verre. Elle fit l'effort de s'adresser à lui avec sa voix un peu rauque un rien sensuelle:

- Voulez-vous goûter? Recette d'Hebi le bâton. C'est très bon!

Azriel retourna un sourire suave au Drow, si charmant quand il s'énervait, à donner envie, au choix, de le cajoler, ou de le pousser à bout un peu plus...

Il s'approcha imperceptiblement, et leva une main apaisante.

Voyons, je ne savais pas que vous étiez adepte de ce genre de pratiques, mon très cher... Je n'y suis guère habitué, à vrai dire, mais pour recevoir un regard noir de ces yeux verts, et sentir le toucher de ces doigts fins, que ne ferait-on pas... ajouta-t-il d'un air malicieusement rêveur.

Pour ce qui est de vous nommer, poursuivit-il avec son sourire le plus charmant, ce serait avec plaisir que je caresserais votre nom de mes lèvres, si seulement je le connaissais... Notre rencontre ayant été quelque peu mouvementée, je dois hélas me contenter des doux noms qui me viennent aux lèvres en vous contemplant...

Il marqua une pause, se tourna en direction du bar puis susurra par-dessus son épaule:

Mon doux Seigneur...

Souma-kun entra bruyament dans l'auberge...

Une biere la gueuse!Et que ca saute!J'ai le gosier sec et un peu d'or en poche!Il faut bien que ca serve a me rassasier histoire d'oublier un moment que le monde dans lequel je suis idolatre l'amour et la gaieté...

Une serveuse au forme généreuse mais a piètre allure lui apporta un liquide nauséabond.Tout de suite Souma-kun s'enerva.

Hola serveuse!Tu ne crois pas que je vais boire ta pisse de rat!Apporte moi quelque chose de bon si tu ne veux pas que je fasse valser tes dents a l'autre bout du Lordnor!Et ca serais un spectacle peu flatteur pour les pauvres pochtrons de ce bar miteux qui sont plus habitués a te voir te dénuder pour quelques piecettes...

La serveuse s'excusa prestement et lui apporta cette fois ci un doux hydromel que le sieur Souma-Kun avala d'une traite.

Aaaaaaaaaaah.Ca va mieux maintenant!Un autre verre pour me tenir compagnie!C'est pas que je sois d'humeur a boire mais les tetes des autres clients me font tellement peur que pour les supporter je me dis que seul un état second pourrait m'aider.

La serveuse lui apporta donc sa biere pendant que le puissant Souma-kun devisageait les autres poivros.Il faut dire que ceux-ci avaient autant de classe qu'un dresseur de puce dans un bouiboui perdu au fin fond de la terre perdue des Némésis,connue pour etre le repaire de fieffés coquins et autres coupes gorges qui dévalisaient les pauvres mort-vivant sous couvert de nobles ideaux.
C'est alors qu'un des clients s'approcha du majestueu Souma-kun

Dis donc toi,j'aime pas trop comment que tu causes....Si nos tetes te reviennent pas,on peut toujours aller s'expliquer dehors!

Souma-kun,le regardant negligeament,fit un geste dans sa direction et aussitot le coquin s'envola de 3 metre avant de retomber a terre inanimé

T'as bien de la chance que je te laisse la vie pour m'avoir parlé de cette facon.
Bon de toute facon il est temps d'y aller,l'air ici est aussi respirable que dans le derriere d'un orc ou encore d'un Némesis.Salut la compagnie,j'espere que vous rencontrerez votre destinée plus tot que prévu!

Et Souma-kun le fier laissa la une clientele abassourdies par tant de bienseance et de manières.On ne pouvais pas dire autant du pauvre homme qui avait importunné Souma-kun et qui finalement avait succombé a ses blessures.Le malpoli!Car apres tout,la mort résulte toujours d'un manque de savoir vivre...

- Très volontiers, vous en dites un tel bien que ce breuvage me semble être divin. Hebi travaille bien, il devrait songer à se reconvertir. J'espère seulement que votre boisson n'est pas destinée à réveiller comme l'était la mienne... Plus réveillé que réveillé... surexcité peut-être ?

Symbel prit délicatement le verre des mains de Rhadya, y trempa ses lèvres pour s'assurer que la boisson n'allait pas lui faire dresser les cheveux sur la tête, puis en but une gorgée. La demoiselle avait dit vrai, c'était délicieux.
Soudain un individu plus qu'étrange entra dans l'Auberge, exécuta un numéro des plus surprenants et partir aussi soudainement qu'il était apparu. La clientèle se tut un instant, ne sachant trop comment réagir, puis les conversations repartirent petit à petit, la plupart à propos du singulier personnage qui venait de sortir. Symbel, quant à lui, se tourna de nouveau vers Rhadya et lui tendit son verre, qu'il avait oublié dans ses mains suite à l'agitation qui venait d'avoir lieu.

- Faites excuse, Mademoiselle, j'ai quelque peu accaparé votre verre.

- Je-ne-suis-pas...

Seyd eut un geste excédé. Il serait plus juste de dire que son poing serré avait esquissé une trajectoire qui passait par le nez de son interlocuteur, avant de dévier presque aussitôt.

- Et... et flûte !

Il enfonça les mains dans ses poches pour ne pas céder à un mouvement d'humeur qui aurait empêché définitivement le flagorneur de se moucher par les voies normales et lui aurait sans doute permis d'expérimenter les joies du rhume de cerveau dans le sens propre (ou sale, selon les points de vue) du terme...

- Seyd ! Satisfait ? Bon, eh bien je vais me payer moi-même un verre de... de n'importe quoi !

Le drow contourna -largement- Azriel et fondit sur le comptoir. Ou, plus exactement, il mit les deux causeurs qui s'y trouvaient déjà en grande conversation entre lui et ce satané personnage.
Le filou, d'habitude si prolixe, se contenta de leur adresser un signe de tête plus que nerveux et entreprit de chercher frénétiquement quelle formule de politesse on pouvait bien placer avant "Un verre de tord-boyaux ou une hache, par Malgr !", sachant que la formule de politesse en question devait s'adresser à un...
... bâton-tavernier-assistant ??

"Oh, mais quel pays de fous..."

Le bâton avait difficilement cessé ses convulsions involontaires;

- Merci dame Rhadya, je suis ravi que mes concoctions vous plaisent. A vrai dire, j'ai au fil des années accumulé de nombreuses recettes, et cela faisait longtemps que je brûlais de les mettre en pratique.

S'adressant ensuite à Seyd

- Bien le bonjour messire drow. Vous avez l'allure de quelqu'un qui a désespéremment besoin de quelque chose de fort. On dirait bien que le sieur Azriel ne vous laisse pas tout à fait indifférent, bien que les sentiments qu'il vous inspire ne soientt pas tout à fait ceux qu'il escompte. Essayez donc ceci, ça vous fera du bien. Offert par la maison, en récompense pour la représentation hautement comique que vous venez de nous donner bien malgré vous.

Un tout petit verre atterit devant le drow.

C'est toujours avec un demi-sourire que Rhadya récupéra son verre.

*Ne vous en faites pas Symbelmyne. C'est quand même moi qui vous l'ai proposé!*

L'autre drow vint s'accouder au bar. Il semblait nerveux. En colère aussi. Ayant subi elle aussi les attaques des mots poisseux du sieur Azriel, Rhadya compatissait pour le jeune drow.

*Hebi? Voulez vous bien servir à Symbelmyne et ... Seyd je crois la même boisson que la mienne, je vous prie?*

L'aubergiste de bois s'exécuta. Elle poussa un verre devant Symbel et tendit l'autre à Seyd.

*Accepterez vous de trinquer avec nous? Il serait dommage que vous restiez renfrogné. Après tout ce n'est pas vous qui avez essuyé un refus de la part de votre proie...*

Elle adressa un clin d'oeil au jeune drow. Reportant son attention sur le beau mâle qu'était Symbelmyne, elle laissa échapper:

*J'avais oublié qu'avoir de la compagnie était agréable...*

Se reprenant:

*Etes vous d'accord pour boire en ma compagnie Symbel? Je n'ai même pas demandé votre avis!*

Durant la conversation, elle avait veillé à introduire Hebi le bâton, Symbelmyne et Seyd dans sa télépathie. Elle ne voulair pas être discourtoise en excluant l'un d'eux.

Symbel accepta volontiers la proposition de Rhadya. Boire en si agréable compagnie était rare pour lui, qui préférait généralement la solitude des grands espaces. Il leva son verre en signe de reconnaissance pour Rhadya, puis en signe de sympathie pour son frère Drow, et sirota la boisson. C'était décidément très bon. "Je penserai à capturer Hebi pour le transporter partout avec moi, se dit-il. J'espère qu'il est aussi fin cordon bleu."

- Ce don de télépathie est rudement pratique, dit Symbelmyne à la demoiselle après avoir remarqué que les deux autres compères avoisinants semblaient réagir aux paroles qu'il entendait dans sa propre tête. A-t-il des limites ? Je veux dire, sur quelle distance pouvez-vous transmettre vos pensées ? Quelque part j'envie cette aptitude à transmettre vos paroles à de nombreuses personnes sans même ouvrir la bouche. Il but une nouvelle gorgée. Est-ce à sens unique, ou bien captez-vous les pensées des gens proches de vous ?

Autant ne pas se mentir : Symbel avait prit conscience que voir ses pensées comme dans un livre ouvert lui apparaissait comme une perspective peu réjouissante. D'une part, il aimait voir les gens s'évertuer à essayer de deviner ses pensées et sa psychologie, et d'autre part n'importe qui aime que les pensées les plus privées le restent.

A peine Seyd eut-il vidé son premier verre comme s'il se fut agi d'eau claire qu'un second lui fut mis entre les mains.
Qu'à cela ne tienne : puisqu'une liqueur qui devait être à peu de chose près capable de réveiller un mort -ou d'achever un vivant- ne lui faisait ni chaud ni froid, il valait mieux tabler sur la quantité que sur la qualité pour espérer un quelconque effet...

- Trinquer ? Volontiers, volontiers... Merci pour le verre, au fait.

Le drow se plia aux règles de politesse d'un air absent, tout absorbé par la surveillance des mouvements d'Azriel : cette fois-ci il préférait avoir le temps de le voir arriver... Il avait déjà repéré une porte qui donnait sur l'arrière-cour, au cas où l'ennemi amorcerait un nouvel assaut.

Seyd fut soudain pris d'une hésitation et reposa le second verre auquel il n'avait pas encore touché. Le goût de la liqueur avalée distraitement deux minutes plus tôt lui rappelait quelque chose...
"Sacrédié, la décoction infernale d'Alaren !"
Le temps que le souvenir se fraye un chemin jusqu'à la surface de ses pensées un rien perturbées, une sensation cuisante se manifesta le long du trajet suivi par le liquide.
Le drow s'étrangla et se détourna pour tousser comme un perdu, une main agrippée au comptoir.
Il se redressa, les larmes aux yeux, puis s'adressa au bâton-tavernier d'une voix enrouée :
- Mes compliments pour ce... remontant. C'est... on peut dire que c'est efficace !