En lisant la discussion lancée par notre ami Sire au sujet des valeurs qui se perdent de nos jours et notamment le refus des pucelles d'honorer leur suzerain dans les règles et considérant que cette histoire de "droit de cuissage" m'a toujours semblé un peu capilotractée je suis allé me documenter sur le sujet.
Tout d'abord je n'ai rien trouvé de concluant sur la "prima noctae" si ce n'est une définition semblable à celle de "droit de cuissage". Si quelqu'un connaît ou pense connaître la différence entre les deux qu'il parle maintenant ou se taise à jamais.
Venons-en au sujet qui nous préoccupe : Le droit de cuissage.
Je vous invite tous à aller visiter l'article de wikipédia sur le droit de cuissage :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_cuissage
ainsi que ce lien fortement instructif (notamment sur le sujet de la "preuve historique" et les abus qu'on peut en faire) :
http://www.zetetique.ldh.org/cuissage.html
Une autre source fait référence à une coutume qui consisterait, de la part du seigneur, à glisser une jambe nue dans le lit des mariés le jour des noces afin de confirmer symboliquement sa suzeraineté sur la descendance à venir (ce qui ensuite par déformation aurait mené les gens à croire en l'existence d'un droit au seigneur de glisser d'autres parties de son anatomie dans le lit). Coutume qui semble plutôt grotesque et peu crédible. Imaginez-vous un seigneur aller mettre une de ses nobles gambettes dans les draps crasseux de ses serfs. Personnellement je n'y crois pas. Le seigneur avait sans doute autre chose à faire que d'aller se déshabiller chez les gueux à chaque mariage et pour effectuer un geste aussi ridicule.
Les sources parlent le plus souvent d'un impôt financier payé par le serf le jour du mariage ou bien une taxe si la mariée allait convoler sous la juridiction d'un autre seigneur. La rumeur du "droit de cuissage" serait venue plus tard (pendant la révolution apparement) de la part de gens visant à discréditer le système féodal.
Ceci étant dit il semble plus que probable que des abus aient eu lieu, ayant mené les gens par la suite à penser que ce genre de pratiques existait en tant que règle établie. Il ne semble pas absurde que des seigneurs aient tenté d'obtenir par la force les faveurs de leurs gueuses. Même de nos jours dès qu'un homme possède un quelconque pouvoir sur des femmes il n'est pas si rare que ça de le voir en profiter de manière importune (je pense notamment au harcèlement sexuel sur le lieu de travail de la part de certains patrons) alors de la part d'un seigneur qui avait un pouvoir considérable sur ses serfs, dans le contexte particulier du Moyen Âge, ce serait plutôt le contraire qui serait difficile à croire.
Finalement mon avis sur la question est le suivant : Il n'y a jamais eu de "droit de cuissage" en tant qu'usage reconnu par une quelconque juridiction mais cela n'a sans doute jamais empêché les seigneurs moyenâgeux d'aller taquiner la gueuse quand cela leur plaisait (de grands gars en armure et armés jusqu'aux dents ça vainct pas mal de réticenses...).
Voilà la petite compilation de données que j'ai pu effectuer. Pour plus d'informations vous pouvez toujours aller consulter les sites cités plus haut ou mener par vous-même des recherches (dont je vous convie à partager les fruits avec la communauté dans ce topic).