Inscrit le: Mar 04 Juil, 2006 16:01 Messages: 34
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Deux semaine…deux semaines de retard et Skaïa sentait déjà en elle de nombreuses transformations : elle était plus sereine, plus tendre. Ses cheveux étaient plus lumineux, sa peau plus douce, ses fesses et ses seins plus fermes. Souvent elle s’arrêtait devant un miroir se mettant de côté, tentant de voir l’évolution de sa silhouette. Elle se sentait envahie d’un bonheur incommensurable. Un immense sourire illuminait constamment son visage, nul ne pouvait ignorer son changement d’humeur. Elle était radieuse, pleine de vie. Où qu’elle aille, elle ne se sentait plus seule. IL était là aussi avec elle, cet enfant, ce petit bout de vie en elle. Pourtant ce secret elle le gardait pour elle, elle le gardait en elle, le protégeant jalousement. C’était à elle, c’étaient ses moments de bonheur. Un bonheur égoïste, mais qu’elle se sentait en droit de revendiquer. Des moments calmes, tranquilles qu’elle partageait avec son enfant. Une nouvelle présence dans ce château où elle se sentait si seule…Un secret qui la réconfortait, lui redonnait courage et sourire. Elle prenait très à cœur sa nouvelle responsabilité de mère, se sentant revivre.
Emplie de cette joie elle se promenait dans le château, voulant tout montrer à son enfant. Un jour elle arriva dans la salle principale et y trouva son mari en compagnie de plusieurs hommes. Surprise, puis gênée de son intervention elle voulut partir, mais Reynac la retint.
Reste un peu Skaïa, je ne te vois jamais, mes amis non plus. L’autre jour l’un d’entre eux doutait que tu sois encore en vie. Approche, n’aie pas peur, ils ne te mangeront pas… ou du moins pas de la manière que tu crois.
Il partit d’un grand éclat de rire, hilare de la plaisanterie qu’il venait de faire. Il s’approcha alors de sa femme, et sans une once de fierté lui prit la main et le présenta à ses compagnons. La main de Skaïa était tremblante, elle afficha néanmoins un faible sourire.
Voici le nain Trofic, présenta son mari, il n’en existe pas deux comme lui sachant manier la ruse et la hache, à sa droite se trouve un de mes plus fidèles compagnons le seigneur Edward le pieux…Pas besoin de t’indiquer d’où il tient son nom.
S’ensuivit, plusieurs rires gras, comme si l’humour de Reynac était sans pareil.
Enfin pour terminer je te présenterai mon cher Rhomin de Virzac, il me semble que vous possédez certaines choses en commun, ne serait-ce qu’un goût prononcé pour les oreilles pointues. Voici parmi mes plus fidèles compagnons, je confierais ma vie à n’importe lequel d’entre eux.
Skaïa resta interdite quelques instants, dévisageant celui qu’on venait de lui présenter. Elle s’était crue jusqu’à présent la seule elfe dans ce château, et voilà qu’on lui présentait l’un des siens. Son visage s’illumina, ses yeux se plissèrent, ses lèvres dessinèrent un joli ovale sur son visage fin. Rhomin prit la main de Skaïa et la baisa :
Une légende prétend que les femmes elfes sont les plus belles qui soient, nul besoin de légende pour voir à quel point ceci est véridique.
Les joues de la jeune elfe se colorèrent d’un rose pale, elle baissa les yeux. Lorsqu’elle les releva elle y croisa le regard de Rhomin. Une teinte dorée relevait ses yeux noirs et son visage pâle.
Reynac s’esclaffa devant la mine gênée de son épouse, il lui donna une petite tape sur les fesses et déclara :
Et bien Rhomin si vous alliez promener un peu ma femme ? Il fait trop chaud à l’intérieur, la preuve elle rougit.
Il rit tout haut puis se retourna vers Trofic et Edward. *Imbécile* pensa Skaïa, néanmoins la perspective d’une promenade la réjouit. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait eu l’occasion de parler à quelqu’un.
Elle se promena toute l’après midi, le présence de Rhomin était des plus agréables. Elle put parler de tout, de musique, de chant, de son village de Taroine. De sa solitude dans ce château, de sa joie de pouvoir parler à quelqu’un. Tel une gamine, elle racontait tout, ses peines, ses peurs, ses envies. Rhomin l’écoutait d’un air amusé. Tant de pureté et de passion s’échappaient de cette étrange femme. Lorsque le jour déclina, elle emmena Rhomin dans un endroit connu d’elle seule au fond du jardin et lui montra le coucher du soleil. Tandis que celui-ci laissait perler l’éventail doré de ses rayons, illuminant une dernière fois de multiples paillettes le ciel orangé du soir, Skaïa se tourna vers Rhomin et murmura :
Merci…Merci pour cette journée…Merci pour tout…
Il lui prit le visage, la regardant intensément et répondit d’une voix douce :
De rien…ce fut un plaisir que de passer cette journée avec une demoiselle aussi ravissante. Le soleil se couchant, la nuit tombant je dois vous avouer que l’envie de danser me prend.
Skaïa baissa ses yeux noirs, et regarda le sol. Elle se sentait gênée, et d’une toute petite voix répondit :
Je ne sais pas danser…
Rhomin sourit, tant de spontanéité et de fraîcheur c’était remarquable. Il attrapa le menton de l’elfette, redressa son visage et lui murmura dans un sourire :
Je serais alors ravi d’être votre professeur…
Le sourire qui illumina le visage de Skaïa fut pris en gage de réponse. A dater de ce jour, Skaïa et Rhomin se retrouvaient régulièrement pour des promenades sans fin, des discussions à perdre haleine et surtout pour des cours de danse. La jeune elfette se sentait comblée entre ce nouvel ami et son enfant à venir. Tous les soirs avant de s’endormir elle s’asseyait au bord de la fenêtre et chantait une chanson douce et paisible.
Durant toute la chanson, elle passait la main sur son ventre heureuse du petit être qui l’habitait, heureuse de voir sa vie changer, de tout ce qu’elle ressentait. Heureuse de la tournure que prenait sa nouvelle vie. La présence de cet enfant en elle était indescriptible, seules celles qui ont déjà ressenti ce sentiment peuvent comprendre. Elle pensait à Rhomin…Rhomin toujours si souriant, Rhomin toujours si présent. De nombreuses fois, elle aurait voulu s’abandonner complètement au sourire ravageur de l’elfe, à sa douceur…Comment se faisait il qu’un être aussi généreux et attentionné soit auprès de son mari ? Lorsqu’elle pensait à ses mains douces et expertes, ou à ses lèvres rouges et souriantes, elle avait envie de les croquer, les lécher… pourtant elle n’y arrivait pas, quelque chose la bloquait, quelque chose l’empêchait d’être à lui totalement. Elle se surprenait parfois à danser toute seule, s’imaginant tout contre lui.
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Un soir alors qu’elle était assise à son habitude prés de la fenêtre, Reynac entra. Son visage était dur, ses mâchoires crispées. Skaïa venait de finir sa chanson, lorsqu’il pénétra brusquement dans la chambre. Elle tressaillit, d’habitude il ne venait jamais la voir, préférant la présence des servantes à la sienne. Elle croisa son regard, soutenant celui-ci. En d’autres temps elle se serait enfermée dans la salle de bain, attendant qu’il se calme. Ce soir elle n’avait plus peur, elle allait se battre. Elle ne voulait pas que son enfant ait une mère lâche :
Et bien cher époux vous me semblez contrarié ? Que me vaut l’honneur de votre visite ? Je pensais la couche de Sylvia plus agréable que la mienne…Pourquoi ce changement si brusque ?
Tout cela avait été dit sur un ton de défi, Skaïa planta ses yeux dans ceux de Reynac… Elle n’avait plus peur… plus du tout… Reynac s’approcha de l’elfette, lui arrachant son vêtement. Là apparut le ventre de Skaïa, celui n’était pas encore totalement rond, mais on y décelait déjà les premières formes dues à sa grossesse. Comme une petite madeleine en bas du ventre, une dune de sable naissante. Reynac murmura :
Alors c’est vrai…ce que l’on dit est bien vrai…
Son regard s’adoucit, et pour la première fois depuis leur mariage, il prit Skaïa dans ses bras, la serrant très fort…
Merci…merci petite chose…
Ce contact la surprit, cette marque de tendresse. Elle ne s’attendait pas à une telle preuve d’affection de la part de son mari. Lui qu’elle avait toujours jugé comme un porc sanguinaire. Brusquement il la repoussa, quelque chose semblait lui faire peur. Il la prit par les épaules, et la secoua si fort que Skaïa sentit un tressaillement en elle.
Est-il de moi cet enfant au moins ? En suis-je réellement le père ?
Skaïa le regarda alors d’un air méprisant. Sur un ton sec et cassant elle lui répondit :
J’en suis la mère ça je peux te le garantir.
Reynac resta sans voix, Skaïa reprit :
A mon plus grand regret personne d’autre n’est venu me connaître plus… intimement… Un enfant ne tombant pas du ciel… Il ne peut que s’agir du tien… Mais…
Elle pointa son doigt sur son mari et continua :
Il s’agit autant de mon enfant que du tien…tâche de ne pas l’oublier. Maintenant je me sens fatiguée, le petit être que je porte en moi aussi. Si tu voulais bien me faire le plaisir de te retirer, je pourrai aller me reposer…
Elle jeta un coup d’œil rapide à Reynac, celui-ci avait changé d’expression.
N’y songe même pas…
Il revint prés d’elle, l’œil toujours brillant. Skaïa se débattit, elle voulait s’enfuir. Partir loin… ailleurs. Reynac l’immobilisa et la plaqua contre le sol. De fines larmes coulèrent sur les joues de Skaïa, elle ferma les yeux et entama une berceuse pour son enfant…
Dors cher enfant dors… n’aies pas ça à subir toi aussi… Fuis ailleurs si tu le peux.
Elle sentait les mains moites de son mari, son corps sur le sien, son souffle prés de ses oreilles. Une douleur immense déchira son ventre lorsqu’il tenta d’entrer en elle, elle poussa un cri si puissant que Reynac s’arrêta. Elle le repoussa puisant dans ses dernières forces. Elle resta sur le sol de sa chambre pleurant les mains sur son ventre. Son mari était à côté, et la regardait, il avala difficilement sa salive, les yeux grands ouverts, il voyait sa femme étendue impuissante par terre. Le jeune elfette était anéantie, elle avait parfaitement compris ce qui se passait en elle, elle savait très bien ce que signifiait cette déchirure. Elle jeta un œil inondé de larmes sur ses jambes, celles-ci étaient baignées de sang. Elle se souvint alors de la phrase qu’elle avait prononcé auparavant : fuis ailleurs si tu le peux…Dans un sanglot elle murmura :
Ce n’était pas ainsi que je l’entendais…
Elle se leva tant bien que mal, retombant aussitôt. Son mari voulu l’aider, ses gestes étaient pires que des brûlures. Elle cria, elle le griffa, elle le mordit puis rampa jusqu’à la salle de bain et s’enferma.
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Elyra était toujours en train de peigner la belle undead, celle-ci dans un instant de colère la repoussa et la griffa. Surprise, la jeune Elfette regarda son bras, celui-ci avait été déchiqueté tout du long. Le sang commençait à couler sur sa robe. Avant qu’elle ait pu ouvrir la bouche Skaïa l’agressa :
Je ne crois pas t’avoir demandé de toucher mes cheveux ? Je me trompe ? Qu’espères tu ? Que nous devenions amies ? Je t’en prie ne sois pas si stupide. Penses tu sincèrement que je te confierais mon histoire si je n’avais pas l’intention de te tuer par la suite ? Qu’est ce que cela peut te faire de savoir que le sort s’est acharné sur moi et que j’ai fini par être lâche ? Je suis seule responsable de ma vie et des erreurs que j’ai faites, je n’ai besoin de personne pour me plaindre ou au contraire me mépriser. Et je n’ai par-dessus tout pas besoin d’une Elfe !
Skaïa se leva, une foule de sentiments contraires l’envahissait. D’un côté elle voulait de nouveau se jeter sur l’elfe et la tuer, la rouant de coup, la défigurant de manière à ce qu’elle ne soit pas reconnaissable. Un rapide coup d’œil sur la louve la fit changer d’avis. De l’autre côté, se confier lui faisait du bien. Elle grimpa alors sur un arbre, s’asseyant sur une branche. Mettre une distance entre elle et l’elfe lui était déjà plus supportable.
Je te laisse le choix : si tu veux partir tu le peux, je ne te retiendrai pas. Si tu veux savoir la suite, reste. Mais alors il faut me promettre une chose en retour : ne me juge pas ! Et…
La voix de Skaïa s’engloutit au fond d’elle-même :
Non rien…ne me juge pas c’est tout…
Elyra n’avait pas compris ce brusque retournement de situation. Pourquoi Skaïa tout à l’heure si douce était redevenue si cruelle, si sauvage ? Entendant les paroles de la jeune undead, tout se fit clair dans son esprit. Revenir ainsi sur ses souvenirs était douloureux, et provoquait chez Skaïa divers sentiments. Sentiments mêlés de peur, de honte… voire de culpabilité. Elyra se doutait que l’histoire de la jeune femme n’était pas finie, et à en juger par son anxiété le pire allait arriver.
La douce elfette secoua ses cheveux faisant apparaître une aura de lumière, elle sourit et dit en direction de Skaïa :
Pourquoi te jugerais-je ? Je n’ai pas cette prétention, je prends déjà cela comme un honneur que tu te confies. Jamais je ne te jugerai. Je te fais cette promesse Skaïa. Puisses tu y voir toute la sincérité de mes propos. Tu sembles perdue, je veux t’aider, te tendre une main qui trop souvent t’a été ôtée. Je veux que nous devenions amies, cela est vrai, je veux pouvoir te soulager, je veux pouvoir tout partager…Peut être est ce utopique de ma part, mais quelque chose d’irrésistible m’attire vers toi…J’aimerais pouvoir à l’avenir te présenter comme une amie, et avoir l’honneur que tu dises la même chose.
Skaïa ne répondit rien, restant perché sur son arbre. Trop tôt, il était trop tôt pour ce genre de décision. Elyra semblait accepter le passé de l’undead ; il s’agissait de voir comment elle réagirait à la suite de son histoire. La belle elfette semblait vouloir savoir la suite : elle allait être servie.
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