Inspirant avec circonspection l'arôme qui montait du sachet tendu par le vampire, Azriel ne put que s'incliner devant cette subtile et pénétrante fragrance...
Vue, ouïe, et maintenant odorat... Quels autres sens allez-vous donc ravir sans qu'on puisse vous résister? Demanda Azriel à Weegs avec un sourire ambigu.
Quant à vous, mon cher poète, continua-t-il d'un air taquin, votre Muse impériale serait-elle d'origine végétale? Serait-ce elle, en vérité, que je me devrais d'admirer?
Il effleura les cheveux du poète avec un petit rire chaleureux, avant de se lever pour se diriger vers le bar. Après quelques minutes d'explications calmes, polies et courtoises, puis quelques minutes un rien moins calmes, moins polies, et à peine moins courtoises, Azriel revint avec une tasse pleine d'un liquide sombre, fumant, et à en juger par sa moue dégoûtée, odorant. Il la déposa devant Weegs, avec un sourire navré.
Vous souhaitiez un thé bouillant, au moins vous ai-je trouvé un... liquide bouillant. Quant à sa nature de "thé", je crains qu'elle ne soit sujette à débat, et j'espère que son simple arôme vous dispensera d'y goûter. Je ne me promène pas, hélas, avec des herbes et décoctions aromatiques originaires de mon jardin, mais je possède, si cela vous tente, un excellent flacon de...
Azriel fut interrompu par un bruit d'éclaboussement tout proche, trop proche, et un instinct de conservation vestimentaire inné lui fit faire un léger bond de côté. Se retournant, il s'aperçut qu'un liquide plus à sa place dans un verre s'était offert une fugue sur la tête du poète.
Mes Dieux! murmura Azriel, l'air inquiet. Il vérifia fébrilement que pas une tache ne venait déshonorer sa chemise immaculée ni ses longs cheveux, puis poussa un petit soupir de soulagement.
Quelle heureuse idée vous avez eue, mon cher, déclara-t-il à Weegs avec un sourire, de demander un thé dans un endroit pareil! Sans vous, à coup sûr, j'aurais été éclaboussé, ce qui m'aurait beaucoup déplu, je dois l'avouer...
Mais quel genre d'Auberge est-ce donc, demanda-t-il en haussant un sourcil, l'oeil bleu interrogateur, où l'on laisse les liqueurs se promener en toute liberté? A moins que certains importuns, trouvant trop raffiné le verbe de notre ami, trouvent ainsi une exutoire à la frustration de leur verbale impuissance, et ramènent ainsi le débat au niveau sub-cérébral qu'ils n'ont jamais dû quitter?
Comment vous sentez-vous, mon ami? murmura-t-il au poète avec sollicitude, sans pour autant l'approcher. Je dois avoir dans mes bagages de quoi vous nettoyer... Voire vous changer, ajouta-t-il avec le sourire de qui vient d'avoir une idée agréable.
_________________ En vous voyant, j'ai trouvé la plus belle fleur du Jardin des Délices... Et le plus beau fruit...
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