Forum Heroes' Chronicles

Une caresse si légère qu'il crut l'avoir imaginée, mais comment imaginer tant de douceur, et un parfum si pénétrant? Le regard d'Azriel se perdit un instant dans les yeux d'automne qui lui faisaient face, si chaleureux, si brillants, à se croire dans une tiède forêt aux feuilles changeantes...

J'ai toujours su que l'automne était la plus belle des saisons, murmura-t-il comme pour lui-même.

Il s'apprêtait à prendre de ses lèvres la mesure du sourire de la belle, quand un brouhaha confus derrière lui l'arrêta. Un coup d'oeil lui suffit pour se rendre compte des intentions rien moins qu'aimables de la jeune morte vivante envers l'elfe. Le sourire qu'elle affichait était plus sinistre qu'une armée de cadavres loqueteux dans une réception mondaine.

Mais elle va me le tuer, cette furie! soupira-t-il avec agacement. Se tournant avec un sourire d'excuse vers la guerrière blonde, il embrassa une mèche dorée avant de se redresser.

Pardonnez-moi, ma Dame, une urgence... Mais, toute déesse que vous soyez, que j'ai toujours su que vous étiez, et tout guerrier que soit votre tempérament, rappelez-vous, je vous prie qu'il existe maintes façons plus raffinées de mettre fin à la vie d'un être... Et ma pudeur me défend de vous voir vous battre à mains nues...

Avec un clin d'oeil, il s'éloigna, puis revint impulsivement poser un baiser léger sur les lèvres de velours de la belle.

Soyez sûre que dans mon coeur, votre cadeau brille plus que toutes les étoiles du ciel... murmura-t-il avec un sourire.

Il alla ensuite nonchalamment se poster entre la morte-vivante et l'elfe, visiblement peu émotif.

Ma chère et délicieuse enfant, c'est avec un ravissement extrême que j'entends, d'une part, sortir mon nom de si douces lèvres, et d'autre part, un tel flot d'éloquence jaillir d'une créature si jolie, et jusqu'ici, tellement silencieuse et timide...

Cependant, continua-t-il d'une voix aussi caressante que son sourire, tout en s'approchant d'elle, je crains que cette manière de socialiser, malgré la satisfaction qu'elle peut vous apporter à court terme, ne se montre bien décevante passées les premières minutes... Or, je tiens, moi, à ce que les échanges durent plus longtemps, j'aime sentir la saveur des mots des autres, et s'il faut éliminer, quelle manière plus raffinée que de tuer d'une phrase?

Quel plaisir vulgaire, que la brutalité, et comme il sied peu à votre délicate joliesse... N'avez-vous jamais éprouvé le plaisir de la beauté fugace d'une phrase bien tournée, la délectation dans le venin savamment instillé d'une boutade assassine? Ne voulez-vous point goûter à ces festins volatiles, au lieu du brouet insipide et plat que je ne servirais pas à un serviteur bossu, boutonneux, et habillé dans un rideau d'auberge de troisième catégorie? Poursuivit-il en levant une main amicale dans sa direction.

Je n'ai pas le pouvoir d'empêcher que cet elfe vous revienne en dernier lieu... Mais je peux au moins différer l'instant de ce "dernier lieu"... Quand à me battre avec vous... Azriel sourit avec douceur. Un coup de poignard ne saurait me percer plus efficacement le coeur qu'un de vos regards...

*insolent...insolence si superbe néanmoins*. Skaïa fixa le dénommée Azriel, si il n'avait pas été aussi charmant elle l'aurait démembré sur place. La manière dont il s'exprima lui deplu... elle s'approcha de lui murmurant:

une enfant? viens tâter de mes griffes subtil créature...viens goûter à mes baisers...je tes réserve les plus ardents...

Elle partit d'un grand éclat de rire, rejetant sa tête en arrière, se cheveux volèrent. L'elfe était toujours derrière la toisant du regard, elle poussa délicatement Azriel, le griffant légèrement au passage. Une goutte de sang resta sur sa griffe d'acier qu'elle porta aussitôt à sa bouche. dans un demi sourire elle lui dit:

En souvenir de moi...pour que tu ne m'oublies pas.

Elle se retrouva fac à face à l'elfe, une moue de dégoût s'afficha sur son visage:

Je crois que vous n'avez pas non plus saisi l'ampleur de mes propos.

. Un elfe ...voilà ce qu'elle avait ni plus ni moins en face d'elle...Cette proximité l'écœura, une envie de vomir l'envahit. Pour seul autre parole elle cracha au visage de l'elfe:

trop de monde...trop de gens...Nous nous reverrons.

Un cri interrompit soudain ses propos, Oihana semblait victime d'une de ses crises. Une vamp, et qui plus une undead...voilà ce qui pourra sûrement la calmer. Elle se dirigea vers celle ci,sans pour autant jeter un regard froid et méprisant à Kalays et récupera son couteau .Arrivée à hauteur de la douce undead elle lui demanda:

puis je faire quelque chose pour toi...? entre ses dents elle grinça: et si tu me demandes de tuer de l'elfe je ne me retiens plus..

Seyd émit un son qui ressemblait à la toux d'un chat qui aurait avalé une boule de poils.

Ses récents excès se rappelaient à sa mémoire sous forme d'une rude migraine qui affectait sa belle humeur coutumière.
Il décocha un coup d'oeil exaspéré vers le poète dont les éclats lui perçaient les oreilles. Il avait l'impression que les mots rebondissaient dans sa tête comme des papillons prisonniers sous le verre d'une lanterne.
Pourtant, le sourire fugitif d'Elyra lui rendit l'inspiration :

- Ces duels de paroles et de diatribes poétiques sont moins agréables à l'ouïe que la douce mélodie de voix féminines qui prévalait jusqu'alors, lui confia-t-il non sans un regard prudent du côté de son époux. Ma tête est est certes le témoin malheureux... Cependant, je crains que certains merles ne tardent à souffrir d'autre chose s'ils continuent à chanter si haut.

De fait, la situation faillit bel et bien s'envenimer.

- Allez, cent pièces d'or que la belle et mélancolique créature que voici finira un de ces jours prochains par exiber les yeux de messire le chantre au bout de ses funestes griffes en guise de parure.

Puis, reportant son attention sur Azriel, il égrena tout bas, sans plus rien remarquer de ce qui se passait autour de lui:
- Pédant, fat, suffisant... tsssk, bel aventurier que voilà...

- Bizarement, ces qualificatifs peuvent aussi s'appliquer à toi...

Shandra lui jeta un regard railleur, puis s'intéressa à nouveau aux divers échanges qui brisaient la quiétude relative de l'auberge.

Elle n'était pas indifférente aux événements pourtant elle ne bougea pas d'un pouce. Elle ne voyait aucune nécessité à intervenir. Et elle n'avait aucune influence particulière sur l'un ou l'autre.

Déduction faite de tout cela, elle se carra dans son siège, les mains croisées et un doigt posé sur les lèvres. Lèvres qui se relevaient parfois dans un demi sourire ambigu.

- Et voilà... une seule personne, rien que des mots, et l'équilibre est rompu, ici comme partout ailleurs...

Tout s'enchaina très vite...
Azriel, une fois passée sa séance de galanterie, s'élanca pour s'interposer entre Kalays et le tas-de-bouts-de-peau menacant.
Celle-ci sembla revenir sur sa décision, à contrecoeur, cela va de soi, non sans lui cracher au visage.

"Le silence est l'arme de l'ingénu
Et vous en faites parfaitement oeuvre
Votre geste met sincèrement à nu
Votre tempérament de couleuvre."

Puis vinrent les applaudissements, évènement le plus incongru au milieu de cet air tendu. Se retournant sur sa chaise, il put alors entrevoir Oihana, seule, attablée au fond de l'auberge, son éternel verre de grenadine face à elle.
Puis un cri, qui remémora à Kalays les fréquentes crises d'Oihana.
Enfin, lorsque son agresseuse se précipita pour secourir sa compagne, il n'eut que le temps de se lever lentement de son siège avant qu'Oihana ne se jette au cou de Skaïa.

"À cette jeune undead
Finalement je m'attache
Voila qu'elle me facilite la tâche
Et m'évite une lourde peine."

Il ne pouvait cependant laisser Oihana mettre fin à leur projet de duel, et fut donc le plus prompt à se jeter au secours de sa furieuse attaquante.

Il n'était vraiment pas facile de la décrocher de la buveuse de grenadine, qui tenait ferme comme un prédateur enserre sa proie jusqu'à la tuer.
Il ne cessait de constater qu'elle approchait avec insistance ses canines du bras de la mal-tuée.

"Quel mal aura-t-elle
À lui soutirer quelque fluide !
Cet être dont les veines
De couleur et de vie sont limpides." pensa-t-il.

Sans trouver de meilleur solution, il repoussa violemment Skaïa qui chuta non loin d'eux, et avanca ostensiblement son bras nu sur lequel Oihana expédia immédiatement son dévolu, accessoirement accompagné de ses canines.
Habitué à boire le sang des autres, l'elfe y rencontra presque une sensation agréable, alors'il s'apercevait que l'undeadette tentait désespérement de percer sa peau.
Amusé par la situation, il commenca même a en rire quand la sensation se faisait plus fréquente, au point de le chatouiller.
Cependant, si ses crocs manquaient de tonus, elle lui tenait à-présent fermement le bras, si bien qu'il ne put que gesticuler dans tout les sens pour se défaire de son étreinte, hoquetant par moment de rire...

Thanos observait la scène avec amusement, sirotant son verre que sa si prévenante femme lui avait gracieusement apporté. Il ne put cependant s'empecher de rire au vu de ce qui se déroulait sous ses yeux.

Quelle charmante idée à eu notre elfe cannibale, que de proposer son bras à notre petite furie ! Voilà une situation rare, gravez la dans vos mémoires ! Cela ne manque assurément pas de mordant. Je dois remercier Ohiana qui par son geste inconsidéré parfait la culture pourtant trop complète de Kalays, lui faisait découvrir les délices de la morsure, lui qui est bourreau bien plus souvent qu'il n'est victime !

Nous voici une belle scène de théatre, impressionant de spontanéité. Vous êtes donc venu pour nous divertir ? Soit, vous auriez dû prévenir, cela aurait pu éviter quelques malentendus, et quelques actes mal avisés. Je vous en prie, continuez, en vers ou contre tout !

Mais j'abandonne pour l'heure le poésie, puisque notre damoiseau refuse le jeu pourtant proposé avec une certaine originalité. Il évite le duel de verbe, soit ! Mais je crains que s'il ne s'obstine dans cette voie, il ne doive faire connaissance avec plus tranchant que ses propres paroles, et sans doute plus douloureux au coeur visé...

Il est même possible qu'il rejoigne le menu, pauvre humain jouant et abusant de son corps, et dont la langue serrait certainement un met bien plus délicieux que ses paroles à certains ici présent ! La gent mort-vivante est bien présente par ces temps-ci, et elle se caractérise par une certaine volonté de meurtre... Volonté que vous ne faites, imprudent, qu'exacerber par votre comportement, peut-être point irréfléchi, mais sans doute inadapté au public aviné qui vous toise en ces lieux.

Enfin, le supplice était terminé...
Kalays put enfin reprendre son souffle, au même titre que son bras, alors qu'Oihana se recroquevillait sur sa chaise.
Toute la salle était plié de rire, sauf l'elfe, alors qu'il entrapercevait une larme dévaler sa joue couleur crépuscule.

"Demoiselle, vous ainsi !
Dans un tel chagrin plongée
Pour mon bras de ronger
Avoir entrepris.

N'accordez pas crédit
À cette assistance hilare
Qui de vous se marre
Sans même avoir compris.

Laissez-moi donc vous resservir
Votre grenadine déjà semble fini
Et venez rejoindre mes amis
Que votre compagnie saurait ravir"

Azriel effleura son cou et observa, exaspéré, la goutte de sang qu'il y recueillit au bout de ses doigts. Une tache dont la sombre et riche couleur l'aurait ravi sur tout autre que sur lui...

Enfin, mais sont-ce vraiment à des créatures pensantes que j'ai ici affaire? s'exclama-t-il d'un ton outragé sans se soucier d'être écouté ou pas. Ou réservent-elles l'essentiel de leur bagage intellectuel à différencier le comestible du non-comestible? Je pensais être enfin arrivé chez les bipèdes doués d'intelligence et de parole, mais je crains de n'avoir affaire ici qu'à de pâles esquisses qui préfèrent consacrer à leur bestialité le temps qu'ils négligent de donner à toute activité cérébrale plus complexe que celle consistant à brandir une arme pour l'abattre sur la créature la plus proche... Il jeta un oeil dans la salle peu émue par son discours, s'arrêtant au passage sur le Prince Noir, comme s'il le rendait responsable de la dégénérescence du monde.

Soupirant avec agacement, il sortit un petit miroir ovale de sa poche, et examina son cou. Une petite éraflure rougeâtre tranchait sur la blancheur de la peau.

Regardez-moi ça! Aucun respect pour la beauté, la douceur, le satiné de cette blanche peau, si jalousement préservée des atteintes et de la laideur du monde extérieur! J'espère au moins que vous vous êtes lavé les mains avant d'oser les porter si brutalement à mon cou, enfant impertinente! persifla-t-il, les yeux fixés avec colère sur son miroir. Il grimaça en apercevant un nouveau détail. Et je suppose que vous ne vous êtes pas demandé comment j'allais faire partir cette tache de sang - rouge, je vous le rappelle - de ma tunique bleue!

Il soupira encore et secoua la tête tout en ôtant sa tunique, pour rester en simple chemise, les cheveux savamment ébouriffés autour du col grand ouvert.

Pourquoi diable essayerais-je d'instiller ne serait-ce qu'un infime sentiment de raffinement parmi ces créatures même pas à la hauteur de la beauté dont la Nature les a gratifiées... Si la Beauté est une forme de génie, je crains que ce ne soit le seul génie auquel ce genre de personne puisse prétendre...

Il chercha du regard le Poète qui l'avait tant impressionné, et gémit intérieurement en le voyant rire aux éclats, une mini-vampire accrochée au bras (laquelle ressemblait presque à un accessoire de mode... Du moins, de ce que certains qualifient de mode). Espérant voir quelqu'un mettre un terme à cette situation ridicule, il prit place autour de la table, pour retrouver son verre et les yeux d'automne qui lui feraient oublier que la laideur existait toujours. Ses yeux glissèrent par hasard sur le Drow, et il ne put empêcher un sourire de fleurir sur ses lèvres à la vue de ses yeux furibonds. Il s'installa pour l'observer à loisir, enfin tranquille...

C'était compter sans le Prince Noir, qui mettait apparemment un point d'honneur à troubler sa quiète contemplation par ses réflexions de spectateur placide.

Mon Prince, j'admire avec quelle célérité vous vous habituez au langage châtié, commença courtoisement Azriel avec un sourire affable, vous en paraissez presque princier, permettez-moi de vous dire que cela vous va beaucoup mieux... Il est dommage cependant que vous ne puissiez soutenir cet effort plus de quelques phrases, mais n'est-ce pas déjà un heureux progrès? Il me semble que c'est la venue de ce divin poète qui a ranimé votre mourante muse, vous ne sauriez trop le remercier...

Vous m'aviez donc proposé un jeu poétique? continua-t-il en levant un sourcil, l'oeil bleu ingénu. Je vous prie de me pardonner, je pensais que vous vous lanciez par courtoisie dans une imitation de poète, pour mettre votre invité à l'aise... De plus, il ne me semblait pas que vous vous adressiez particulièrement à moi, je m'en excuse, et vous promets que j'absorberai avec avidité, quoi qu'il m'en coûte, toutes les paroles que vous prononcerez dès à présent!

Cela dit, poursuivit-il d'un ton léger en sirotant sa liqueur, j'avoue ma réticence à me lancer dans le jeu poétique, détestant l'assujettissement de la rime, et ne possédant pas le talent du poète pour concilier musicalité et élégance... Je dois donc me contenter de la prose, et je ne saurais trop vous conseiller d'imiter ma circonspection en vous limitant à votre domaine de compétences, sans doute culinaire si je m'en réfère à vos nombreuses références au "menu" et "objets tranchants"...

Azriel vida son verre, puis se tourna avec un sourire chaleureux vers le poète qui s'occupait de la minuscule Vampire.

Vous joignez-vous à moi? Vous ne sauriez imaginer comme je me languis de vous... Pardonnez-moi, mais j'espère que vous ne saignez pas trop, je détesterais avoir votre sang sur ma chemise... Vous êtes invitée aussi, ajouta-t-il d'un air indifférent, avec un gracieux geste de la main à l'adresse de la jeune morte. Et, pour l'amour du ciel, ne reniflez pas!

Elle se léve, passe devant Azriel et va au bar. Puis revient quelques minutes plus tard deposer une boisson devant le jeune homme

- Pour vous remettre de vos émotions, lui dit-elle avec un sourire charmeur Permettez moi de faire quelque chose pour votre blessure.

Elle lui tourne doucement la tête pour mieux voir la blessure de son cou

- Elle n'a pas l'air bien méchante...

Elle prend le Topaze bleu qu'elle porte sur une chainette en or autour de son cou, puis le met sur la blessure d'Azriel qui se referme immédiatement, ne laissant même pas de cicatrice

- Et voilà, vous n'avez plus rien !

Elle dépose un baiser leger sur le front d'Azriel puis retourne s'asseoir

Elyra, comme toujours était pleine d’affection et de compréhension envers Oihana. Elle la prit sur ses genoux pour la consoler et la non-morte sentit la chaleur de l’elfe l’envahir. Depuis qu’elle avait rejoint les vamps, l’elfe était la seule à lui montrer tant d’attention.
Se sentant un peu mieux, l’undeadette fit un petit bisou sur la joue de sa protectrice et se releva en lissant les plis de sa robe, regardant ses petits pieds.

-Tu fais beaucoup trop pour moi Elyra… je ne suis qu’une morte qui ne mérite pas tant d’attention… Je… je vais voir ce qu’on veut de moi par içi.

En effet, deux personnes l’avaient invitée à se joindre à leur table. En dépit les rires et l’ensemble des moqueries à son encontre, elle ne put aller à l’encontre du sentiment que malgré tout, on voulait bien d’elle – grâce à l’intervention d’Elyra entre autres. Elle leva son regard larmoyant sur Kalays puis sur Azriel, les étudiant l’un après l’autre… et l’un comme l’autre la mettaient mal à l’aise. Le premier par la terrible cruauté, le manque de compassion qui brillait au fond de ses yeux, le second par les hauteurs inaccessibles auxquelles il s’était hissé au moyen de son orgueil.
Et tous deux prônaient la beauté…

Oihana sentit un frisson glacé lui parcourir le dos tandis qu’elle s’entendait accepter d’une voix tremblante l’invitation à se joindre à eux.
Elle prit place exactement entre Azriel et Kalays, n’osant pas lever les yeux vers eux et encore moins prononcer un mot. Elle contempla avec une attention toute particulière (et par cela, comprenez particulièrement exagérée) le fond de son verre, que le manque de grenadine rendait d’un intérêt tout relatif, essayant de comprendre ce qu’exactement on attendait d’elle.

Agacée par Seyd qui ne cessait de s'agiter en ressassant sa mauvaise humeur, Shandra se mit à examiner Azriel avec plus d'attention, très intéressée.

- Messire, ne nous en veuillez pas pour nos manières brutales, la pauvreté de notre verbe et notre esprit si lent à vos yeux, mais il se trouve que le choc de l'acier et des sorts sur notre crâne à quelque peu amoindri les faibles facultés intellectuelles dont nous disposions. De même, le fracas des champs de bataille auquel nos oreilles sont accoutumées nous empêche d'apprécier à leur juste valeur des phrases trop bien tournées. Ne gaspillez donc point le miel de vos paroles avec des êtres pour qui les râles d'agonie et les grognements animaux semblent la plus douce des musiques...

Tout au long de ce discours prononcé sur un ton d'excuse, l'elfe ne se départit pas de son sourire gracieux, mais ses yeux fauves pétillaient d'ironie.