Lorsque je me relève, le silence est revenu. Partout autour de moi on peut voir des vestiges de la récente bataille : les corps étendus par centaines gisent sans vie comme dans un cauchemard et les charognards se disputent déjà les meilleurs morceaux. L'odeur âcre de la putréfaction aggresse mes naseaux et les râles plaintifs des mourants me donnent la nausée. La vallée est innondée du sang de braves, de lâches, d'hommes, d'elfes, de taurens ou d'orcs et quel résultat ? Une autre bataille un peu plus loin. Le bruit de fer qui se croise résonne encore dans ma tête lorsque je décide de prendre la direction de mon royaume, et c'est d'un pas ralenti par une blessure à la cuisse que j'abandonne le charnier aux corbeaux. Malgré toute l'horreur qui m'environne je ressens comme une étrange satisfaction, je sais que la horde à remporté la victoire cette fois-ci et cela me rend fier, presque joyeux et pourtant... une telle boucherie mérite-t-elle qu'on s'en réjouisse d'une quelconque façon ? Je suis las des carnages, épuisé de combattre un ennemi toujours changé et pourtant toujours identique. Je jette un dernier coup d'oeil sur le triste spectacle que j'ai contribué à créer et je pense soudainement à toutes les peines, à tous les malheurs qui ont découlés de mes "hauts faits d'armes"... quel gâchis. Ne saurai-je donc jamais rien faire d'autre que semer la haine et la terreur ? Je rumine encore un moment de bien sombres pensées, mais un son me fait bientôt revenir à la réalité. Ce que je prends d'abord pour un sonnerie d'alarme d'une église proche se révèle en fait être le témoignage sonore d'une fête, aussi je décide d'y conduire mes pas. L'air est plus doux ici, mais les gens tout aussi méfiant et il m'est impossible d'atteindre l'orée du village avant de tomber sur une petite patrouille d'elfes. Harrassé et diminué je décide de ne pas forcer le passage et je reprends doucement mon chemin, mais j'ai le temps d'apercevoir une robe d'un blanc immaculé dans laquelle se tient une jeune humaine au sourire désarmant. Si cette vision m'amusa de prime abord, il m'apparu en effet grotesque de voir que les hommes et les elfes pouvaient s'aimer au point de se marier et quelques centaines de mètres plus loin s'entre-déchirer pour quelques arbres, je fus boulversé par la paix qui régnait autour du couple : les gens étaient heureux, détendus et ils goûtaient enfin au plaisir de vivre. Cette image resta omniprésente dans mes pensées tout le temps du retour et même après lorsque je reconnus la tête des gardes et du couple plantées sur des piques aux abords de la frontière taurenne... Il est parfois dangeureux d'être heureux chez les autres, surtout quand ces derniers ne sont pas responsable de votre bonheur. Ils ne savaient pas... ce sont peut-être des amis qui ont si brutalement mis fin à ce petit bout de joie... et finalement qu'importe ? Ils sont mort maintenant, c'aurait put être pire, ils auraient pu mourir seuls, noyés dans leur malheur.
Tandis qu'un soigneur se démène pour cautériser ma plaie, une étrange image prend place dans mon esprit, c'est une femme à l'allure frêle et pourtant d'une effroyable efficacité redoutable au combat ; à la fois douce pour ceux qu'elle même et sans pitié pour ses ennemis, son nom inspire crainte et respect : Argowal... et pourquoi ne ferais-je pas de cette charmante guerrière ma femme ? Ne serait-ce pas là une excellente occasion de faire la fête et d'offrir à quelques uns un bref moment de joie ?! Bref... c'est vrai, mais un bon moment quand même qui mérite qu'on se donne la peine de le provoquer. La mauvaise humeur sera bannie pour une soirée, mais dès le lendemain, il faudra reprendre les armes si je ne veux pas voir ma tête sur une pique... et bien cela en vaut la peine, mais encore faut-il qu'elle ne me tranche pas la tête pour lui avoir proposer cela... enfin, au moins j'aurais essayé !
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