http://media.putfile.com/Miserere78
Voici la musique écoutée pendant l'écriture, que je vous recommande (sans vous l'imposer^^) (mais je vous la recommande vivement quand même !)
Voici la suite :
C'est après avoir situé ce contexte de despotisation sociale et géographique de la vie en terres elfiques que je puis revenir à mon père.
Comme je l'ai déja précisé, ses titres lui conféraient un rapport direct avec les récents évènements, et il pût de lui-même constater l'ampleur démesurée que prenait la situation.
Aussi surprenant que cela puisse être, ses deux postes lui inspirèrent peu-à-peu du dégoût.
D'abord, du haut de sa responsabilité au Comité de Régulation des Naissances, il pût constater les abominations auxquels se soumettaient les dignitaires du gouvernement. Suite à des périodes chaudes, les femmes avaient anormalement enfanté plus de filles. Ce phénomène s'était étalé sur plusieurs cycles avant de revenir un tant soi peu à la normale. Mais durant cette période, les autorités, affolées par le cataclysme que cela aurait provoquée pour leur politique policière, préferèrent régler le problème "à leur façon". Comme plusieurs femmes elfes, souhaitant ne pas s'attacher à leur enfant avant qu'il ne disparaisse dans l'archerie et, optionnellement, dans la mort, s'en séparaient à peine né, les médecins remplacèrent tout bonnement les enfants femelles en surplus par les mâles abandonnés. Ce qui ne les empêcheraient pas évidemment d'être plus tard enrôlés dans les armées régulières. Quand au devenir des filles, je vous passe l'horreur de les voir disparaître dans des maisons de passe humaines, ou, comble de l'ignominie, en nourriture à tigres argentés pour les unités montées.
Mon père n'a fait qu'obéir aux ordres... Il y a peu que je lui ai pardonné d'avoir renoncé à son droit de véto (illusoire, cela va de soi). Mais sa femme l'aimait, et je venais de naître. Il jouait pleinement son rôle de patriarche, et jamais ne nous aurait affligé le poids de la honte d'un représentant de l'Etat se rebellant contre un système juste aux yeux de tous. Le voici donc, assumant le fardeau immense d'un crime contre la race elfe camouflé en devoir patriotique.
Mais le coup fatal fut porté sur sa deuxième fonction.
Délégué aux Affaires Culturelles, il fut le "meilleur" spectateur de l'irrespect assené à l'art noble qu'est la Culture, le Savoir, souillé par d'inintelligibles profanes.
J'avais déja parcouru mes dix premiers cycles, lorsque la rage intérieure de mon père ne pût plus se contenir en son être.
Il avait tout d'abord joué de son prestige et du respect qu'inspiraient sa fonction et sa personne pour autoriser l'exercice des troubadours et ménestrels, "à titre glorificateur pour l'Autorité" étant son seul compromis imposé.
Mais bientôt, même les sages louant l'altesse des Pontes et de leurs agissements à-travers la musique, la peinture... furent sanctionnés, et l'on entendit bientôt plus une note en terres efliques.
Passant sur les inquisitions d'artistes, je me focaliserai sur le devenir de Celephays.
C'en fut trop pour les hauts-placés, qui décidèrent que, grade ou pas, il fallait punirent aussi sévèrement les artistes de rue que leurs défenseurs. Ainsi, ils firent arrêter mon père, chez lui, en présence de ma mère, et l'incarcérèrent sans lui fournir plus de motifs. Il le conduisirent à sa geôle, perchée en haut d'une tour mais dépourvue de fenêtre, au sein même de la Citadelle Royale. Et là, ils infligèrent la pire souffrance possible à un homme de science. Ils postèrent en premier lieu les deux gardes les plus stupides à l'entrée de sa cellule, deux immondices répondant aux noms de Guaimhayrss et Miko-hel, réputés pour leurs écarts meurtriers sur les gens de foires, pour qu'ils n'entretiennent à mon père que les pires discussions. Pendant trois mois il n'entendit parler que de la croupe des donzelles humaines et des exceptionnelles caves naines, honorées par eux à même hauteur que les femmes des taverniers. Puis, constatant qu'il s'enfermait malgré tout dans son monde d'intelligence, ils le séparèrent de ses gardiens et ne lui laissèrent pour seule compagnie que le lourd silence de la détention.
Un homme, comme une femme ou un enfant, ne peuvent pas vivre sans contact humains, et finissent par dépérir et, inéluctablement, mourir.
Mon père survécu six-cents quarante-huit lunes durant, six-cents quarante-huit lunes que ma mère passa à prier toutes les divinités connues de ce monde pour qu'elles allègent sa souffrance. Et, une nuit comme les autres, son esprit s'éteind, tourmenté par le vide et l'obscurité.
Je sais que mon père a souffert, et qu'il n'a pas eu le repos paisible qu'il méritait. Aujourd'hui encore, après que l'on se soit débarrassé de son corps, je le crois encore possédé par ses tourments, rampant comme un être pitoyable dans les vastes plaines du Nord, égorgeant au hasard des rencontres les elfes s'aventurant au campement nocturne...
Voici l'histoire, aussi louable et miséricordieuse soit-elle, de l'homme qui m'a, par son courage et ses échecs, appris la dignité, la perséverance, mais aussi la haine des elfes et par élargissement à toutes les formes de despotisme imaginables.
Mon perso arrive bientôt en première ligne, ne vous inquiétez pas !
N'hésitez pas à commenter, et surtout à me dire si ce n'est pas trop lourd (j'ai peur d'en avoir fait un peu trop...

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EDIT: Auteurs Kalays vus 321
Kalays 321... aaaaaaaarghl !!!