La Compagnie du Cercle Carré – Episode 2 : La CCC et le Saint Grill : CHAPITRE I - La quête de l'épée Calibur.
Avant propos : Cela n’a pas été précisé auparavant et certains d’entre vous peuvent légitimement se demander comment il se fait que Fladnag bien que muet ait la possibilité de lancer des sorts et de parler. C’est simple, il utilise ses mains, aussi pour ne pas alourdir inutilement la rédaction ses interventions seront présentées de la même façon que celle des autres personnages, de même quand il lance des sorts.
Le (*) se rapporte aux notes en fin de chapitre.
La CCC n'avait pas été contactée depuis longtemps... enfin, pas tout à fait disons qu'elle n'avait pas été contactée pour des missions de prestige depuis longtemps ; Dernièrement ils avaient du retrouver un arc perdu par un certain Indy (ils avaient d'ailleurs été surnommés mesquinement les aventuriers de l'arc perdu), une certaine mère Michelle s'était aussi adressée à eux pour retrouver un chat... bref, le prestige et le moral des compagnons était dans le rouge. Il fallait d’urgence que le destin leur envoie une quête digne de leur expérience et de leur talent… il fallait d’urgence que le destin leur envoie une quête tout court.
Le destin étant bien fait (et l’astuce de votre auteur préféré également), cette quête n’allait pas tarder à se présenter, elle allait même le faire maintenant. C’est donc par une morne soirée d'hiver, alors qu'ils étaient tous réunis autour de la cheminée de la pièce centrale du château à ne rien faire ou plutôt Aelbran ne faisait rien à part déprimer, chose dont il était coutumier, tandis que les autres jouaient tous au ebuk(*) que l’aventure, sous la forme de Derfla, vient frapper à leur porte. Il venait annoncer aux compagnons qu'un visiteur voulait les rencontrer. Las, Aelbran ne souhaitait pas le rencontrer, ce serait sans doute encore une histoire de chien à chercher, comme ce Mirza de la semaine dernière, alors qu'il s'apprêtait à lui dire de le renvoyer ce dernier, pressentant sûrement la réponse de son maître tant son humeur était visible (il avait les yeux bouffis à force de désespoir et un nuage noir planait sans arrêt au-dessus de sa tête) et ne voulant pas lui faire manquer une aventure, lui annonça que le visiteur n'avait pas l'air d'un de ces pauvres qu'on peut croiser dans la rue, mais plutôt d'une personne de condition aisée. Aelbran étonné lui demanda :
Et à quoi voyez-vous cela mon cher Alfred ?
Et bien, c'est tout simple votre nanesquerie (oui Alfred avait, on ne sait pourquoi, tendance à employer des qualificatifs grandiloquents et absurdes), il avait l'air malheureux et comme l'argent ne fait pas le bonheur...
Chacun trouva cela parfaitement logique aussi Aelbran (qui comme tout nain, aimait l'argent) le fit entrer. Le visiteur était plutôt bien bâti, et il se dégageait de lui une espèce d'aura, un peu comme celle qui se dégagerait de l’enfant illégitime d’un roquefort avarié et d’un camembert en état avancé de décomposition, il était vêtu d’un pourpoint violet rehaussé de breloques couleur or, moulant en haut et bouffant en bas, son était visage tartiné de fard et il portait à la commissure des lèvres une mouche de la taille d’un doigt d’obèse qui pendouillait lamentablement sur sa bouche, il avait enfin pour compléter cette esthétique particulière un œil qui disait merde à l’autre comme le dit l’expression.
La chose qui tentait maladroitement de passer pour un être humain se fendit d’une révérence aussi ample que ridicule, la plume de son chapeau balayant la poussière accumulée sur le sol, puis il parla d’une voix haut perchée et précieuse correspondant parfaitement à celle attendue.
Mes biens nobles et chers amis j’ai l’honneur de me présenter à vous pour requérir vos services, ayant ouï jusque dans mon royaume la réputation de votre fière compagnie. Mais ma précipitation met place dans l’incorrection la plus totale et je ne me suis point présenté à vous, permettez-moi donc de réparer ce regrettable oubli, je suis Penthur Ardragon, roi de Pacotille
Tous étaient bouche bée après ce discours débité d’une seule traite. Aelbran n’avait pas particulièrement apprécié ce grotesque personnage, aussi lorsqu’il lui répondit, ce fut sur le ton le plus familier possible.
Alors, qu’est ce qu’on peut pour toi mon p’tit Penthur ? J’peux t’appeler Penthur ?
Penthur eut l’air d’étouffer en entendant cette voix gouailleuse. Il regarda Aelbran comme on regarderait une déjection tentant de s’adresser à nous comme à un vieil ami. Il lui répondit d’un air dégoûté
Euuuuuh, je ne préfèrerait pas, votre majesté me siérait mieux et serait plus correct je pense.
Pas de problème donc mon p’tit Penthur, et qu’est ce qu’on peut donc faire pour toi ?
Ce dernier soupira et abandonna sentant bien qu’il n’aurait pas le dessus, il continua donc faisant mine de ne rien remarquer.
Eh bien, en réalité, j'ai décidé de faire appel à vous car j'ai perdu mon royaume.
Un de vos voisins jaloux vous a fait une guerre sans pitié ?
On peut lui casser la gueule si vous voulez. S’empressa d’ajouter Nanoc
Penthur le regarda d’un air horrifié puis se reprit et s’adressa à Aelbran qui finalement semblait le plus normal de tous. Des gouttes de sueur commencèrent à couler le long de ses tempes entraînant le fard avec elles.
Euh non, vous m'avez mal compris, je me promenais et je me suis aperçu que je l'avais perdu, il est tombé de ma poche probablement.
Aaaah vous l'avez égaré en fait. S’exclama Washing, heureux d’avoir compris quelque chose aux paroles de ce personnage et de pouvoir se raccrocher à une notion familière.
Voila. Répondit Penthur soulagé, heureux et surpris de voir que le tas d’être décérébré qui se tenait devant lui était capable de reflexion. Aelbran se frotta les tempes, il sentait le mal de crane arriver, il ne comprenait déjà plus rien, à peine une dizaine de minutes après le début de cette aventure, la suite risquait d’être désagréable. Ce fut au tour de Fladnag de sortir de son mutisme (façon de parler)
Et vous avez une idée d'où il pourrait être ?
Aucune cher ami, mais je pense avoir connaissance d’un objet qui pourrait être d’une certaine utilité voire d’une utilité certaine dans notre quête : la légendaire épée Calibur.
En quoi une épée peut-elle nous aider ? Demanda Aelbran dubitatif
A tueeeeer ! Je savais bien qu'on allait se bastonner ! Ajouta Nanoc en partant d’un rire gras.
En fait mon cher ami massif, c'est moins l'épée que son pommeau que nous désirons. Ledit pommeau est en effet une sorte de boussole magique qui pointe dans la direction de mon royaume.
Vous nous la donnez Dit Unbile en tendant la main. Un ange passa, puis Penthur lui répondit méprisant
Vous pensez bien que si je l’avais je ne m’amuserais pas à venir ici pour le plaisir de votre compagnie.
Il nous insulte là l’enfariné ?Demanda Nanoc menaçant. Comprenant qu’il avait fait un faux pas, Penthur poursuivit doucereux.
Voyons noble guerrier, cela ne me viendrais pas à l’idée.
Gruuumph Fit Nanoc en rangeant son épée. Penthur déglutit et reprit
Toujours est-il que je n’ai aucune idée de là où elle se trouve mais une personne le sait : Merlin, un puissant mage.
C’est pas un roi ? Demanda Unbile
Euh, je ne crois, mais il peut être tellement de choses, répondit Penthur désappointé, Je vous demande donc de partir à sa recherche. Il vit dans la forêt de Brooo-excuse moi j'ai roté.
Ainsi la compagnie se mit en route pour la forêt de Brooo-excuse moi j'ai roté. Inutile de dire que la marche fut longue et périlleuse, car ce ne fut pas le cas. La forêt de Brooo (on l'appellera comme ça pour simplifier, et pis on a qu'à dire qu'on est pas poli et qu'on s'excuse pas) était sur toutes les cartes et très bien indiquée.
Arrivés à l'orée de la forêt ils virent un grand panneau où était indiqué "Le Roi Merlin" Unbile réagit aussitôt s’exclamant que ah il le savait et qu’on devrait toujours l’écouter. Un coup sur la tête de la part de Nanoc le fit taire. Après une brève concertation, ils décidèrent de suivre les panneaux et tombèrent sur une échoppe de bricolage. C'était sans doute une puissante magie pour détourner les importuns mais la compagnie était déterminée. Elle rebroussa donc chemin pour retourner à l’orée de la forêt mais n’y parvint jamais. Refusant d’admettre qu’ils étaient perdus (ce sont des hommes et comme chacun sait les hommes ne se perdent jamais), ils pestèrent contre la magie de ce Merlin qui faisait tout pour les faire échouer, mais là encore, leur détermination était forte. Ils marchaient donc au milieu des buissons se cachant des êtres maléfiques qui passaient parfois et ne craignant ni les sombres nuits ni les terribles embûches qu’ils devinaient à chaque tournant.
Après plusieurs jours d’errance et de nombreuses démangeaisons égratignures dues aux diaboliques orties et aux maléfiques buissons de houx qui hantaient cette forêt, Aelbran s’abaissa à demander son chemin aux nombreux promeneurs qui passaient par la forêt (et que nos compagnons avaient qualifié de diaboliques précédemment, mais c’était une question de luminosité, bien des choses semblent diaboliques sous un certain éclairage et… bref) et qui se firent une joie de le renseigner, Merlin étant quelqu'un de très connu, bien que qualifié par tous de «vieux fou aux blagues complètement débiles». Ce manque de respect envers un puissant magicien surpris les compagnons qui se dirent que les gens d’ici étaient soit très courageux soit très bêtes. Suivant les indications recueillies au péril de leur âme, ils finirent donc par trouver Merlin.
Il vivait dans une cabane de rondins pourris et était vêtu de loques crasseuses, la crasse d’ailleurs semblait être son meilleur compagnon. Sa barbe grouillait de vermine et ses ongles longs lui servaient sans doute à l’épouillage, activité qu’il aurait sans doute du pratiquer de façon plus régulière. La description la plus amicale possible était sans doute bête sauvage. Il répandait aussi un fumet propre à retourner le cœur de n’importe quel troll qui ne sont pourtant pas des créatures à l’odorat délicat. Il marmonnait tout seul en jetant une torche au sol et criant "Boule de feu". A cette occasion il fut possible de remarquer sa quasi-absence de dentition mis à part un chicot qui trônait fièrement au milieu de sa mâchoire mais semblait bien seul. Fladnag fit remarquer à la compagnie que ce devait être un grand mage pour réussir à maîtriser le sort boule de feu. Pour Aelbran, le mal de tête allait en s'intensifiant. Ils interpellèrent Merlin :
Êtes vous Merlin ?
Hihihihi Merlin oui, oui Merlin. Gentil lapin, gentil hihi. Sa voix était celle… d’un vieux fou justement. Aelbran comprenait mieux à présent les mises en garde des promeneurs. Enfin, il fallait continuer quand même, peut-être qu’un jour il serait récompensé pour son courage.
On voudrait l’épée Calibur. Demanda Waching, mettant les pieds dans le plat, de façon toute naturelle, comme s’il commandait un kilo de jambon.
Je le savais hihihi Calibur oui. au fond de la faille infernal de Grzwblk ! hihihi
La compagnie resta muette devant cette annonce, regardant le vieillard se baver dessus et ricaner. Au bout de quelques minutes Merlin les regarda avec un sourire malicieux (si tant est qu’un être dégénéré tel que lui puisse avoir un sourire malicieux mais faisons comme si)
Naaaan hihi plaisanterie elle est dans cette maison.
Tous se mirent alors à chercher, Unbile ramena des objets sans aucun rapport même lointain avec une épée telle une soupière. A un moment, Nanoc ramena une épée de bois et dit «Est-ce Calibur ?» Merlin lui répondit négativement, avec son ricanement et son air débile.
Au bout de toute une journée de recherche, la cabane avait tellement était fouillé qu’il n’en restait plus en réalité qu’un tas de bois. Ils se réunirent donc autour de Merlin pour lui annoncer que l’épée ne se trouvait pas dans la cabane. Il leur dit alors d’un air matois (là encore il n’en est sans doute pas capable mais il faut bien que cette aventure ait un minimum l’air de quelque chose).
Vous pas trouvé hihi je vais vous dire. Voici les pets Calibur ! Dit-il en flatulant abondamment. (oui, d’accord c’est nul mais tant pis, j’écris je décide). La compagnie resta évidemment interdite devant cette manifestation de débilité. Merlin se mit alors à pouffer et continua.
Naaaaaan blague hihi j'arrête, la voila.
Il leur tendit alors une épée d'aspect assez laid sur sa lame était gravé le mot «Durandal», c'était l'ancien nom de l'épée, quand la fée Moral l'avait rachetée à une brocante, elle n'avait pas pris la peine de le faire enlever.
La compagnie rentra donc sans encombre au château où les attendait Penthur. Quand il vit l'épée il fut transporté de joie.
Enfin, je vais pouvoir retrouver mon royaume.
Et si tôt dit si tôt fait. Ils se mirent à la recherche du royaume de Penthur. Il le retrouvèrent dans la doublure de son manteau. Ils le récupèrent en le faisant remonter avec les doigts jusqu’au trou de la poche, comme on fait avec les pièces. Le royaume retrouvé, Penthur les invita à un fabuleux banquet. Après trois jours de fête ininterrompue, Penthur les prit à part et leur dit d'un air grave :
Grand merci à vous mes amis. Maintenant que j'ai retrouvé mon royaume, je dois vous parler d’une affaire autrement plus grave. Cette quête m’a permis de voir que vous étiez réellement à la hauteur de votre immense réputation. Je dois donc vous demander de m’aider une nouvelle fois. Le dieu Buffalo qui m'a parlé en rêve pour que je retrouve le saint Grill. C'est une quête qui vous apportera gloire (Aelbran n'était pas très convaincu de l’utilité de cette quête, les histoires divines ont toujours tendance à vous retomber dessus) et richesse (là, il y croyait).
Ainsi la compagnie s’apprêtait à entamer la plus grande quête de toute son histoire (et aussi celle qui sentait le plus le graillon) : la quête du saint Grill.
Note : ebuk : jeu prisé par les être d’intelligence limitée et permettant à ceux disposant de plus de matière grise de plumer les précédents. Les règles sont tellement compliquées que tout le monde joue avec une variante simplifiée. Chaque joueur dispose de cubes de couleur qu’il lance, tentant par l’association des couleurs de créer des combinaisons de couleurs primaires, secondaires ou tertiaires chaque combinaison valant un certain nombre de points qui peuvent être modifiés par… en fait je n’ai pas bien compris moi-même, disons juste que c’est une sorte de jeu de dé que personne ne comprend mais sur lequel on mise beaucoup d’argent.
_________________ «Les chaînes pour qui doit être enchaîné ; la mort par le glaive pour qui doit périr par la glaive.»
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