Vengeance! (où la nouvelle vigueur des Elfpower est démontrée)
L'arrivée
Elandriel savait très bien que certains Elfes n’accepteraient pas les nouvelles règles; ceux-là seraient libres de partir. Mais il fallait que nous sachions définitivement sur qui compter à l’avenir, et le rassemblement fut annoncé : il fallait défendre nos alliés, et tous ceux qui voulaient rester dans le clan devaient répondre à l’appel. Une manière comme une autre de faire un tri…
Sur place, le combat faisait rage. En arrivant, nous vîmes d’innombrables colonnes de fumée provenant du champ de bataille, témoignant encore une fois de la violence du choc des diverses magies: les torrents de feu avaient transformé les montagnes de glace en vapeur brûlante, la terre crachait sa propre lave fumante par d’énormes crevasses, et tout cela tournait dans un gigantesque ouragan… Parmi les volutes de vapeur et de poussière, nous aperçûmes une forteresse noire, tordue, effrayante à voir: la place forte ennemie, érigée, ô honte, sur les ruines de notre Cité! Notre sang ne fit qu’un tour, et nous étions prêts à nous ruer à l’assaut, quand Elandriel nous arrêta. Il nous enjoignit de rejoindre nos alliés, et de nous reposer tout d’abord de notre voyage; il parlait avec la voix de la Raison.
Une fois mes frères installés, je rejoignis le Conseil de Guerre. Les directives étaient claires : nous avions l’avantage du nombre, et il fallait en profiter. Une seule cible, le château du clan AtaurN, principale source de renforts ennemis. Notre rôle à nous, les Elfpower, était de traquer et d’éliminer tout ennemi qui s’aventurerait à l’extérieur de la place forte ennemie. L’attaque était fixée au lendemain.
Une stratégie gagnante (ou presque)
Lorsque Tilion commença à pâlir dans le ciel, nous étions en place. La Horde eut une étrange vision en guise de réveil: la colline qui leur faisait face semblait frémir de l’intérieur, mais il ne restait aucune trace des crevasses béantes de la veille. Au sommet se tenaient quelques Héros en armures brillantes ou en robes brodées de mithril. Il y avait là:
Elandriel Falagorn l’Elfe, terrible et concentré sur ses incantations;
Supertimor le Nain, Grand Maître de l’Alliance, petit mais large, puissant et habile au maniement de la hache;
Archibald l’Elfe, Guide des Expellium, comme concentré dans des pensées lointaines;
Chose_desbois l’Elfe, chef du clan Brainstorming, dont on ne savait jamais s’il commencerait par frapper ou par déchaîner sa magie…
Il y avait aussi les Officiers de chaque clan, et je sentais revenir en moi l’ivresse du combat: nous faisions face à la Horde. Je plongeai mon regard dans la forêt derrière nous, là ou était placé notre armée, et je savais qu’elle était immense; immense et terrible, avide de vengeance.
Quelques Orcs imprudents s’approchèrent, l’air menaçant, la démarche bestiale et le faciès tordu par un rictus de mépris. Alors Elandriel releva la tête, rejeta son capuchon en arrière, et la fureur se lisait sur son visage. Il leva la main droite, et je sentis un léger souffle sur mon visage. Une onde se créa dans l’air, si légère et si discrète que le cuir épais des Orcs y resta insensible ; puis le souffle gagna en intensité à mesure qu’Elandriel levait la main gauche, et les Orcs furent soudainement propulsés en arrière, pour aller se fracasser contre les murs de leur forteresse. Une rumeur de peur courut parmi nos ennemis, bientôt remplacée par un grondement de haine. Les Capitaines ennemis, restés prudemment en retrait, lançaient l’attaque.
Les portes de la forteresse s’ouvrirent d’un coup, et vomirent les flots de la garnison hordeuse. Mais ils sortaient trop tard. Supertimor n’avait cessé de jongler avec deux énormes haches de lancer, sans doute pour en comparer le poids… Au moment où l’ennemi sortit en masse, il en jeta une à une hauteur considérable, et une flèche enflammée venue de la forêt l’atteint et l’embrasa. Il jeta alors la deuxième hache, qui traversa les rangs ennemis sans sembler être arrêtée par l’épaisseur du cuir de ces bêtes, alors que la première retombait en traits ardents sur la masse compacte de la Horde.
C’était le signal. Les troupes de l’Alliance, précédées par les drapeaux des clans, se ruèrent à l’attaque. La Horde était encerclée. Le choc fut terrible, et la terre gémit encore une fois sous l’effet combiné des sorts d’attaque de l’Alliance et de la Horde; les collines se souviennent encore du piétinement désordonné des Orcs et des lourds Taurens paniqués. Notre plan avait parfaitement réussi, et la victoire était presque nôtre, quand des troupes fraîches sortirent avec fracas de la forteresse ennemie: de puissants Taurens, dont la présence était pour nous une totale surprise! Ils fondirent sur la phalange d’Humains qui avait réussi à se placer entre l’armée ennemie et sa place forte, et martelèrent casques et boucliers dans une cacophonie de beuglements. Les Nains, qui combattaient non loin de là, vinrent prêter main-forte aux Humains qui lâchaient pied, et réussirent à faire écran pour que les Compagnies Humaines se reforment et puissent venir anéantir enfin ces Taurens sortis de nulle part…
Mais alors que les Nains combattaient ces Taurens, le groupe de Trolls qu’ils avaient commencé à encercler profita de l’affaiblissement de leur ligne pour tenter une percée, qu’ils réussirent au prix de nombreuses pertes, tant dans leurs rangs que dans ceux des valeureux Nains. C’est alors que notre tâche se compliqua sérieusement.
L'honneur retrouvé!
Notre rôle, depuis le début de la bataille, avait été de veiller à l’encerclement total des forces ennemies. Nous avions jusqu’ici empêché tout regroupement menaçant d’ennemis ayant réussi à échapper à l’encerclement, et plusieurs fois la bannière des Elfpower avait volé d’un bout à l’autre du champ de bataille ; bien des fois les arcs avaient été bandés, et les épées commençaient à s’ébrécher. Je pense avoir déjà parlé de la qualité de certaines armes de Lorndor… Je faisais pour ma part un usage intensif de mes capacités de contrôle de l’Air au détriment de mes ennemis.
La troupe de Trolls, s’étant échappé de l’étreinte des Nains, nous tomba sur le flanc alors que nous chargions quelques Orcs qui commençaient à devenir menaçants. De chasseurs, nous devînmes chassés: le choc avec les Trolls nous avait projetés sur le côté, et les Orcs, voyant la chance tourner, nous chargèrent. Shurato, mon camarade de promotion au poste d'Officier, souffla dans son cor, et je rassemblai nos frères en deux lignes, orientées vers les deux menaces.
Alors, nous commençâmes à chanter, à chanter de plus en plus fort, comme un défi à la face de nos ennemis, le Chant de Guerre des Elfes. Plus l’ennemi approchait, plus notre chant prenait de l’ampleur! Les Trolls chargeaient toujours… Mais les Orcs, associant sans doute ce chant à la chute de leur maître Morgoth, furent pris de doute et ralentirent. Et au moment où les Trolls arrivèrent sur nous, ceux-ci furent pris d’une hésitation qui brisa leur élan et leur fut fatale: d’un seul cri, nos frères foncèrent sur eux, et les lances de notre phalange détruisirent la première ligne ennemie. Les Trolls restants prirent la fuite, mais Shurato bondit, l’épée au poing, et avec quelques-uns des meilleurs coureurs du Clan, il les rejoignit et les abattit un par un.
Il me restait à m’occuper des Orcs, qui avaient observé la scène, et qui avaient maintenant repris leur charge dans le but de nous surprendre à leur tour… Peine perdue. Sans avoir semblé les remarquer, j’avais fait placer tous les Elfes restants en une ligne continue et puissante, et les Orcs s’embrochèrent sur les lances qui jaillirent entre les boucliers à leur arrivée. Les restes de leur troupe s’enfuirent, tournant le dos aux archers…
L’archer Elfe est le meilleur qui existe, et l’Orc a le dos large. Pas un seul ne s’échappa, et pas une flèche ne fut perdue.
_________________ Glorfindel, l'Elfe aux Cent-Morts
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