Nous étions en hiver, une silhouette sombre avançait doucement dans l’épaisse couche de neige, laissant derrière elle les traces de ses talons aiguilles. Sa longue cape noire effleurait la neige tandis que des bruits de combats se faisaient entendre au loin. Elle se dirigeait vers la source des bruits, mais s’arrêta en haut d’une colline, un homme l’y attendait, emmitouflé dans une cape blanche, un long bâton à la main. Il observait la bataille. La demoiselle murmura quelque chose a son oreille et il sursauta, se tournant aussitôt vers elle en souriant.
- Cela faisait un moment que je t’attendais, j’ai bien cru que tu ne viendrais pas. Dit-il d’une voix grave et douce
- Tu sais pourtant que je ne te laisserais pas tomber…
Ils partirent ensemble vers la bataille, et ne se séparèrent plus, l’un tuant tout les ennemis qu’il croisait sans pitié, l’autre soignant chaque ami, chaque alliés se trouvant sur leur chemin. C’est ainsi qu’ils fonctionnaient, en couple, veillant l’un sur l’autre au fil des batailles. Ils passèrent plus de cinq heures dans le vacarme des combats mais aucun d’eux ne s’essoufflaient, ils étaient toujours aussi forts, aussi puissants.
Lorsque vint la fin de la bataille, la jeune femme n’avait plus sa cape, dévoilant son corps aux courbes harmonieuses, ses long cheveux rouges, tombant en cascade dans son dos et son visage couleur ébène, avec ça et là quelque tâches de sang. Ses yeux, violets, brillaient d’un éclat particulier, celui qu’on les combattants lorsqu’ils ont trop tuer, ou pas assez… Elle portait un pantalon de cuir noir moulant et un bustier bordeaux. Elle transpirait alors que la neige était partout autour d’elle, d’ailleurs les dizaines de personnes se trouvant a ses côtés transpiraient aussi, tous épuisés par cette guerre. Cette guerre qu’ils avaient gagnés, montrant encore une fois que le bien triomphait toujours du mal. C’était ainsi que vivait Tigresse désormais. Elle n’était plus une enfant, et elle était plus entourée que jamais. La vie avait fait d’elle une excellente soigneuse, aucune blessure, aucune maladie ne lui résistait. Elle guérissait tout, tout sauf la mort. Ce jour là ses amis et elle firent le deuil de plus de cinquante de leur compagnons, leur frère d’arme, leur amis. C’est là, devant ses cadavres qu’elle se sentait vulnérable, se rappelant toujours Aryei, sa vieille amie, aujourd’hui loin d’elle, beaucoup trop loin. Tigresse avait peur pour elle, et depuis déjà deux ans, elle se battait pour elle, pour celle qui était comme sa sœur. Aryei n’était pas morte, du moins elle ne le pensait pas, elle espérait plus que tout au monde qu’elle soit en vie, l’attendant avec impatiente.
Elle s’étaient jurés de ne pas être séparées et pourtant elle l’avait été. Un jour, dans l’année de leur vingt et un an, Aryei n’était pas revenue de la ville. Tigresse l’avait cherchée partout avant de commencer à enquêter, elle appris que sa plus tendre amie, sa seule et unique amie même, avait été enlevé par une bande de soldats, des humains marchant vers le nord. Depuis ce jour, la drow était sur les routes, suivant les traces de ces humains, cherchant Aryei partout. Elle décida de rejoindre une guilde assez forte pour pouvoir l’aider dans sa quête, pour avancer plus loin, plus vite et sauver Aryei. C’est là qu’elle le rencontra, l’homme qu’elle pensait être son âme-sœur, celui pour qui elle aurait donnée sa vie, Marcelmage. Tigresse se battit pendant deux ans, pour sa meilleure amie, pour l’amour qu’elle avait trouvé et pour tout ceux qui étaient devenus ses amis. Enfin, elle était près du but, et devant ses camarades morts au combat, elle espérait, elle priait pour qu’Aryei soit là, derrière les remparts du palais situé dans la vallée rouge de sang.
Lorsque les combattants furent soignés et reposés, l’assaut du palais commença. Là encore, ce fut un triomphe. Tigresse se précipita arme à la main dans le palais tuant tout ceux qu’elle rencontrait jusqu'à qu’elle trouve la chambre de l’homme qui avait fait d’Aryei son esclave. La porte vola en éclat devant elle, dévoilant un vieil homme, tenant près de lui une elfe aux cheveux aussi clair que le soleil et au regard éteint. En voyant ces cheveux rouges, les yeux bleus d’Aryei retrouvèrent leur éclats d’entant, elle se mis à sourire, comme autrefois, comme lorsqu’une jeune fille à la peau noire lui offrait un bouquet de lys en revenant de la chasse ou encore comme le jour où elle était revenue, avec ce bracelet en argent incrusté de rubis. C’est d’une voix douce et faible qu’elle murmura : - Tu es venue, tu as réussie… tu m’as trouvée…Tigresse…
A cet instant précis, alors que la drow oubliait tout son malheur, qu’elle retrouvait enfin celle qu’elle aimait plus que sa propre vie, Le vieil homme sortit une dague et trancha la gorge de l’elfette qu’il tenait près de lui. Les yeux d’Aryei fixèrent Tigresse jusqu'à la fin, un sourire illuminant son visage alors qu’elle s’effondrait à terre. Seulement, celui de la jeune drow s’évanouit instantanément, ses yeux suivirent le corps de son amie lors de sa chute et son âme se déchira, la haine envahissant son cœur. C’est en hurlant de rage qu’elle transperça le cœur du bourreau de son amie avant de s’acharner sur sa dépouille. Ses amis mirent des heures à la retrouver, par terre, Aryei dans les bras, tenant dans sa main un bracelet en argent au éclats rouges, le regard absolument mort.
Tigresse finit par se lever, elle transporta le cadavre d’Aryei près de leur cabane et elle l’y enterra, entourant son ancienne demeure de sorts pour que personne ne puisse détruire ce passé là. Un peu plus tard, elle participa a sa dernière bataille accompagné de son amant, celle qui allait tuer les derniers survivants du palais. Et c’est perchée sur les collines, observant le champs recouvert de cadavres, de ceux de ses amis, maintenant morts, qu’elle décida de partir. Bientôt l’Alliance de l’Abbaye d’Emreck n’existerait plus et elle n’avait plus rien a faire là, elle avait retrouvée Aryei, c’était ce qu’elle était venue chercher en quittant sa forêt.
"Ce jour là, elle enterra son passé et se promis que plus jamais la mort l’atteindrais…"
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