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Hellismine, l'enfant du village Alaouros http://forum.heroeschronicles.nainwak.org/phpbb3/viewtopic.php?f=9&t=11728 |
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Auteur: | hellismine [ Mer 01 Mars, 2006 3:17 ] |
Sujet du message: | Hellismine, l'enfant du village Alaouros |
- Ouinn,... ouinn. Une grotte dans le village troll nommé Alaouros, village qui tient son nom de la montagne qui lui prête ses flancs, Alaoura, la "Montagne sans Cime". Selon les dires des plus vieux, rien ni personne n'aurait jamais franchi cette muraille de granit sombre et de plantes obscures, ni troll, ni animal au sol, ni créature volante n'aurait tenté de passer outre cet obstacle. D'aucuns disent que même les nuages se refusent à jeter leurs voiles blancs au-delà de ce bloc infranchissable. Ce jour précis, l'on s'en souvient encore, les cieux étaient en colère et des éclairs zébraient la noirceur des stratus tels sortis de la main d'un mage. - Mmmph, si cet enfant ne se tait pas, je le donne à manger à mon gnoll... Une autre grotte, immédiate voisine de la première citée, où vit Eluris, éleveur créaturier de son état, et sa compagne Pinara. Eluris est passé maître dans l'art de dresser, de domestiquer et dans la connaissance des vivants de toute sorte. Il peut vous procurer n'importe quel être, de l'araignée à l'élémentaire, du chien des prairies à la plus immonde des chauve-souris, à la condition évidente que vous ayez les moyens de l'acheter. - Ouinnnnn, ouinnnnnn. Alaouros, village des bannis, des frères différents, des dénigrés aux yeux rougeoyants. N'y habitent que des trolls Khaotiques, ces trolls supérieurs, chassés par leurs congénères dits "communs" au demeurant bien plus en nombre qu'eux. Dans cette communauté sans cesse grandissante, on y découvre des trolls aux caractéristiques physiques aussi disparates les unes que les autres : les gigantesques peuvent atteindre une hauteur trois fois plus importantes que les plus petits, on peut découvrir des trolls qui n'ont qu'un seul oeil, d'autres pourvus d'ailes. Mais tous vivent ensemble sans la moindre échauffourée digne d'être mentionnée. - Pinara, fais-nous plaisir, cours me dire ce que font Epi et Peulolis. Peulolis et Epitraliana sont des magiciens : ils créent sorts, potions et objets magiques et professent leur savoir et leurs connaissances à ceux qui sont intéressés. Un enfant est né de leurs amours, enfant qu'ils n'ont pas nommé sur les conseils d'une voyante gnome rencontrée la veille de la naissance du petit. Pinara est une volante : de minuscules ailes transparentes lui permet de voler par petits sauts et en quelques secondes se retrouvent devant la couche d'un enfant, agé tout au plus d'une dizaine de révolutions, petit être à la peau d'un vert très sombre et aux yeux d'un rouge clair, très clair. On eut dit qu'il lisait un livre de magie, l'écornant et le salissant par sa maladresse toute compréhensible. Pinara eut beau scruter les moindres recoins, les plus étroites failles de cette grotte- ô combien - humide, Epitraliana et Peulolis avaient laissé l'habitat et l'enfant à l'abandon. Elle appela son troll de compagnon : - Etrange, vraiment étrange. Ils devaient préparer certaine potion pour BalaJie, la bûcheronne. Reste ici, reste chez eux avec le garçon jusqu'à ce qu'ils reviennent Pinara. Le lendemain, un enfant aperçut la gnome, cette voyante toute rabougrie, toute fripée. Le surlendemain, c'est un troll commun, en affaire avec les bannis qui la surprit encore, au détour d'un chemin. Trois journées entières de pluie, de pleurs, d'exaspération et d'incompréhension passèrent sans que l'on revit les deux parents disparus. - Eluris, ils ne reviendront pas. Nous devons fermer leur grotte et prendre l'enfant avec nous. Nous lui donnerons un nom, un foyer, et tout ce que de bons parents doivent donner dans l'espoir qu'un jour, ils reviennent oui... qu'ils reviennent. Hellismine devint alors l'enfant du village des Khaotiques, l'orphelin d'Alaouros. [hrp: commentaires par MP merci] |
Auteur: | hellismine [ Dim 05 Mars, 2006 23:35 ] |
Sujet du message: | |
Hellismine, depuis le moment où l'on découvrit la disparition d'Epitraliana et de Peulolis, a toujours mené une vie de pacha, une vie de jeune prince dans le village d'Alaouros. L'engouement pour lui était particulièrement touchant. Il n'avait pas une seule mère, elles étaient des dizaines de femmes trolls qui venaient constamment le border, se promener ou discuter avec lui ou encore le prendre dans leurs bras et ceci dès le premier instant où le village sut que Hellismine était devenu seul au monde. Un jour, on a même vu deux matrones se quereller pour pouvoir avoir la chance de changer ses langes. Pinara, bien qu'une femme de bonne nature perdait quelquefois son sang froid, était parfois proche de la crise de nerfs car ses congénères se permettait souvent d'entrer chez eux sans la moindre permission; ils se sentirent même obligés d'embaucher quelques nains afin qu'ils agrandissent leur caverne. Hellismine n'avait pas non plus un père, ils étaient bien quarante trolls à rendre visite à cet enfant, le plus fréquemment à tour de rôle, à croire qu'ils avaient établi un roulement pour venir discuter avec le jeune orphelin, lui apprendre une chose où deux ou même tout simplement pour le voir. Eluris avait beau édifier un vrai barrage de créatures pour surveiller l'entrée de la grotte ou du bâtiment des animaux, chacun trouvait toujours un moyen pour surgir à des moments où on ne s'y attendait pas. Hellismine, quant à lui, a grandi en ayant d'autres préoccupations que les trolls de son âge. Oh, il lui arrivait parfois de s'amuser avec d'autres enfants, mais cela ne le distrayait pas longtemps. Il lisait constamment, quand ce n'était pas les promenades dans la forêt, dans la vallée. Il préférait même jouer avec les animaux qu'Eluris vendait et s'était lié avec un gnoll qui venait de naitre qu'il avait nommé Peuliana. Dès qu'il fut apte à le comprendre, c'est à dire vers l'âge de 4 ans humains, Pinara et Eluris lui dirent tout de son court passé, et ce qu'il apprit n'eut pas l'air de le surprendre. Eluris dira : - On eut dit qu'il connaissait déjà son histoire... Au moment de sa cinquantième révolution(cinq ans humains), il surprit tout le village quand, pour sa fête d'anniversaire, il demanda qu'on lui enseigne son premier sort de magie. Ce jour-là, Pinara et son mari malgré quelques objections fort louables, furent bien obligés d'accéder à la demande de leur fils. C'est ainsi que quelques jours plus tard, on manda le troll mage Cenerios, qui habitait de l'autre coté du village et qui fut prié d'apprendre au jeune Hellismine un sort qu'on laissait aux bons soins du magicien de choisir. Cenerios était en quelque sorte le sage du village; il était sans doute le plus âgé de tous car personne ne se souvenait de lui jeune. La rencontre entre les deux trolls ne se fit pas sans heurts et dès les premiers instants, les deux caractères se heurtèrent de plein fouet. Le vieux mage n'était plus en âge de se faire ennuyer par un jeune freluquet, et Hellismine n'avait que faire des radotages, des précautions et des questions du doyen : - Hellismine, dis-moi, pourquoi veux-tu apprendre la magie? - Que vous importe? Enseignez-moi juste ce dont j'ai envie, c'est là tout ce que l'on vous demande. - Oh non, non, non... Apprendre un sort, ce n'est pas comme connaitre l'art du camouflage ou savoir faire peur à un ennemi, juste en utilisant le cri Troll. Enseigner à quelqu'un à envoyer une boule de feu ou à faire tomber une pluie de cailloux, c'est une responsabilité que je... - Et blablabla et blablabla... Je sais déjà tout ça, que je vais me retrouver avec une arme qui pourrait blesser, si elle mal utilisée, cela ne sert à rien, ni pour moi, ni pour vous, de déblatérer vos sermons à deux pièces d'or. Et la raison pour laquelle je veux devenir mage ne vous regarde en rien. Le mage se mit à réfléchir, et pendant quatre à cinq minutes, ce fut l'absence totale d'évènements, comme si les deux êtres étaient figés, que le temps s'était soudainement stoppé. Cenerios fut abasourdi par le caractère et la maturité d'un troll de son âge, bien évidemment, il avait entendu parler de lui dans le village, puisque tout le monde en parlait, mais il ne s'était jamais préoccupé d'Hellismine. Il observait maintenant les traits durs du garçon, ses mains disproportionnées, ce corps bâti à coups de longues promenades et de combats contre les créatures d'Eluris. Cinquante révolutions, cet enfant n'est âgé que de cinquante révolutions!! semblait se dire le vieux troll. Au petit jeu de "tu parles pas alors moi non plus, si tu parles, t'as perdu", l'impatience d'Hellismine permit à Cenerios de gagner un bon point psychologique : - Bon alors, vous attendez quoi? - Ecoute, tu vas devenir un troll avec une force gigantesque, avec des mains comme des battoirs, et avec une volonté, un caractère comme le tien, tu seras craint par tout le monde. Seulement, tu dois apprendre à maitriser... - pfuiii... - Je n'ai pas fini! Tu es encore si jeune!!! Tu dois apprendre à maitriser tes nerfs, tu dois savoir controler tes envies, tes instincts, tu dois pouvoir te calmer quand tu seras énervé, tu dois pouvoir te mettre en colère quand la situation l'exigera, alors je te propose un marché. L'accepter sera ta seule chance d'apprendre le sort que tu désires. As-tu compris? - Ce que je comprends, c'est que vous ne m'accordez pas ce que vous accordez avec tant de facilité aux autres; pourtant, vous avez reçu paiement de... - Je t'ai demandé si tu avais compris... - Quel est ce marché que vous prétendez me faire accepter ? Le mage ne prit même pas la peine de voiler son contentement. Il offrit un large sourire à Hellismine et lui dit: - Tu devras apprendre l'art de la non-magie, l'art du combat, de la défense, du camouflage avec un de mes amis, Régulis. Il est le meilleur combattant que les trolls khaotiques ont connu. Tu passeras avec lui deux jours tous les sept jours. Ce ne sera pas facile, tu seras meurtri dans ta chair, tu souffriras moralement, souvent, tu souffriras physiquement, tout le temps. En parralèle, je t'apprendrais ce que tu voudras, les sorts, l'art des potions, et des objets magiques comme te l'auraient enseigné Peulolis et Epitraliana. Tu passeras avec moi également deux jours, il te restera ainsi un peu de temps pour faire ce que bon te semblera. Je te laisse quelques jours pour y réfléchir. - C'est inutile. Je... j'accepte votre proposition. C'est ainsi qu'il décida que le lendemain, à la première lueur matutinale, il se rendrait dans la grotte de Régulis. [hrp: commentaires par MP merci] |
Auteur: | hellismine [ Jeu 16 Mars, 2006 1:03 ] |
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Le lendemain donc, Hellismine se rendit chez Regulis. Il dut se lever tôt, car le guerrier habitait dans la forêt du Bois de La Croute. Nul ne sut pourquoi ce bois avait hérité de ce nom. Les arbres qui le composaient étaient fort regroupés par endroits, et laissaient place à de grandes clairières à d'autres. Les buissons semblaient se retourner à chaquebruissement, à chaque craquement de branche et les animaux, peu farouches, paraissaient se gausser du visiteur qui osait s'aventurer en ces lieux. Hellismine connaissait très bien cette forêt, c'était là son lieu de méditation préféré, là où il a commencé à se poser tant de questions. Il trouva, après maintes désillusions la cabane de Régulis qui se situait dans une de ces grandes trouées végétales. A l'inverse de ses égaux, l'ami de Cenerios avait choisi ce mode d'habitation aux sombres, humides et malsaines grottes de la montagne. - Hé, petit, c'est toi Hellismine... Le jeune troll sursauta. Régulis n'était pas un troll ordinaire; en plus de sa stature étourdissante, tellement impressionnante qu'Hellismine eut le tournis, il ne possédait qu'un oeil, fort rouge, planté au beau milieu de son front plissé. La couleur verte de sa peau était si claire qu'on avait l'idée qu'il puisse se fondre dans le feuillage de la forêt et l'expression douce de son visage, véritable invitation aux ennemis, dissimulait le redoutable esprit guerrier qui l'animait. - Alors, c'est toi qui est envoyé par le vieux? dit Régulis, qui ne semblait pourtant quère plus jeune que le mage... Hellismine avait repris son aplomb de jeune-troll-qui-n'a-peur-de-rien et dévisageait maintenant le guerrier avec assurance. - Oui, c'est moi, mais je doute qu'un troll qui ressemble plus à une peluche d'enfant puisse m'apprendre à combattre qui ou quoi que ce soit... - Oh oh oh tu es très drôle petit, quel âge as-tu? - J'ai 5 ans et je... Il n'eut pas la chance de finir sa tirade qu'il reçut une bourrade titanesque, un de ces coups d'épaule que seul un tauren pouvait donner. Groggy, adossé à un arbuste, il perdit pendant quelques secondes toute notion de temps et de lieu. Mais à présent, il n'entendait plus que le rire gras et lourd de Régulis, ce qui le mit dans une rage bouleversante, une rage comme en ont ces enfants trop gâtés qui pensent avoir subi une injustice accablante. Des larmes commencèrent à couler lentement sur son visage, puis elle se mirent à ruisseler abondamment et les traits se déformèrent sous l'effet de cette hargne fabuleuse. Il s'arquebouta, prêt à bondir sur le guerrier qui continuait à jouir du tour qu'il venait de jouer à l'impudent. Hellismine s'élanca, le poing serré en avant, comptant bien mettre dans ce coup tout sa force et tout le poids de son corps. Il prit beaucoup de vitesse, ses yeux embués lui gachait la vue et Régulis l'évita, sans trop d'efforts. Hellismine alla s'aplatir lourdement contre un tronc, du sang se mit à couler de sa pommette gauche, ses yeux rouges foncèrent diaboliquement. On eut dit un démon qui sortait enfin de la créature qu'il habitait. - Espèce de ... Il se jeta de nouveau sur le troll qui se joua de lui d'un tour de hanche. C'était un combat d'arène, un combat entre un picador et le taureau, un combat où l'on savait qui en sortirait vainqueur. Cette petite distraction pour Régulis, cette terrible humiliation pour le jeune troll ne cessa qu'au bout de 20 minutes. Hellismine, éreinté, harassé par cet effort sans nom, s'étala de tout son poids devant le combattant réputé. Des hématomes couraient le long de ses bras, de ses jambes. Sa tête enflée, meurtrie par tant d'atteintes à son intégrité, ballotait lentement comme rythmée par une horloge, un balancier. Régulis laissa Hellismine récupérer quelques secondes, pour estimer également s'il ne comptait pas se lancer une nouvelle fois dans cette bataille à sens unique, puis il l'attrapa par la gorge, d'une seule main et l'assit sur un banc près de la maison. Hellismine le regardait, hagard, hébété comme s'il sortait du sommeil et qu'il se réveillait en face du monstre qu'il venait de rencontrer dans ses cauchemars. - Petit, le respect pour les autres n'est pas une invention des parents pour manipuler les enfants. C'est quelque chose d'important. Le respect des autres prouve à tous ton intelligence. Mais tu l'apprendras par toi même...L'essentiel aujourd'hui est de comprendre quelque chose : il faut garder son sang froid en toute circonstance. Tu dois maîtriser ta colère et montrer à tes adversaires que tu leur es supérieur dans ce domaine. Qu'importe la puissance, la force, le talent, la magie si tes sens sont paralysés par tes émotions? Hellismine l'écoutait, submergé à nouveau par la colère, il savait cependant que ça ne servait à rien de l'attaquer à nouveau. - Tu viens de recevoir ta première leçon, petit, ne l'oublie jamais. Régulis lui tourna le dos, prit sa hache et s'enfonça dans le bois. Hellismine, abasourdi par la façon dont il venait de se faire congédier prit le parti de remonter au village. Il mit une main sur une hanche, l'autre sur sa nuque et avança péniblement. - L'apprentissage va être difficile, je crois... [hrp: commentaires par MP merci] |
Auteur: | hellismine [ Mar 28 Mars, 2006 0:49 ] |
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Les révolutions passaient pour Hellismine, et son appétence pour l'érudition n'avait pas encore été assouvie. Tous les grimoires, tous les manuscrits qui tombaient sous sa main, étaient dévorés sans distinction aucune. Il rencontrait un maximum de personnes, se nourrissant de leur savoir, de leurs expériences. Ses promenades dans les forêts, dans la vallée, dans Alaoura, menées en compagnie de Park, son gnoll de compagnie, son ami, s'étendaient maintenant sur plusieurs jours. Il n'avait jamais cessé les leçons avec Régulis, qu'il appelait pompeusement son maître d'armes, et avec Cenerios, le vieux mage. Ses progrès, en magie, comme en combat étaient étonnants et il pouvait désormais affronter des ennemis réels, et ne se gênait pas pour le faire lors de ses sorties. Mais l'évolution d'Hellismine était encore plus impressionnante dans le domaine mental. Cela lui prit naturellement beaucoup de temps, mais désormais, il parvenait régulièrement à maîtriser sa colère, son orgueil et, sous l'influence de ses deux mentors, sa mentalité de petit troll gâté-pourri, de sale môme irrespectueux avait laissé place à un adolescent certes sombre, caustique et sarcastique, mais également aidant, déférent et tolérant. Hellismine avait désormais huit ans. Un matin, un de ceux où tout vous parait sans saveur, où vous lever de votre paillasse vous semble tellement absurde et vain, le troll eut la surprise de constater que Cenerios et Régulis s'étaient coalisés pour la traditionnelle leçon de combat. Que faisait-ils ensemble ? Régulis fut le plus prompt à répondre aux interrogations muettes d'Hellismine : - Petit, voici venu le moment opportun de t'enseigner l'arme la plus traditionnelle des trolls khaotiques. C'est l'arme dissuasive par excellence, une arme de défense exceptionnelle que seul un membre de notre race peut maîtriser. Ce que nous allons t'apprendre est ancré dans la mémoire collective des trolls, au plus profond de nous, et touche à nos origines inconnues, à notre point de départ. Cet argument défensif, tu devras le controler, le discipliner. A la fin de la journée, tu sauras le cri Troll. Hellismine avait déjà entendu parler du cri Troll, ou plutôt, il l'avait lu quelque part. Un hurlement terrible, effroyable avait-on écrit, capable d'angoisser, d'épouvanter la plus farouche des créatures. Notre jeune personnage doutait de l'efficacité de cette arme : - D'accord, un cri qui fait peur... Comment pourrait-ce être possible ? Remarquez, ma mère crie après moi, et souvent je préfère obéir... Hellismine se fendit d'un grand sourire, mais les deux professeurs ne parurent pas partager la plaisanterie. Il préféra ne pas insister. - Et pourquoi vous êtes vous réunis pour m'enseigner ce... enfin cette... cette arme ? Cenerios fut décu par le peu de sagacité que montra alors son élève et ce fut avec un peu d'énervement que le mage lui dit : - Tu verras bien. Cesse de te conduire bêtement et écoute ce que l'on te dit. Le cri Troll nous vient de loin, des origines certainement. Il te sera utile de le connaitre pour un nombre considérable de raisons. Tout d'abord, tu vas t'en apercevoir aujourd'hui, c'est une arme vraiment très puissante, une arme de défense exclusivement. Et puis, lors de nos discussions tardives, tu m'as révélé que tu désirais connaitre les fondements, la naissance, la souche du peuple des Trolls Khaotiques. Connaitre ce cri te mènera vers ces réponses... Hellismine, docilement, buvait les paroles du mage. Il considérait les propos de Cenerios et commença à réaliser que les paroles de ce dernier étaient sans doute d'or. Si ce cri était issu du commencement, alors il devait l'apprendre comme si sa vie en dépendait. - Je suis prêt. Que dois-je savoir ? Que dois-je faire ? Régulis s'approcha de lui : - Crie !! -aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhh hhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! Surpris, Régulis et Cenerios se mirent à se regarder, puis, en parfaite symbiose, ils tournèrent leurs regards vers Hellismine, qui se posait des questions...Deux points d'interrogation semblaient avoir surgi de la tête des deux instructeurs et paraissaient se promener au dessus d'eux; Cenerios prit la parole : - Eh, c'est le cri Troll que l'on te demande, pas le cri du bébé troll... - Moi, j'aurais plutôt dit le cri d'une pucelle elfe... déclara joyeusement Régulis. Les deux vieux trolls se mirent alors à rire généreusement, étouffant toute possibilité de révolte de la part d'Hellismine. Une trentaine de secondes passa, secondes qui avaient paru des minutes pout le jeune élève, sans que ni Cenerios, ni Régulis ne purent reprendre leur sérieux. Enfin, le guerrier reprit une mine sévère et dit de manière péremptoire : - Recommence ! Hellismine, écartant tout sentiment de honte d'un revers de l'esprit, fit son maximum pour exhaler un hurlement digne de ce nom : - rrrrrraaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! Régulis, secouant la tête désespérément, s'approcha du petit, comme il l'appelait, puis le regarda profondément. Hellismine ne comprit pas avant qu'il vit Cenerios se boucher les oreilles de toute ses forces. Ses mains décollaient de son flanc, mais il était trop tard : -GGRRRRROUOUOUOUOUOOOOOOOOOOOOUOUAUOAUOAUOOOOOOOAUOUAU AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH D'un coup, des milliers d'images de terreur vinrent s'afficher aux yeux d'Hellismine; cela ressemblait à la folie, mêléé à la souffrance, il crut ressentir tout ce que les trolls avaient ressenti depuis l'origine : détresse, désolation, tourments. Son propre désespoir en plus. Il pensa un instant avoir entendu tous les cris de détresse du Lorndor, toutes sortes de peurs, et tous genres de rage. Il lui avait même semblé entendre des hurlements provenant de la cabane de Régulis. Ses jambes cédèrent sous le poids de ce qu'il éprouva, et ses jambes tentèrent de repousser le sol, ce qui l'amena derrière un rocher, où il se recroquevilla tel un enfant apeuré, un enfant à qui on en aurait trop montré. Il fallut bien quinze minutes à Hellismine pour récupérer un peu de sérénité, si tant est que l'on puisse de nouveau être serein après avoir supporté de telles frayeurs, de telles angoisses. Tremblotant encore un peu, il se releva, et vit Cenerios qui s'avançait vers lui. - As-tu compris pourquoi j'étais là ? - Oui, il y a de la magie dans ce cri... - En fait pas vraiment, ce n'est pas exactement ça. D'où tirons-nous la magie ? - Vous m'avez enseigné que la magie nait des émotions, des sentiments mais également de l'énergie de l'âme, qui s'épuise et se régénère... - Exactement. Le Cri a la même provenance et use des mêmes éléments que la magie. Mais il se sert aussi du physique, de la force et de la résistance de celui qui le lance. Tu as "choisi" d'être un combattant utilisant indifféremment le corps et le mental, Le cri Troll, en cela, est, plus qu'un compromis, la réponse des trolls khaotiques aux agressions des autres races. Mais au fil du temps, nous avons senti que cette défense avait d'autres significations pour nous tous; comme je le disais tout à l'heure, ça est enraciné en nous comme si cela nous était vital, nécessaire à la survie de notre peuple. Les opinions des sages divergent, mais pour moi, c'est lié fortement à notre origine. - Etait-il nécessaire de me faire subir ce sort? - On doit savoir ce que l'on fait aux autres... Régulis s'approcha : - Te sens-tu de recommencer ? - J'ai compris ce que je dois faire, je vais recommencer. - GRROoOOoOAaAAAAaAAaAHHhHhhhHHHHHHhhhhhh Les mains des deux professeurs tremblotèrent pendant quelques secondes et des fourmillements dans le cou les firent s'ébrouer, puis ils sourièrent. Régulis lui dit alors : - C'est mieux, bien mieux. Tout du moins, nous n'entendons plus le hurlement du bébé... Le guerrier se retourna vers Cenerios et lui fit un clin d'oeil. Enfin, il s'avança vers sa cabane et dit : - C'était mieux, mais que pourras-tu faire devant eux !! Cenerios s'était mis à l'abri. Régulis ouvrit la porte de sa propre cabane et une douzaine de gnolls en sortirent tels des furies en colère. Ces créatures sauvages s'aperçurent de la présence d'Hellismine et se jetèrent sur lui. Celui-ci ramassa promptement une branche d'arbre énorme et commença à repousser les assaillants. Il savait qu'il ne devait pas se laisser submerger par cette horde de furieux. La branche de chêne, après avoir fracassé un ou deux cranes, se brisa en deux et Hellismine n'eut plus rien, hormis ses poings et ses pieds pour se défendre. Un gnoll s'était accroché à son coup et lui plantait ses dents rougies dans la chair vert sombre du troll. Un autre se chargea d'une jambe. Balançant mains et pieds, il tentait de se libérer, mais cela était vain. Noyé sous la masse, il s'écroula. On ne le vit plus. En Cenerios et Régulis naissait un sentiment de peur, d'inquiétude. N'étaient-ils pas allés trop violemment avec leur jeune élève. Se pouvait-il qu'ils se fussent trompés sur les possiblités de Hellismine ? -GGGGGGGGGGGGGGGGGRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRROUOUOUOUOUO OOOOOOOOOOOUOUAUOAUOAUOOOOOOOAUOUAUAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH Comme pétrifiés, les gnolls, pendant un dixieme de seconde, se demandèrent ce qui leur arriva; ils se mirent alors à fuir, paniqués au point de se bousculer, de trébucher. Hellismine avait lu en eux la terreur que ce cri avait inspiré. En quelques secondes, toutes les créatures, touts celles qui tenaient debout, avaient disparu de la clairière et devaient trembler au fond d'un quelconque fourré. Le jeune troll, pendant un court instant, éprouva une profonde pitié pour ces animaux qu'il venait de condamner à de courts instants à la plus lourde peine jamais prononcée. Puis Hellismine réalisa : - Je... J'ai réussi... Il venait de lancer le Cri Troll, lui, le gamin d'Alaouros, l'orphelin âgé à peine de quatre vingt révolutions !!! Et puis, c'était si puissant, bien plus que celui de Régulis, bien plus intérieur aussi !! - J'ai réussi, j'ai réussi !!! Son immense joie, étrangement, ne trouva pas d'écho. Il décida d'entrer dans la cabane. Dans un coin de celle-ci, se trouvaient Cenerios et Régulis, pantelants, assis dans un coin, serrés l'un contre l'autre, frémissant au moindre mouvement d'air. Cenerios, tout bas, la voix chevrotante, s'entendit dire : - Bravo petit... Au bout de dix minutes et d'un bol de soupe, les deux professeurs, remis de leurs émotions fortes, s'étaient installés à table et Cenerios dit à Hellismine : - Tu as intégré toute la puissance de ce cri ? - C'est fou... Je pense aussi que cela possède un rapport avec les origines... - Un conseil. Depuis toujours, c'est une arme défensive. S'en servir pour agresser ne serait que pure folie de ta part. Depuis toujours, on ne l'utilise jamais contre un membre de notre race. Sache ne l'utiliser qu'à bon escient. Hellismine, après ces précieux conseils, sentit qu'il était devenu différent. Il partit, conscient qu'il détenait un savoir immense. Mais il sut également que posséder un tel moyen de défense, lui octroyaient des responsablités énormes. Savoir, responsabilités, défense, Hellismine ressentit à travers ces mots qu'il était devenu adulte. [hrp: commentaires par MP merci] |
Auteur: | hellismine [ Sam 01 Avr, 2006 23:56 ] |
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Hellismine prenait ses flâneries très à coeur, elles lui permettaient d'assimiler les leçons apprises, de se délester du poids de ses pensées, de méditer sur le monde dans lequel il respirait. Il se perchait tant bien que mal sur une branche gaillarde, et feuilletait on ne sait quel recueil de magie. Parfois aussi, il errait dans Alaoura, cette montagne que nul n'avait violée. Celle-ci semblait l'appeler, l'aspirait. Il était fasciné et pouvait demeurer de longs instants à la contempler. Sans aucune raison. Hellismine pouvait avoir appris le fameux cri Troll, à se battre, et à lancer des sorts assassins, Pinara et Eluris ne cessaient de s'émouvoir pour chaque seconde passée sans savoir où était leur enfant. Ils étaient fiers de ce que devenait Hellismine, mais, qu'importent les progrès au combat, les magies qu'il maîtrisait, il demeurait un enfant perdu, abandonné par ses parents... Ils se rémémoraient chaque jour, comme une pensée obsédante, enracinée, ce matin où Epitraliana et Peulolis disparurent. Pour se rassurer, Eluris avait offert à son fils, alors âgé de 3 ans, un gnoll qui allait le suivre longtemps. Hellismine, sans se donner le temps d'une réflexion plus poussée, l'appela Park, nom qui paraissait ravir la créature sauvage, puisque dès ce moment, il jappa à chaque fois que l'on prononça ce mot. C'était un gnoll sans particularité aucune, semblable aux autres membres de sa race si dénigrée de par le Lorndor. Sans le moindre cheveu sur son crâne courbe, sa verdeur lui aurait permis de passer inaperçu dans quelque forêt que ce soit, si ce n'était ses yeux, qui, de par leur taille démesurément énormes, l'aurait trahi. Ses bras, relativement courts, étaient accrochés à un buste large et musculeux, tandis que ses jambes, courtaudes et trapues, étaient prolongées par deux ripatons immenses, sales, et étrangement déformés qui attiraient forcément le regard. La domestication de ce gnoll ne se fit pas sans orage, mais au bout de quelques temps, on put le débarrasser de ses chaînes, et il suivit sans entraves, sans lien, si ce n'est la relation affective qui l'unissait à son maître, le jeune troll, ravi d'avoir un compagnon aussi obéissant. Park accompagnerait Hellismine dans ses ballades, dans ses pérégrinations, dans ses jeunes aventures. Un jour, à l'aube de ses dix années, lors d'une de ces balades forestières, notre jeune héros allait faire une rencontre qui allait ébranler ses certitudes, qui devait le bouleverser pour toujours...Assis au bord d'une idyllique rivière, Hellismine contemplait Park qui s'ébrouait dans l'onde verte, tout en réfléchissant sur le sens que prenait son existence. - Quelles devraient être mes préoccupations sur le Lorndor ? Dois-je faire le bien ? Dois-je lutter contre les oppresseurs de mon peuple ? Dois-je réconcilier les trolls entre eux ? Peut-être que mon but est de reprendre les animaux de mon père et de devenir éleveur de créatures ? C'est si compliqué !! Toi, Park, ta vie semble bien plus facile et tes préoccupations plus légères. Me souffleras-tu, tel le zéphyr épandant les fragances des fleurs des roches, l'oracle de ma vie ? Le gnoll, fort intelligent pourtant, regarda stupidement le troll désabusé. Hellismine soupira, puis sortit de sous son armure, une sorte de carnet, un calepin aux feuilles jaunies, puis se mit à écrire. - Tu sais, Park, tu es un compagnon fort agréable, et mon amitié pour toi, et ma loyauté envers toi sera à jamais sans failles. Cependant, il est fort dommage que tu ne puisses discuter avec moi. Quoique tu serais assez bête pour révéler mes secrets à tout le monde. Es-tu au fait que tu sois le seul à qui je lises mes poésies ? Si cela se savait, je serais l'objet de tous les quolibets au village et même au dela d'Alaouros... Hellismine en était là de ses considérations existentielles quand il s'aperçut de la présence, à quelques mètres d'eux, d'une créature chétive, toute plissée. Elle était plantée là, souriant simplement, et ses mains tremblotaient. Elle était sans aucun doute de sexe féminin, car sous sa cape, on pouvait deviner une robe noire, fort usée et passée. Quelques mèches de cheveux gris saillaient sur son visage où percaient deux yeux enchâssés profondément dans leur orbite. Surpris, Hellismine, se demandant succinctement depuis combien de temps, elle les observait, cria presque : - Qui êtes-vous? Des trolls passaient dans cette forêt, d'autres créatures aussi circulaient par les chemins, mais jamais on ne rencontrait quelqu'un. - Héhé, Hellismine, contente de revoir... Ebaubi par le fait qu'elle connaissait son nom, estomaqué de l'avoir déjà rencontrée, le troll fouilla sa mémoire pour retrouver cet être. Il ne se souvint pas de cet étrange personnage, mais crut reconnaitre la race de celui-ci. - Vous êtes une gnome, n'est-ce pas ? Comment me connaissez-vous ? - En effet, je suis gnome, je suis une voyante. Mon nom est Morleck et j'ai rencontré, lors d'une consultation, tes parents... - Mes parents...? Le visage d'Hellismine avait foncé de couleur et ses traits s'étaient durcis. Ses poings serrés jusqu'à réprimer toute circulation de sang, battaient lentement ses cuisses. Depuis le moment où on lui avait divulgué son histoire, ni lui, ni personne ne lui avait reparlé de ses parents. - Oui, tu as compris, je faisais bien allusion à tes vrais parents, Peulolis et Epitraliana. Ils sont venus me voir, dans mon village, et ta mère m'a offert sa main et son avenir. J'y ai vu énormément de choses, mais la seule vision que je leur ai révélé, était qu'il fallait ne pas donner de nom à leur enfant. J'ai vu ce jour également, et je me demande encore maintenant si ma présence ici, dans cette forêt, en cette journée, est due au fait de ma vision ou à une réelle destinée. Hellismine, les yeux embués de larmes, écoutait sans patience ce que lui disait cette créature. Une pensée fugace lui traversa l'esprit : une voyante était en train de lui parler de son passé...Il tournait le dos à la vieille gnome et ses yeux, étonnament clairs, semblaient ne rien regarder. - Je dois te livrer quelque chose, je dois te dire ce que tu dois savoir...Tes parents sont vivants... Le coeur d'Hellismine battait à tout rompre. Ses parents...en vie!! Cela était impossible!! Comment pourraient-ils ne pas être morts puisqu'ils ne sont jamais venus retrouver leur enfant ? Où seraient-ils à l'instant même si ce n'est dans leur grotte à préparer un repas ou à cajoler leur fils ? Hellismine se retourna pour insulter l'arrogante menteuse, mais elle avait déjà disparu... Hellismine se laissa alors tomber sur l'herbe humide, et, sous le regard bouleversé du gnoll, il se mit à sangloter.. [hrp: commentaires par MP merci] |
Auteur: | hellismine [ Dim 09 Avr, 2006 4:04 ] |
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Fort perturbé par les révélations de la pythonisse gnome, Hellismine demeura désespéré pendant quelques semaines; il ne mangeait que le minimum vital, ne sortait jamais et semblait profondément et irrémédiablement plongé dans ses pensées. Puis, peu à peu, il reprit le dessus, commença à reprendre les cours avec ses deux vieux maîtres, venait s'amuser de nouveau avec les créatures de son père et enfin, symptôme irréfragable de son rétablissement, il avait recommencé à se promener avec Park. Quelques mois après sa désagréable rencontre avec Morleck, Hellismine pria ses parents de rester là pendant quelques minutes pour l'entendre; il avait quelque chose à leur dire : - Maman, Papa, j'ai pris une décision épineuse, suite à une réflexion murie et longue. Je souhaite sincèrement que vous me compreniez et que vous consentiez à m'aider, en acceptant ce que je vais vous dire. Pinara et Eluris, un peu épeurés par le ton solennel de leur enfant, s'assirent et fixèrent les yeux de leur fils. - Je souhaite désormais habiter dans la grotte de mes parents, que vous avez soigneusement et heureusement fermée il y a de ça de longues années et qu'il est maintenant temps de rouvrir. Eluris se leva, nerveusement, et commença à faire les cent pas tandis qu'Hellismine continuait : - Peut-être trouverais-je des indices, des... - Tu crois cette voyante, coupa Pinara, tu crois une voyante que tu ne connais pas, qui t'a sans nul doute raconté des inepties... - Il est possible en effet que... - Tu ne trouveras rien dans cette grotte !! coupa à son tour Eluris. Hellismine, d'un bond, se dressa et cria presque : - Je dois savoir !! Je veux savoir !! Et j'entrerai dans cette grotte, ne vous déplaise, avec ou sans votre aide. Plus ému qu'en colère, les jambes flageolantes et les yeux embués, Hellismine se dirigea vers son ancienne demeure et entreprit de déplacer le nombre et la masse imposante de rochers et de gravats qui bloquaient l'accès de la caverne. Les deux parents, de concert, soupirèrent d'un long souffle équivoque, fataliste. Ils se jetèrent à la suite d'Hellismine, stoppèrent un instant, admirèrent le jeune troll déblayant avec force sanglots des pavés plus larges que lui, puis s'approchèrent. Ils lui mirent chacun une main sur chaque épaule, lui sourirent, lui firent un signe de la tête, et se mirent eux aussi à désobstruer l'accès à la grotte. Bientôt, des voisins, des amis, attirés par les courts mais puissants éclats de voix, vinrent à leur rencontre et commencèrent à les aider. Une véritable chaîne s'était formée. Ce furent ainsi des tonnes et des tonnes de rochers qui furent charriés ce jour-là en à peine un quart d'heure. Maintenant, on voyait des formes se dessiner à l'intérieur et tous se tournèrent vers Hellismine, attendant un mot de lui, paroles qui vinrent aussitôt : - Amis, merci de votre aide, si je trouve quoi que ce soit qui m'apprenne quelque chose sur Epi et Peulolis, vous en serez informés de suite. Vous avez tous compris que, désormais la grotte qui nous abritaient, mes parents et moi, sera à partir de maintenant ma nouvelle demeure. Vous y serez accueillis comme vous l'étiez au temps où vous veniez solliciter des potions, elixirs et objets magiques. Cette caverne sera la votre autant que la mienne... Les trolls du village se dispersèrent maintenant en petits cercles d'amitiés, ils allaient désormais commenter cet évènement comme il le fallait, comme à l'habitude. Hellismine, seul avec Eluris et Pinara, comme pétrifié devant la grotte, semblait ne jamais vouloir entrer. - Accompagnez-moi, s'il vous plait. Les deux parents acquiescèrent et le jeune troll pénétra dans l'antre sombre et humide. Rien ne paraissait avoir été bougé, la table de bois massif, certes agressée par la vermine, portait encore les traces des bocks et des bouteilles, les tabourets autour paraissaient attendre depuis de longues années que l'on vienne y poser son séant. Des étagères, cintrées par le poids des objets qu'elles portaient, présentaient des grimoires et des livres de toute sorte, du papier et de l'encre, certaines accueillaient également des diplômes de magie acquis par leurs occupants. Près de l'âtre, des morceaux de bois calcinés attendaient que l'on rallume en eux le feu vif qui était leur raison d'être et près d'eux, des tisonniers et des pelles étaient pendus à de vieux crochets rouillés. Hellismine s'avança fébrilement vers l'un des fonds de la grotte, celui que l'on pourrait appeler la chambre. Un vieux lit de bois tronait là ainsi qu'un petit berceau, celui-là même, pensa-t-il, où il dormait, celui-là même où il pleurait le jour où...Dans l'autre fond, se situait l'atelier, l'endroit où Epi et Peulolis créait les potions tant recherchées, où les clients se pressaient pour avoir le dernier objet magique ensorcelé. L'établi sommaire, juché sur de grandes pierres plates, supportaient la masse des fioles, livres et outils dont se servaient les créateurs. Hellismine enjoignit alors ses parents de fouiller les moindres recoins, le moindre meuble afin de trouver des réponses. Lui-même avait déjà entrepris d'inspecter la chambre, où il trouva de nombreuses missives sans importance, des commandes, des vêtements nombreux et variés. Sous le lit, hormis des insectes et de petits os, il ne dénicha que de la poussière. Il se mit alors à lire des recueils de poésie, présents sur un tronc d'arbre qui faisait office de table de chevet; il sut alors d'où lui venait le goût des jolis mots et des vers lyriques. Il sonda les plus petits trous d'eaux, la moindre encoignure, le moindre orifice dans les parois. Au bout de quelques heures, ils cessèrent leurs recherches, sans avoir rien trouvé, sinon des souvenirs et des regrets, des traces d'une vie sans le plus petit hoquet. Désolée de n'avoir pu déterrer aucun secret, aucun indice, Pinara prit dans ses bras Hellismine qui était prostré. - Es-tu certain de vouloir passer cette première nuit ici, dans cette caverne en désordre et si humide ? - Oui, je vais rester ici... - Je t'amènerai un peu de nourriture tout à l'heure. Pinara et son mari quittaient alors ce lieu qui avait tant hanté leur mémoire, qui était signe pour eux de malheur et de tragédie. Hellismine, resté seul, s'effraya un peu des ombres aux contours incertains qui gravitaient autour de lui; il décida alors d'allumer un feu, et mangea la soupe d'herbes que lui avait préparé sa mère. Il sortit son vieux carnet et en sortit un morceau de papier, comme un parchemin, où il avait jeté quelques jours auparavant ce sonnet : Après avoir relu ces quelques vers, il se tourna vers Park : - Mon ami, je crois qu'est venu le temps des décisions, le temps où je vais devoir faire des choix et cesser d'avoir peur. Un quart d'heure plus tard, on entendait les ronflements des deux êtres, serrés l'un contre l'autre, dormant du sommeil des malheureux. [hrp: commentaires par MP merci] |
Auteur: | hellismine [ Mer 19 Avr, 2006 16:33 ] |
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Hellismine avait écuré la grotte. Il l'avait nettoyée de fond en comble, l'avait débarrassée de sa poussière noire, et de ses petits insectes malvenus. Il avait espéré en cela, déceler quelque chose qui eut pu le mettre sur les traces de ses parents. Malheureusement, il ne trouva absolument rien; tout tenait à dire que Peulolis et Epitraliana s'étaient évaporés d'un coup, comme atomisés, tout faisait penser à un départ volontaire. Le jeune troll avait forgé bon nombre de théories douteuses, hypothèses parfois ridicules, souvent illusoires, toujours pénibles. Il avait imaginé, par exemple, une potion, qu'auraient testée les deux herboristes, et qui les aurait envoyés dans une autre dimension. Cette idée le mit en allégresse tout d'abord, il pensait que ses parents étaient à côté de lui, depuis son plus jeune âge, qu'ils l'avaient toujours accompagné lors de ses promenades et qu'eux aussi connaissaient Park. Puis il entrevit le fait que si, effectivement, ses parents étaient sur un autre plan, il ne les reverrait certainement jamais. Il décida alors d'étudier comme un forcené les portes de téléportation, les vortex et tout ce qui aurait pu envoyer ses parents ailleurs, pendant des semaines, avant de se rendre compte que, finalement, son idée était extravagante : - Quel imbécile... Que de temps perdu... Un autre jour, jour qu'il a totalement caché à tout le monde, jour qu'il ne raconterait jamais à quiconque, il émit l'hypothèse saugrenue d'une potion encore, qui aurait rendu Epi et Peulolis si petits, si microscopiques, qu'ils n'étaient jamais parvenus à se faire ni entendre, ni voir... Combien auriez-vous donné pour rire de ce troll immense, qui, après avoir congédié le gnoll domestique, marchait telle une danseuse, sur la pointe des pieds, et examiner chaque millimètre carré de la grotte ? Si le ridicule ne tue pas, il affaiblit; ce jour-là, après s'être remis de ses élucubrations, il se coucha pour ne plus se relever pendant une semaine... Hormis cela, Hellismine allait plutôt bien, il vivait sa vie, toujours bercé par ce rythme lent qui étourdissait depuis toujours les trolls. Il avait augmenté encore le nombre de ses ballades en forêts, en montagne, espérant revoir la gnome Morleck. Il avait également tenté de la retrouver. On lui signifia une fois qu'elle habitait un village gnome, au nord de Alaouros, un village nommé Voyella, exclusivement peuplé par ces êtres si petits, que dissimulés derrière un pot, ils auraient pu rester invisibles pendant des lustres et des lustres, si bien sur, ils n'avaient pas l'impatience de l'éphémère... - Bonjour... Bonjour... Quelle effervescence dans cette petite agglomération quand les petites créatures virent apparaître ce Goliath vert sombre, ce colosse aux pieds de la longueur d'un demi-gnome. Combien de minuscules êtres s'étaient enfuis de peur d'être percutés par ce terrible mastodonte ? - Bonjour... Excusez-moi... Connaissez-vous une voyante ?... Une dénommée Morleck ? Les rares gnomes qui osèrent lui répondre avouèrent qu'ils n'avaient jamais entendu parler de ce nom-là. Ce fut une courte visite, Hellismine comprit rapidement qu'il était venu pour rien, et il repartit, dépité, ne sachant plus à quel vent abandonner ses questionnements. Les deux maîtres d'Hellismine, le mage et le guerrier, étaient plus que jamais aux côtés de l'orphelin. En plus des cours et des leçons professées, où c'étaient bien Cenerios et Régulis qui dirigeaient les séances, ils prenaient part énergiquement à la véritable enquête que menait Hellismine. Ils le soutenaient, le suppléaient quand cela était nécessaire. Cenerios s'occupait de lire tout ce qui concernait la naissance des trolls khaotiques(pour lui et Hellismine, tout avait un rapport avec l'aurore de leur peuple) et Régulis se chargeait des interrogatoires, des consultations avec les trolls du village, de tout ce qui pourrait avoir un rapport avec un enlèvement, voire un assassinat. Les professeurs le suivaient même parfois lors des promenades dans les environs. Mais ces recherches n'aboutissaient à rien, comme si ce jour maudit, ce matin de la disparition d'Epitraliana et de Peulolis, n'avait jamais existé, comme si le temps, maître de nous, avait effacé de sa mémoire ces satanés évènements. Pourtant, quelqu'un allait encore lui rappeler que tout cela était réellement survenu : à l'ébauche d'un jour où tout allait changer, Hellismine s'en alla seul vers Alaoura, bien décidé à rapporter des fruits de ces arbres haut-perchés qu'étaient les gamottiers. Il prit un raidillon, dessiné par les bergers trolls qui emmenaient leur troupeaux vers des patûrages plus verts, puis une autre tortille, qui était réputé pour accueillir les amoureux en manque d'originalité. Celui-ci offrait des points de vue sans égaux sur la vallée et sur la forêt qui s'étendait si loin qu'on n'en voyait pas la fin. Enfin, Hellismine, quelque peu fatigué par cette si longue marche, arriva sur une petite partie plate de la montagne, sorte de prairie bordée d'arbres et de buissons. Hellismine avait repéré ces fruits dont il était friand et tentait de monter sur une branche, quand il entendit derrière lui : - Heureuse de te revoir Hellismine... C'était Morleck. D'une prestesse et d'une vivacité telles que la gnome ne put esquisser le moindre réflexe, Hellismine la saisit d'une main, par les vêtements, et la secouait vivement en lui hurlant dessus : - Où sont mes parents, vile folle, où sont-ils ? La voyante, qui, semble-t-il, n'avait pas prévu cela, devenait toute rouge d'être agitée comme ça dans les airs. On voyait mieux ses traits et son visage chiffonné reflétait une certaine douleur, une souffrance ancrée profondément. Ses yeux, que l'on distinguait à peine à cause des paupières fortement plissés, étaient d'un noir de jais éclatant, et paraissaient révéler la nature profonde de cet être. Quand elle respirait, quand elle parlait, sa bouche ne s'ouvrait que pour laisser voir deux séries de dents sombres et non complètes, et l'on ne pouvait imaginer sans se faire taxer de folie, qu'une créature quelconque pouvait encore sur ses lèvres sur les siennes. - Tes parents... ces cimes derrière toi, tes parents... ont traversé Alaoura... Hellismine avait laché la gnome, s'était retourné promptement et regardait ces pans de montagne infranchissables... Etait-ce possible ? Lui qui était subjugué par ces monts ennuagés, les regardant sans cesse... - Comment... Argghhh ? La gnome avait disparu... Ils étaient au milieu d'une prairie, loin des bordées d'arbres. Hellismine ne s'était retourné que quelques secondes. Comment aurait-elle pu disparaitre. Le troll regarda derrière lui à plusieurs reprises pour vérifier que Morleck, aidée par sa petite taille, ne se mettait pas dans son dos à chaque fois qu'il se retournait. Comprenant qu'elle lui avait une nouvelle fois échappé, il courut comme un fou vers Alaouros... [hrp: commentaires par MP merci] |
Auteur: | hellismine [ Sam 22 Avr, 2006 23:36 ] |
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Cenerios, concentré sur une casserole cabossée, était en train de se faire cuire un morceau de viande. On eut dit, en le prenant sur le fait, qu'il fabriquait une potion tant il était appliqué à choisir les ingrédients, les composants de la sauce qui allait accompagner son gigot. Il laissa tomber une gousse d'ail quand la porte d'entrée s'effondra, littéralement, et offrit, contrainte et forcée, le passage à Hellismine, exalté, essouflé comme s'il venait de faire le tour du Lorndor, et transpirant comme un tauren malade. - Ils ont passé l'Alaoura !!! - Oooh du calme mon jeune... - J'ai vu cette vieille folle de gnome, elle me l'a dit... Cenerios, devant la fougue fièvreuse de son apprenti, tentait d'apaiser celui-ci; il le fit asseoir et lui demandait de se calmer. C'était son problème, le calme n'avait jamais vraiment fait partie de sa personnalité et même s'il avait fait de gros progrès à ce sujet, quand cela le touchait de près, il ne parvenait pas toujours à faire la part des choses. - Elle a dit que mes parents avaient traversé la montagne... mes parents... - Où est cette Morleck maintenant ? Le regard d'Hellismine s'assombrit, puis il fléchit la tête. - Elle a profité de mon trouble, de mon émoi pour s'éclipser... - puis relevant la tête d'un coup, - mais je ne comprends pas, elle s'est comme évaporée, nous étions sur une surface dégagée, elle n'a pas pu courir. Il suffit de la perdre de vue pendant un court instant pour qu'elle disparaisse. J'ai bien pensé, au vu de sa petite taille qu'elle s'était cachée dans les herbes mais... - Les gnomes sont de très bons mages. Tu ne dois pas la croire, traverser l'Alaoura est impossible, irréalisable. De plus, cette Morleck, à disparaître comme par enchantement me rend suspicieux quant à son honorabilité et sa loyauté. Tu entends ? Tu dois te méfier. - Je me méfie, maître, mais... Cenerios, sembla se retourner, se remettre à sa petite cuisine, mais il ne cessait pas de jeter un coup d'oeil sur Hellismine. Le vieux mage savait ce que celui-ci avait en tête. Tout d'un coup, Hellismine se leva et sortit. - Hellismine !! Hellismine se rendit à sa grotte. Il prit un sac et fourra quelques vêtements dedans, ainsi que son carnet et deux grimoires. Il prit également un morceau de pain, de l'eau et une couverture, puis il sortit de la grotte. Dehors, l'attendaient Pinara et Régulis qui, avertis par Cenerios, allaient être rejoints par Eluris. - Mon fils... - Maman... je dois me rendre compte par moi-même, je n'en peux plus, c'est trop difficile pour moi d'être dans le doute, sans arrêt, sans répit. Toutes les nuits, je rêve -et ce ne sont pas des cauchemars- je rêve que je suis avec eux et cela me fait mal, si mal... Les larmes coulaient sur les joues brûlantes de Pinara, Eluris, quant à lui, les yeux sans expression, regardait le jeune troll sans pouvoir dire quelque chose. Ce fut Régulis qui parla : - Nous savons tout ça, mais cette montagne n'a jamais laissé personne la violer, personne n'a jamais pu en voir le sommet. - C'est ce que je vais vérifier. - Alors, je viens avec toi, je ne suis plus tout jeune, cela est certain, mais je suis encore fort vert et tu manques d'expérience et je serai là pour t'épauler... - Non, c'est hors de question. J'irai seul, tu entends ? Seul!! Hellismine s'approcha alors de sa mère et la prit dans ses bras. Elle sanglotait... - Je reviendrai, je te le promets... Les larmes de Pinara, comme autant de peurs maternelles tombaient dans le cou d'Hellismine. Il se défit de son étreinte, serra fort le bras de son père, qui le regarda dans les yeux. Eluris n'était pas troll à montrer ses émotions, pourtant il lâcha son bras et lui dit : - Ne faillis pas à ta promesse, fils... Hellismine se retourna, et avança en direction de la sortie du village. Pendant ce qu'il paraissait être des adieux, notre jeune troll était parvenu à ne pas laisser s'échapper de larmes; mais maintenant que plus personne ne le voyait, il pleurait, comme nous aurions pleuré, nous pauvres conteurs...Il fit une centaine de mètres, puis se retourna et avec ses grands bras, fit de larges saluts à ses parents et à ses maîtres qui les lui rendirent. Ca allait mieux pour Hellismine, qui la peine passée, commençait déjà à réfléchir à ce qui devait l'attendre. L'alaoura, avait-elle une fin ? Quest-ce qu'il y avait tout en haut ? Comment était-ce de l'autre côté ? Il venait d'atteindre une petite forêt en pente, lorsqu'il entendit un bruit derrière lui... Il songea tout de suite à Morleck et fit prestement demi-tour. Mais ce n'était pas la gnome qui tentait de se soustraire à la vue d'Hellismine en se terrant derrière un arbre donc le tronc était bien trop frêle pour le dissimuler tout à fait. C'était Park. Ce gnoll, qui semblait, il faut bien le dire, si stupide, avait réussi le tour de force de suivre Hellismine pendant au moins deux kilomètres sans se faire remarquer ! - Retourne d'où tu viens !! ... Allez !! Le gnoll sortit de sa cachette, et s'approcha d'Hellismine. Il le regardait fixement et semblait tenter de le comprendre. Le troll dit alors, en détachant bien les mots, comme si bien articuler allait aider le gnoll à saisir : - Ecoute, je ne veux pas que tu viennes, je veux que tu retournes à la grotte, allez... Park fit mine de repartir, mais dès que Hellismine eut de nouveau le dos tourné, il fit demi-tour et suivit encore. - Dégage, pauvre imbécile, DEGAGE !!!! Le gnoll, un peu épeuré par le changement de ton de son maître, se mit les mains devant le visage, comme pour se protéger. Hellismine souffla un grand coup et se prit la tête entre les mains. Le gnoll s'approcha de nouveau et suppliait de ses deux yeux bleus. - Très bien, suis-moi, stupide animal !! Puisque TU l'as décidé... Hellismine et Park avancèrent alors, côte à côte, dans ce sentier boisé et tortueux sans se douter de ce que ce changement allait produire dans l'avenir... [hrp: commentaires par MP merci] |
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