FIN
Voilà plusieurs jours que Tcherno se terrait au plus profond de la citadelle du
Spectre, avec pour seule compagnie une cohorte d’arachnides qui lui rappelait sans cesse que Lloth
veillait sur lui…
Ses frères Drows n’avaient cessé de tambouriner à la porte, réclamant son retour, lui demandant pourquoi… Mais il n’osait pas leur répondre, leur avouer qu’il n’avait plus la force de continuer, qu’il ne reviendrait jamais. Il n’osait pas non plus les quitter, il les aimait ses Drows, sa famille. Il ne voulait pas passer pour un lâche et endurer à jamais les regards accusateurs de ses frères, pour les avoir abandonnés.
Il préférait encore passer pour un salaud, qu’ils le haïssent et qu’ils souhaitent ardemment son départ…
Alors Tcherno se leva lentement et sortit des ténèbres de sa geôle. Il monta les escaliers de la grande citadelle en ignorant les visages stupéfaits qui croisaient sa silhouette encapuchonnée, spectrale. Il pénétra dans la grande salle de l’assemblée où les guerriers se reposaient autour des montagnes de butins, témoins de l’apogée du Spectre.
Le silence se fit, la foule observait le seigneur Drow qui avançait sans un mot jusqu’au centre de l’assemblée.
Il y eut un long silence pesant quand Tcherno se figea. Puis il laissa choir sa capuche, dévoilant une apparence cadavérique, et commença à déchainer les éléments autour de lui. Une voix d’outre-tombe rugit et fit trembler les fondations de la citadelle :
« TREMBLEZ LARVES INSIGNIFIANTES ! TREMBLEZ ET AGENOUILLEZ-VOUS DEVANT VOTRE MAITRE TOUT PUISSANT ! »
Des regards d’incompréhension l’entourèrent, personne n’osa un mouvement.
Alors Tcherno leva le bras et trois jeunes
Spectres perdirent leurs têtes dans un geyser de sang.
« PROSTERNEZ-VOUS OU CREVEZ TOUS, CHIENS !! »
Le sol gronda faisant s’écrouler les pierres de la citadelle et les flammes de l’enfer jaillirent, semant le
Chaos dans la foule et ravageant les trésors du Spectre.
La démence s’empara de certains
Spectres qui entonnèrent des louanges au dieu du
Chaos, d’autres supplièrent Tcherno de revenir à la raison, ils semblaient plus attristés qu’effrayés face à la folie destructrice de leur chef.
Tcherno croisa le regard de Bulbi et pendant une fraction de seconde le
Chaos sembla retomber. Puis il reprit de plus belle et une nouvelle vague meurtrière trancha une rangée de tête.
Il entendit alors une voix résignée ordonner : « Abattez-le ! »
Les guerriers hésitèrent un moment à dégainer leurs lames. Tcherno fit sauter une autre rangée de tête dans une gerbe de sang, son rire dément éclatait les tympans.
« ABATTEZ CET ENFANT DE PUTE !! » hurla alors la même voix au loin.
Enfin, la plus grande armée du Lorndor se mit en branle. Dans les regards, la tristesse laissa place à la colère et la haine succéda à la colère.
Tous se ruèrent sur Tcherno, arme au poing et hurlant leur haine.
Tcherno ne sentait plus les lames qui lui tailladaient le corps. Il déchaîna une ultime fois le
Chaos autour de lui, son esprit n’était qu’extase, il se sentait partir. Enfin il allait trouver la paix.
Fin.
