[HRP: bon, puisqu'Amon semble pris dans des occupations plus pressantes que la poursuite de notre recit, je reprends le flambeau, afin d'exposer, a ma grande honte, l'epilogue au combien malheureux de cette episode, que je remercie par avance l'auditoire de bien vouloir oublier aussitot. Merci.]
Alors que Pindesucre s'elance, un maigre bouquet a la main, sa lance de guerre dans l'autre, Amon plonge les deux bras dans son sac, le haut de son corps disparaissant pratiquement dans l'operation.
Interloque par cette defense inedite, le mort-vivant interrompt son saut (et c'est pas facile, je vous prie de me croire), hesite, et observe un instant le nain, qui emet des sons gutturaux et sue pour retirer quelque chose de visiblement enorme de son sac. Les muscles de ses petits bras se nouent, ses doigts raclent le long des parois en cuir, et surtout, le petit coup d'oeil mauvais du fourrageur semble vouloir dire "ah, ouais, t'en veux encore, hein? Ben tu perds rien pour attendre, crois moi...".
Prenant conscience soudainement du ridicule croissant de la situation (quoi? un mort-vivant arme de fleurs arrete par un nain qui cherche dans son sac les dieux savent quoi?), Pindesucre se ressaisit, et raffermit sa prise autour du bouquet de fleurs, avant de le lancer avec art, et grace, et distinction, (mais en toute virilite, hein) en direction du nain, et les roses, lys et violettes recouvrent delicatement le casque, la barbe et les epaules de la malheureuse victime. La lueur mauvaise dans le regard du templier se mue en rage froide et muette, alors qu'il n'interrompt pas son ouvrage, et que Pindesucre se met en garde, lance en avant, en poussant un cri de guerre. Mais a distance respectable.
Malheureusement, le cri de guerre a derange un autre hote de ces lieux, et Xatrio, la grosse araignee moche, est, pas de bol pour le squelette, a la fois l'une des plus dangereuses creatures de tout le Lorndor, mais aussi la locataire officielle de la grotte. Le bruit de petites pattes le long de la paroi resonne, et fait courir un frisson le long de l'epine dorsale du mort-vivant, qui, s'il le pouvait, sentirait une legere goutte de sueur perler sur son front. La panique commence a le gagner. Entre le nain qui prepare un coup tordu, et tous ces bruits de mandibule et de promesses de choses vraiment desagreable, le moment n'est pas a la reflexion contemplative, et, ca tombe bien, Pindesucre n'y pense plus du tout, a la reflexion contemplative...
Tout s'enchaine; sa monture, gagnee par le stress de son maitre, fait un ecart, Pindesucre dechausse a moitie, balance en tombant un sort de foudre qui eclaire le plafond et fait reculer precipitamment Xatrio, et entend (alors qu'il est a moitie a la renverse) un son rarement entendu par une creature du Lorndor ou d'ailleurs: "RAHAHAAOUAIUAACH'TAIHUUUU MINTNANNN!!!".
Pindesucre a juste le temps d'entrapercevoir Amon bondir, d'un de ces bonds surnanesques, brandissant a deux mains une masse enorme, une boule monstrueuse, pleine de reflets, de couleurs et de parfums, et de le voir lancer la susdite monstruosite dans sa direction. Dans son elan, le cadeau nain emporte le cavalier et sa monture, et les ecrase au fond de la grotte, dans un artifice de lumiere et de sons d'os fracasses.
Le silence s'installe, perturbe uniquement par la respiration haletante du nain, qui guette la reaction du mort-vivant.
Apres quelques minutes, Amon, tout en reprenant son souffle, se rapproche prudemment du lieu du carnage, un peu inquiet tout de meme, parce que, quand meme, il y est alle un peu fort, sur ce coup-la... Il observe le tas de fleurs et sourit. Il plonge la main, et ressort un crane, qui arbore le sourire ultrabrite du type qui s'est coince une rose entre la canine et la premolaire, et ne peut pas l'enlever maintenant qu'il a deconne. Sauf que ce sourire la, il aurait aussi une medaille a la place des incisives du haut, et une bague coincee dans l'orbite gauche.
"Han... T'as l'air fin, maintenant... Attends, je t'enleve ca, je comprends rien a ce que tu racontes..."
Amon arrache la medaille sans menagement, tandis que la tete reste obstinement silencieuse. Le templier secoue sans menagement le crane. "Bon, t'as ton compte la?"
A force de le remuer avec une vigueur toute naine, une lueur rouge finit par s'allumer dans l'oeil droit. Enfin, la ou il devrait y avoir un oeil droit.
"Arrete, z'ai horreur quand on fait za! Troufe moi mes dents, blutot, ze zuis ridigule, la..."
"Si tu crois que deux dents de plus vont aider..."repond Amon en haussant les epaules.
Apres avoir, grace en soi rendu a la lumiere, comme dirait l'autre, retrouve les deux dents incrustees dans la medaille qu'il venait d'oter, le nain les replace sans menagement dans la gueule de Pindesucre.
"Aiillleu... bon, c'est mieux" grommelle-t-il. "Maintenant, si tu pouvais me poser, ce serait gentil, j'aime pas trop qu'on me transporte, a chaque fois ca donne lieu a des speechs qui n'en finissent pas..."
"Attends, d'abord, reponds a ma question."
Le crane hesite, evite le regard du templier, et, aussi difficile a croire que ce soit, reussit le tour de force d'avoir l'air de sauter avec embarras d'un pied sur l'autre.
"Quelle question?"
"T'as ton compte, la?"
Le crane hesite une demi-seconde, puis hurle "Jamaaiss!!!", les orbites enflammees par son ardeur.
Amon, sans se demonter, retourne la tete de Pindesucre, la retourne et la pose sur un rebord de pierre de la caverne.
"Hey!? Mais? qu'est ce que tu fait!?"
Ignorant les cris du mort-vivant, Amon se met a ramasser soigneusement tout ce qui traine au sol, et d'arranger le tout comme un arbuste colore de Noel, avec des medailles et des bagues accrochees aux tiges des violettes chamarees et autres lys, rose et orcynnes bigarrees.
"Arreteeeuhh!!... tu peux pas faire ca!... Et... mais que... mais t'en vas pas, tu peux pas, me laisse pas!!! Sale traitre, espece de... de... de nain!! C'est vil, c'est pas... c'est... c'est bizzarement digne de moi, en y reflechissant, mais, la, c'est pas possible!"
Les mains dans les poches, Amon s'eloigne en sifflotant, ignorant royalement Pindesucre. Les os qui trainent au sol commencent a se ressouder, et une main affairee tente de reconstituer l'ensemble du corps desarticuler de son squelette. La monture de Pindesucre, elle, ignorant les invectives de son maitre, commence a machonner les fleurs qui sort du crane.
"J'aurai ta peau!! Amon, cache toi, enfuis toi! J'aurai ta peau, et je me servirai de ta barbe comme napperon sous ta choppe de biere qui me servira de vase pour tes os! Reviens!.."
[HRP. Quand meme, 3 bagues, 6 medailes, et 40 fleurs, tu pousses, la... Je peux pas competitionner... Je crois que je fais forfait, je demande grace, et je m'enfuis... Mais la prochaine fois, c'est a grands coups de hache que je te ferai rentrer tes fleurs dans la gorge
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