Le Prince avait suivi l'échange spirituel de ses yeux d'ivoire. Il avait beau réfléchir et observer, il ne parvenait pas à trouver la faille. Pas de solution pour libérer Shandra de l'emprise de ce... parasite. Du moins, pas sans courir des risques inacceptables avec la santé de l'hôte. D'un geste rageur, il arracha la dague du mur, coupant l'afflux de mana et rendant à ses iris leur couleur ordinaire.
Malice, toujours perché sur son épaule, suivait l'échange sans piper mot. Sans doute voulait-il garder un statut d'observateur. Sur un ton mordant, Thanos approuva sa femme :
Elyra a tout dit. Si j'en crois vos dires, votre présence ne sera pas dangereuse pour nous. Soit. J'ignore quel but vous poursuivez et de quelle façon vous comptez y parvenir. J'ignore aussi combien de temps Shandra devra supporter ce que vous lui faites subir, mais tant qu'a posséder son corps, faites-y attention. Suivez nous, puisque je ne peux vous laisser ici. Inutile de vous cacher que vous serez étroitement surveillé.
Coulant un regard entendu vers Earwen, il rengaina sèchement sa dague qu'il avait gardé en main durant son laïus. Puis, sans davantage se soucier des autres râleurs qui avaient de toute évidence suffisamment profité de la pause réclamée, se dirigea à grands pas vers l'escalier ascendant.
Les marches, toujours aussi larges et pas le moins du monde érodées par le passage des siècles, se couvrirent au fur et à mesure de son ascension une étrange teinte verte. Il ne comprit qu'ensuite qu'il s'agissait d'une fine mousse, et déboucha bientôt sur un nouvel étage. Interloqué, il resta quelques instants sur le seuil, se disant qu'il n'était décidément pas au bout de ses surprises.
En effet, s'étendait devant lui non pas une salle claire et propre comme celle qu'il venait de quitter, mais une véritable jungle. Une jungle, au sens littéral, c'est à dire un enchevêtrement presque inextricable de végétaux divers mais tous caractéristiques des contrées chaudes, la chaleur correspondante, une humidité qui rendit son armure luisante au bout de quelques secondes, et enfin une cacophonie de cris d'animaux tout aussi divers. Les murs, ici, étaient d'immenses baies vitrées donnant sur le lac, et qui, déjà, laissaient apercevoir une hauteur conséquente.
Levant les yeux, il vit au dessus de lui les escaliers qui s'enfonçaient dans le plafond, plusieurs mètres au dessus de lui. Son regard suivi les marches, qui semblaient prendre naissance de l'autre côté du "jardin". La pièce était donc à traverser, quitte à longer les murs. Son idée s'envola aussitôt lorsqu'il vit, accrochées entre la lisière des arbres et les murs de la pièce, d'énormes toiles d'araignées qui obligeaient à passer en plein milieu.
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