Hellismine, depuis ce combat douloureux, tant physiquement que moralement, devant l'auberge du rêveur, errait depuis un moment dans les forêts, les montagnes, les vallées, tentant de répondre aux questions qu'il se posait. Il avait des difficultés désormais à lever son arme et ses poings serrés pour les laisser retomber sur un quelconque ennemi. Cela lui faisait mal à la poitrine, à la tête, dans la tête. Pourtant, il devait régler ces problèmes métaphysiques avant de continuer ses recherches. Il devait de nouveau pouvoir combattre sans verser de larmes, sans hésiter, sans réfléchir. Les échéances qui ne manqueraient pas d'échoir n'autoriseront aucun sentiment, si ce n'est la colère, ou la haine.
Hellismine venait de s'acheter quelques soins pour ses pieds meurtris quand il entendit des cris d'enfants, des cris d'adultes qui fendaient l'air comme autant de flèches empoisonnées. Cela lui déchira le coeur, ces créatures qui mourraient encore, ce vain combat sans but, sans raison.
Il décida d'approcher alors du lieu du carnage, pour venir en aide à ceux qui périssaient. L'endroit était caché par une petite forêt, très petite, qu'il traversa de quelques enjambées. Il passa sa tête au travers d'un dernier buisson, et là, quelle ne fut pas sa surprise quand, au lieu d'expressions d'intenses terreurs, il vit sur les visages présents des sourires, de la joie qu'éclairaient des myriades de lumières. Des enfants couraient dans tous les sens, et la clameur qui s'élevait n'était que la manifestation de la réjouissance. De multiples races se cotoyaient, les trolls passaient près des elfes sans peurs, des nains croisaient des taurens sans exploser de colère.
Hellismine se décida à sortir de sa cachette. De toute façon, si le fourré lui permettait de passer la tête pour épier, il se rendit compte que son corps trapu, immense, dépassait de chaque côté du buisson... Tout en marchant vers ce lieu de rencontres, il observait les batiments qui composaient cet amas de fer et de bois. Des odeurs agréables s'échappaient de certaines cabanes, comparables aux effluves délicieuses des galettes de maïs que lui préparaient Pinara. Cela le fit saliver. Hellismine comprit que c'était un lieu de détente et de plaisirs, et finit par s'avancer vers une des échoppes fumantes.
- Une pièce d'or la gaufre, venez goûter aux gaufres de Roland !! Quatre achetées une gratuite !!
- Vingt gôfres...
- Pardon ???
- Donnez-moi vingt gôfres.
- Très... euh... très bien... Héhé...Voilà vingt gaufres bien chaudes !!
Hellismine paya les seize pièces au marchand et les avala en moins de temps que je ne l'ai mis pour le relater, devant le regard médusé, abasourdi de Roland.
Le troll fut alors attiré par les cris venant d'un bâtiment, le plus impressionnant de par sa taille. C'étaient des cris de terreur, il ne pouvait en être autrement. Il s'approcha et jaugea le grand panneau "L'Apocalyptique Train Chaotique des Ténèbres Abyssales" puis cette espèce de gardien, débonnaire, qui semblait suveiller quelque chose. Hellismine se dirigea vers lui :
- Pourquoi des gens hurlent dans ce bâtiment ?
- Ah mon ami, voyez! Les gens s'installent dans ce wagonnet, qui s'engouffre ensuite dans l'édifice. Les malheureux sont ensuite torturés, frappés, et ne ressortent jamais...
A ces mots, le troll dégaina ses griffes et menaça le pauvre homme.
- Méééé, arrêtez... C'était une blague...C'est une attraction, les enfants, les adultes viennent se faire peur ici... Ils entrent et de faux monstres les effraient...
Le gardien transpirait maintenant à grosses gouttes et fut fort soulager de voir se détendre le visage d'Hellismine. Le regard de ce dernier allait du wagonnet à la pancarte. Hellismine se demandait ce que recherchait les fous qui pénétraient dans ce bâtiment... Enfin, fort de sa soif de tout connaitre, il se décida et s'avança vers l'un des wagons. Un panneau indiquait : "Veuillez prendre place dans ce wagonnet. Pas plus de quatre personnes"
- Quatre personnes ?!?! Hum ça doit être de l'humour...
Hellismine entra tant bien que mal dans la voiture et remplissait l'espace. Il ne prêtait pas attention à l'homme qui vociférait :
- Ehhh ! C'est pas gratuit !!
Le wagonnet se mit alors en branle et grinçant, avançant tant bien que mal sur ses rails, s'aventura dans le tunnel aussi sombre que les pensées d'Hellismine.
_________________ Oubliez-moi, je vous en conjure. Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour moi.
Hellismine, troll né du Khaos
Fiche de perso
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