Inscrit le: Jeu 13 Jan, 2005 13:24 Messages: 2975 Localisation: Naërnamarth (à la retraite)
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Au coeur de la bibliothèque, un magnifique volume est posé , ouvert, sur un présentoir incrusté d'or et d'argent. Les pages sont anciennes, très anciennes, à tel point qu'elles partiraient en poussière si le volume n'était protégé par un globe de cristal magique, plaçant son contenu à l'abri de tout, même du temps. Les mots, tracés d'une main gracieuse et précise, sont bien souvent illisibles, mais le peu qui soit distinguable est peu compréhensible, car écrit dans une langue qui ne s'apparente que de loin avec la langue commune actuelle. Intéressé, vous tentez de vous renseigner et apprenez qu'il s'agit là de l'histoire de Valeyra, ou plutôt de sa légende. Vous parvenez finalement à vous procurer une récente copie de l'ouvrage, en bon état cette fois. Ce qui a pu être récupéré du récit originel alterne avec des éléments de la légende, narrés par le copiste, qui remplacent les nombreuses parties illisibles du livre. Impatient, vous vous installez confortablement dans un fauteuil et plongez dans le récit...
Livre Premier.
Enfin, j'ai pu trouver quelque chose pour écrire. Ne me reste plus qu'à y transcrire ce que je cherche à avouer depuis trop longtemps sans m'en ouvrir à d'autres qu'à ce livre.
Tout d'abord, qui suis-je ? Mon nom est Vara de Rydia, je suis une jeune humaine qui n'a connu que vingt-deux printemps, même si cela peut paraître beaucoup en ce monde bien dangereux. Unique fille du seigneur Viktor de Rydia et de son épouse Melusia, tous deux reconnus grands magiciens au service du bien de notre race. Grâce à ce noble sang, j'aurais dû montrer des traces de pouvoir dès l'adolescence, comme la majorité de ceux qui maîtrisent les arcannes.
Mais non, je me suis montrée incapable de produire la moindre étincelle, provoquant l'ire du père et la honte de ma mère. A la fois respectée et moquée par les habitants du château, ma vie se mua en un enfer permanent : subir les brimades de tous, sans pouvoir rien faire, ni rien dire, sans quoi mon père m'eut punie pour mensonges...
En désespoir de cause, ils m'envoyèrent en ce monastère où je vécus jusqu'à présent : le temple d'Helmör, Dieu de la Magie, afin d'y apprendre ce que je n'ai pu développer de moi-même. Malgré un entraînement long et rigoureux dans ce cloître, rien n'y fit. En dépit des efforts des moines qui ont tout tenté : rituels, prières, méthodes plus ou moins expérimentales, impossible de tirer de moi quelque pouvoir.
Apprenant ceci, mon père tente bien maladroitement de trouver une utilité à une fille incapable. Cherchant prétendant en son entourage, il ne tarda pas à trouver un riche et relativement jeune seigneur prêt à prendre épouse. Voici donc où j'en suis à cette heure : promise à passer ma vie dans un sombre castel, soumise au plaisir de mon seigneur lorsqu'il sera en sa demeure, dirigeant les serviteurs lorsqu'il partira guerroyer dans quelque contrée éloignée.
Triste destin que j'imagine, parée de mes atours de mariée, environnée de mes dames qui papillonnent autour de ma personne immobile, ballet de formes et de couleurs, frivoles furies déchaînées à me rendre la plus belle possible pour mon futur époux, mon futur seigneur...
La légende dit à propos de ce mariage qu'il fut fastueux : Viktor ne refusa aucune dépense pour rendre la cérémonie réussie. A tel point que cela attira l'attention des Dieux et tout particulièrement d'un : Malgr, Dieu du Chaos. S'amusant follement à l'idée de détruire pareille beauté, il envoya une horde de diablotins qui firent irruption juste avant le traditionnel « Je le veux ». Ayant laissé leurs atours guerriers à l'extérieur du Temple en signe de respect et de confiance, les invités ne purent faire face à la déferlante. Tous périrent dans le chaos le plus total, alors que le bâtiment prenait feu et que le Dieu, lui, riait. Mais, Helmör, bienveillant, connaissait trop son chaotique frère pour le laisser commettre pareille infamie : il se fit ange de lumière et vint toucher Vara de son divin pouvoir. Sa magie enfin libérée se déchaîna alors, détruisant totalement l'infernal horde. Se penchant sur les cadavres de ses défunts parents, elle jura alors de combattre Malgr de tout son pouvoir nouvellement maîtrisé, d'y consacrer sa vie et de n'avoir d'autre but que d'occir tout démon qui aurait l'imprudence de se faire connaître d'elle... Elle, qui se nommerait dorénavant Valeyra.
Livre Second.
Plusieurs jours ont passé depuis la cérémonie. Ce qu'il s'est passé exactement, je n'en ai que peu de souvenirs. Aujourd'hui, mon esprit ne sait plus à quoi s'accrocher. Ce nouveau pouvoir me donne des possibilités que je n'aurait jamais osé imaginer auparavant... Et ces visions, ces damnées visions venues de je ne sais où, qui me hantent, m'emportent en dehors de la réalité, me montrent des gens, des lieux inconnus, des choses dont je ne devine ni le but ni l'origine.
Est-ce l'ange qui m'a donné mes pouvoirs, qui tente de me guider à présent ? Ou bien est-ce l'influx trop brusque de mana qui perturbe mes sens, au point de me rendre à moitié folle ? Comment savoir ? Que me veux cet ange, pourquoi ne m'aide-t-il pas ?
Perturbée par ses visions encore floues, Valeyra erra plus d'une semaine sans but précis, détruisant avec une facilité déconcertante les démons qui tentaient de l'approcher. Sauvant des familles entières et disparaissant aussitôt. Bientôt, dans les villages alentours, l'on commença à évoquer la Dame Blanche, mystérieuse sorcière au pouvoirs angéliques, et l'on commença à prier pour elle...
Mes rêves s'éclaircissent. Les brumes de mes souvenirs s'effilochent, et je commence à reprendre le contrôle de moi-même. Les visions deviennent plus nettes. Cette nuit, l'ange est revenu. Il m'a dit de croire en moi, de croire en mes visions... Que j'avais un destin à accomplir.
Je n'ai plus peur de moi-même. Aux gens que je rencontre, je donne le nom de Valeyra, et ils me louent pour ma bonté, prient pour moi. Et je sais où je vais. Je n'ai aucun point de repère, mais l'ange me guide, et j'avance, dispensant la lumière à ceux qui sont dans l'ombre de la peur.
Ce fut au bout d'un mois de voyage, émaillé de batailles et d'actions d'éclat, qu'elle arriva enfin à son objectif, le sujet de ses visions : un château fort. Ou plutôt, un palais fortifié, dont les murs semblaient indestructibles, lisses et presque lumineux. Elle y rencontra le maître des lieux, nommé Chânt, qui régnait sur une communauté restreinte mais composée de gens valeureux et nobles. Il lui appris que sa famille occupait ce palais depuis des siècles, et que la totalité des occupants étaient les descendants des constructeurs. Mais le temps avait effacé leurs origines, et aucun ne savait plus qui ils étaient, ni d'où ils venaient.
Valeyra, inspirée par l'ange, apposa ses mains sur le front du seigneur, et alors elle sut tout d'eux et de leurs ancêtres. Elle leur narra leur propre histoire : Chânt était le lointain descendant d'un très ancien roi, et ses servants étaient ceux de sa garde rapprochée. Ils venaient d'un autre plan, qu'ils avaient du fuir pour échapper à la destruction, car les portes des enfers avaient cédé à cause d'un sombre nécromancien avide de pouvoir. Depuis, les habitants du palais avait vécu en autarcie, perdant petit à petit leurs origines, oubliant ce qui les avait conduit là, mais préservant la tradition d'une élite guerrière.
Alors Chânt présenta à Valeyra la seule relique qu'il tenait de son aïeul, une magnifique épée incrustée de runes dorée, qu'il nomme Rayon-de-Lune. Elle la saisi, et aussitôt, la lame s'illumina, les runes brillèrent, et l'arme sembla reprendre vie, alors qu'une onde de magie bénéfique inondait la salle, faisant rayonner le palais d'une lumière oubliée. Fascinés, tous s'agenouillèrent, et Valeyra posa la lame sur l'épaule droite de Chânt. Et tous jurèrent fidélité à la magicienne, qui les nomma les Fils de la Lumière.
Elle rendit son arme à son nouveau général, et pénétra dans les entrailles du château, jusqu'à une salle secrète qu'elle ouvrit. Devant ce qu'elle contenait, tous restèrent bouche bée: des centaines d'armures d'acier blanc, lumineuses, toutes ornées différemment, accompagnées chacun d'une arme aux pouvoirs angéliques, semblaient attendre leur maître, l'éternité s'il le fallait. Devant l'armée immobile, une armure plus belle et plus grande que les autres faisait face à l'entrée, éclairée par un rayon de soleil qui semblait jouer sur les plaques et les dorures. Elle seule n'avait pas d'arme, et Chânt compris que c'était Rayon-de-Lune, son épée, qui complétait l'ensemble. Les Fils de la Lumière étaient face à leur destin...
De toute évidence, j'ai été guidée jusqu'ici, jusqu'à cet homme et à ces soldats. Une véritable armée de guerriers courageux, indomptables, maniant l'épée comme aucun, et aidés des pouvoirs de la Lumière. Aucun démon en pourra rivaliser contre eux, et cela est admirable.
Mais, pourquoi ais-je l'impression d'être un pion ? J'accomplis ma destinée... Tracée il y a longtemps par les Dieux ? Sans doute se servent-ils de moi pour parvenir à leurs fins. Qu'importe. Je leur montrerais que je peux, moi aussi, décider, et combattre. Je nettoierais ce monde de la présence maléfique, et lui rendrait sa lumière originelle...
HRP : A suivre... N'hésitez pas à commenter, l'histoire, le style de narration un peu spécial... Bref, ce que vous aimez ou pas 
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Dernière édition par LePrinceNoir le Sam 30 Déc, 2006 21:35, édité 3 fois au total.
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