Forum Heroes' Chronicles

Un jour que je me baladais en forêt, je me sentis mal à l'aise. Le silence qui y regnait, était suspect. Je levais les yeux, et en me concentrant, je vis dans les branches, une troupe d'elfes prete pour le combat.

-Quelle belle journée messire elfe.

-Bonjour à toi, homme, que fais-tu dans ces bois?

L'elfe qui parlait ainsi possédait un regard de corbeau, et même s'il était perché, tout ceci n'avait rien d'une fable, de plus, il est bien connu que le fromage elfe est infecte.

-Je me promène, cherchant l'aventure et compagnons, et vous même messire, ces branches ne semblent pas être votre gite?
-Nous préparons une embuscade, des nains ont volé une partie du trésor de notre prince.
-Alors bonne chance, je ne vais pas rester plus longtemps, je risquerai de déranger vos affaires.
-Attends, homme, tu pourrais nous trahir?
-Qu'aurais-je à y gagner?
-Ils pourraient te proposer de l'or pour que tu leur indiques notre position.
-Voyons, messire, un nain, même pour un renseignement capital ne se séparerait pas d'un sou.
-C'est vrai homme, continue ta route, et prends garde aux nains.
-N'ayez crainte, ces êtres sont lourdeaux, je saurais les repérer à des lieux à la ronde.

Foi de Hermaud, ces elfes sont bien niais...

Non loin de là, à peine à une lieu, je rencontrais une troupe de nains fatigués par un voyage éprouvant.

-Eh là, maître nain, ta barbe est bien longue et bien poussiereuse. Si tu tiens à celle-ci, fais une halte, et écoute attentivement, la vie des tiens est en danger. Toutefois, avant de te sauver du trépas qui t'attend, je voudrais savoir une chose. Quelle race détestes-tu par dessus tout?

D'une seule voix, la troupe de nain comme revigorée, cria:

-Les elffffes!
-Bien, c'est la réponse que j'attendais. Vois-tu, j'ai rencontré non loin d'ici quelques elfes faméliques, qui voulaient tuer de nobles nains qui avaient soit disant volé un trésor à leur prince.
-Comme si, nous n'avions pas assez avec ces orcs qui nous suivent depuis des semaines, voilà que ces saletés d'elfes veulent tirer sur nos barbes. Nous n'avons rien volé depuis longtemps, nous commerçons avec la ville libre de Farpilas, nous rentrions chez nous lorsque des orcs nous ont barré la route. Ils voulaient nous faire payer un droit de passage sur leurs terres. Nous les avons donc contournés, mais ceux-ci nous coursent depuis.
-Si j'étais vous, pour ne pas perdre trop de temps avec les elfes, je marcherai encore une demi-lieu et mettrait le feu aux arbres. Quelques pigeons rotis devraient tomber des branches, il ne vous resterait plus qu'à massacrer le restant. Et pour les orcs, je vous souhaite bonne chance.
-Merci à toi, homme, tu as surement du sang nain.

Satisfait, je me demandais qui des nains fatigués et mal équipés, et des elfes bien armés mais rotis, l'emporteraient. Peu m'importait, plus il y aurait de morts, mieux j'aurais oeuvré.

A quelques pas de là, se trouvaient des autels qui semblaient l'oeuvre de trolls. A leur ombre se dissimulaient de petits êtres à l'aspect vicieux. Déguisés en nains, ils avaient tout l'air de gnômes.

-Et toi là l'humain, tu as tout l'air de venir du coeur de la forêt, avant de rencontrer les nains dont nous nous sommes dissimulés, as-tu vu des elfes?
-Salut à toi Gnôme, oui, j'ai vu des elfes qui avaient tout l'air de rechercher des nains, mais je suppose qu'il s'agissait en réalité de vous.
-Ah, tu es perspicace.
-Je pense qu'en attendant ici, vous risqueriez d'éveiller la colère des trolls pour avoir touchés à leurs autels sacrés. D'ailleurs, vous devriez suivre les nains, le combat avec les elfes est imminent. Vous pourriez massacrer les survivants.
-Ah, tu parles bien humain, ton plan aurait pu être le mien. Vous entendez, vous autres, en avant!

Les gnômes, les gnômes... Je riais plus encore, car je voyais déjà un troll qui me faisait signe de venir vers lui.

Le troll grimaçant, sur ses maigres jambes, sautillaient en tous sens comme un fou. Lorsque j'arrivais à sa hauteur, il me sembla furieux.

-Homme, la forêt est devenue folle, on désacralise nos autels en les souillant.
-Calme toi, frère troll, je vais te dire ce que je sais.
-Oui, parle, je veux tout savoir, je dois m'exprimer au plus vite devant mon clan.
-Et bien, les petits êtres que tu as vu, étaient des gnômes, des scouts, qui servaient d'éclaireurs à une brigade de nains, gnômes et elfes. Ils veulent vous chasser de la forêt et détruire vos lieux saints.
-Ah, les lâches! Mais que faire?
-Tu vois là où il y a de la fumée? Il s'agit des préparatifs pour l'attaque. Si, tu rassembles assez vite ton clan, tu peux contrecarrer leurs plans en les assaillant en premier. Je sais qu'une troupe d'orcs, au courant de cette affaire, arrive pour vous fournir des renforts.
-Ami, tu es admirable, comment sais-tu tant de choses?
-Je ne peux te le dire, mais, je sais que tu seras victorieux.
-Garde tes secrets, tu dois être un grand mage, je suivrais tes conseils.

J'observais le troll repartir vers des batisses en pierres que je n'avais pas vu au premier abord. Il fallait qu'il fasse vite pour que les trolls prennent par au combat. J'espérais avoir suffisamment pressé par mon discours cet être aux genoux cagneux.

Pendant que je m'éloignais de l'endroit, je vis un grand rassemblement de trolls partir vers l'endroit d'où s'élevait la fumée. Il me fallut marcher encore une lieu avant que je ne rencontre des orcs équipés pour rançonner les marchands.

-Et toi, que fais tu ici?
-Calme toi, noble Orc, l'affaire est entendue.
-L'affaire, mais de quoi me parles-tu?
-Je sais où se trouvent les nains que tu cherches.
-Comment, les nains, ah mais quelle bonne nouvelle!
-Attends la suite, ne vois-tu pas au loin de la fumée?
-Oui, je vois...
-C'est là que se trouve les nains, mais attention, ils ont recruté des trolls des bois pour se protéger de vous.
-Ah, ces faibles, ils ne voulaient pas nous payer un droit de passage, mais ils donnent leur argent à des trolls. Nous récupérerons notre dû sur leurs cadavres.
-Que le combat vous sourisse fiers guerriers orcs.
-Et toi, ne veux-tu pas ta part?
-Non, je me suis déjà grassement servi à ma façon.

Je n'avais pas encore fini de parler que les orcs s'élançaient sur la piste des trolls. Les ombres s'allongeaient, la nuit était proche. Les morts seraient nombreuses, mais pas encore assez, il me fallait duper encore.

Lorsque qu'après une demi-heure de marche, j'aperçus des taurens en costume de fête, je me demandai quel mensonge, j'allais devoir inventer cette fois-ci. La nuit tombait, mais les flammes illumaient la forêt.

-Noble fils de la terre, toi qui était dans ses bois, as-tu vu deux pucelles de notre race?
-Ah, mes amis, c'est affreux, des orcs sont parties avec elles, les emmenant sous les bras, ils voulaient les sacrifier à leurs dieux sur un grand bucher. Voyez les flammes, je crains le pire.
-Malheur, nous étions tous à mes noces, quand deux invitées ont soudain disparu.
-Courrez mes amis, il est peut-être encore temps.

Je parlais seul, ces taurens en charge étaient plus rapide que des chevaux au galop. Mais où étaient ces deux pucelles, ce mensonge était le plus mauvais, n'étant pas sûr que les taurens ne tombent par hasard sur elle. Mais j'allais vite être rassuré.

J'étais à la lisière de la foret lorsque j'entendis des bruits étranges. Je me rapprochais du lieu d'où ceux-ci surgissaient.

Je vis alors une vingtaine de mort-vivants, s'acharnant sur le corps de deux taurens, affamés, la nourriture n'était pas suffisante pour autant de voraces.

-Ah, quels beaux gibiers, partagerez-vous votre pitance avec un voyageur?
-Tu seras plutôt notre dessert homme, attrapez-le!
-Attendez, je viens vous proposez un festin, et vous traitez votre bienfaiteur comme un vulgaire amuse-gueule.
-Que dis-tu, je n'ai aucune patience, parle ou je te mange?
-Avant que je ne passe à table, dites moi où vous avez trouvé ces viandes de choix?
-Il y avait une fête non loin d'ici, nous avons voulu y participer, et puisque nous n'étions pas conviés au buffet, nous nous sommes servis en emportant deux femelles taurens qui se promenaient vers ces bois.
-Bien.

Un sourire démesuré ornait ma bouche dévoilant des canines de carnassier.

-Tu ne ressembles pas vraiment à un homme, et tu n'en as pas les manières, parle maintenant, car notre faim est grande.
-Vois-tu le grand feu, qui illumine la forêt?
-Oui, il dégage d'ailleurs une odeur de chairs grillées... de chairs grillées. Homme, que s'y est-il passé?
-Une bataille a eu lieu en cet endroit, vous devriez trouver des cadavres en grand nombre à dévorer.
-Mais, je ne comprends pas...
-Il n'y a rien à comprendre, voyez ça comme un présent.

Avant qu'ils ne s'en rendent compte, j'avais déjà disparu. L'histoire était presque complète, ne manquaient plus que les derniers acteurs, les hommes.

Lorsque je vis des mercenaires humains, je savais que ma tâche était presque achevée. Encore fallait-il que ceux-là soient enclins à m'aider.

-Amis mercenaires, que les dieux vous gardent. Je suis à la recherche de compagnons, puis-je me joindre à vous?
-Salut toi, comment t'appelles-tu?
-Hermaud de... Hermaud le malicieux
-Je m'appelle Arrek Pisse-clair, tu es le bienvenu
-J'ai besoin de votre aide, vous en tirerez paiement.
-Comment pouvons-nous te rendre service?
-Un grand trésor se trouve dans cette forêt, mais une armée malfaisante le protège, si nous y mettions le feu totalement à celle-ci, comme j'ai tenté de le faire, nous pourrions le récupérer sans efforts.

Aussi, nous passames les premières heures de notre collaboration à enflammer la forêt des illusions. Lorsque le derniere arbre eut fini de bruler, un rire malsain comme montant du fond des abymes infernaux, résonna, c'était le mien bien sûr.

-Qu'est ce qui te fait rire ainsi Hermaud?
-Oh, ce n'est rien, par contre, tu devrais remercier le ciel d'être un humain.

Mais, me direz-vous, quelle est la morale de cette histoire? Je vous répondrai alors qu'il n'y en a pas, puisque j'en suis dépourvu.