Chers lecteurs, dans les lignes qui suivent, je vous conterai l’une de mes rencontres en zone neutre. Ce récit me donnera l’occasion de dresser le portrait des Agriculteurs Colériques (AC dans le texte). Ensuite, j’essaierai de dresser une liste de conseils destinés à aborder cette curieuse corporation.
Par une douce soirée printanière, alors que j’étais occupé à glaner quelques Oxalis pour me confectionner des tisanes, je fus subitement interrompu. Je me retrouvais soudain nez à nez avec un jeune garçon de ferme AC, visiblement pas content. Avant que je n’ai le temps de réagir, celui-ci me bouscula, et pris un malin plaisir à piétiner mes fleurs tout en ricanant bêtement. La surprise passée, je me tournai vers mon agresseur le sermonnant copieusement et joignant le geste à la parole, je conclus notre dispute par quelques violents coups de marteau qui le renvoyèrent dans son écurie. M’en retournant à ma cueillette, je dus encore une fois m’arrêter. Cette fois, c’est tout un groupe d’AC qui se dirigeait vers moi. A en juger par leurs vociférations ils étaient inamicaux.
Dois-je vous décrire mon étonnement ? C’est tout de même étrange, ces petites gens qui quand on donne gentiment des leçons à leurs ramasseurs de fumier, vous le reprochent armes à la main. Ha ! A vous dégoûter d’être sympa Enfin, passons.
Ils accouraient donc vers moi. D’aucun brandissant des fourches acérées, d’autre la faucille bien calée entre les dents. Et toute cette joyeuse petite troupe se bousculait à qui mieux-mieux dans le pire des fatras. En toute logique, ils arrivèrent l’un après l’autre, tout essoufflés de leur course. Déjouer leurs assauts ne me causa guère de difficultés. Une fois chose faite, toujours abasourdi par leur réaction et pour lever toute ambiguïté, je me décidai à les questionner sur leurs motivations. « Et bien ! Quelles curieuses manières ! Que me vaut cet empressement ? Je crois reconnaître en vous des marchands de soupes. Est-ce pour m’en proposer quelques-unes que vous vous précipitâtes ? » En réponses, je ne récoltai que jurons vociférés dans le pire des langages. Fatigués par le péril dont je venais d’échapper, je me dirigeai vers une auberge, d’où je vis les AC déguerpirent les uns après les autres.
Cette brève rencontre avec les susnommés AC m’a beaucoup enseigné et voici à présent quelques conseils qui pourraient vous être utile le jour, où vous aussi, tomberez sur eux.
Tout d’abord, même si l’AC n’est pas très malin, il n’en est pas moins fier. Alors, si vous avez le malheur de les troubler dans leurs maraudes, n’hésitez pas à les caresser dans le sens du poil. Félicitez les sur leurs montures « Oh quelle jolie chauve-souris ! » Complimentez-les sur leurs armes. « Votre armure est rutilante ! Avec quoi l’entretenez-vous ? » Ils sont toujours friands d’une bonne critique sur leurs soupes « J’ai entendu dire que vous étiez le meilleur des alchimistes ! Je suis impressionné ! » Bref, soyez imaginatifs et, n’hésitez pas, plus c’est gros, mieux ça passe. Même si leurs montures ont le teint terne, que leurs armures sont rouillées et que leurs potions sont frelatées, ils n’entendent guère l’ironie. Profitez-en.
Si jamais par mégarde vous en avez aplati un, méfiez-vous tout de même. Ils peuvent être farouches. Mais pas de panique, j’ai rarement vu une troupe si désordonnée. Sortez vos potions et attendez que tout le monde ait tenté sa chance. Généralement, un premier arrive, tente sa chance et une fois épuisé, il appelle le suivant jusqu’à ce que tout le monde soit rassemblé.
Garder son calme et son sérieux. Prenez garde, même si mon récit n’incite que peu à la prudence, je dois vous avertir. Les AC disposent d’une arme secrète redoutable, le ridicule. Même s’il est coutume de dire que le ridicule ne tue pas, je vous laisse imaginer ce qu’il pourrait se passer si soudain vous partiez dans un irrépressible fou rire face à eux. Soyez sûr qu’ils en profiteront !
Eviter de les humilier. Vous pouvez en tuer quelques-uns, mais pas trop à la fois. S’ils se sentent en danger, ils n’hésiteront pas à appeler la terre entière et leurs jérémiades sont si exaspérantes, que rapidement des clans plus dangereux y répondent pour les faire cesser.
Pour résumer, un peu d’humour, un zeste de prudence et un rien de tact vous éviteront bien des soucis. Voilà donc. J’espère que tout cela pourra vous être utile lors de vos petits voyages en Lordnor.
--- Fernand Leméchan noobologue amateur à ses heures perdues.
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