Il n'est de mémoire capable de se rappeler quand a débuté le chaos ; il n'est d'être vivant assez âgé pour se souvenir des toutes premières exactions de la Horde ; il n'est de vieillard né assez tôt pour avoir vu l'Alliance se former...
Même les pères des pères de nos pères n'ont sans doute jamais connu la paix, pas plus que les pères des pères de leurs pères.
Elenwë était une elfe, épouse et mère, qui avait vu une grande partie des siens périr dans les massacres perpétrés par la Horde. Elle était une elfette courageuse, qui tenait sa place au front comme n'importe quel elfe et qui avait nombre cadavres d'orcs à son actif.
Mais en tout être il est des limites à ne pas franchir... Et les limites d'Elenwë furent un jour atteintes. Lasse de toutes ces guerres, éreintée par tous ces combats, détruite pour avoir vu son dernier fils mourir dans ses bras, elle partit une nuit sans savoir où elle allait.
Au petit matin, on découvrit le cadavre d'une elfette rejeté par le fleuve, le visage et une grande partie du corps mangés par les poissons carnivores qui le peuplaient. Les obsèques d'Elenwë, que tous aimaient, furent grandes et dignes. L'hommage d'un peuple à celle qui aurait mérité d'être reine.
Mais Elenwë n'était pas morte. Ce cadavre n'était pas le sien. Après de longs mois d'errance, elle finit par se réfugier, à moitié folle, au fond d'une forêt profonde, et resta là, oubliée de tous.
Un jour, elle vit arriver un petit groupe cosmopolite : elfes, gnomes et nains. Les mines défaites, accablés par des blessures terribles, ils tenaient à peine le coup, et semblaient tous prêts à pleurer...
Elle les recueillit, et leur offrit les soins et la chaleur dont ils avaient tant besoin.
Jamais ils ne partirent. Pour eux, elle était devenue "
la Mère", celle qui leur avait donnée le jour, car une nouvelle vie leur avait été offerte. Et eux-même ne se doutaient pas du cadeau qu'ils lui avait fait en la rejoignant ainsi, en lui permettant de les aider. En les soignant, elle s'était guérie elle-même. Elle s'était de nouveau ouverte au monde.
Peu à peu, l'idée en eux germa : l'aide qu'ils avaient reçue, ils allaient la donner à leur tour. Et de leurs discussions naquit une prise de conscience révolutionnaire, impensable : ils admirent que les peuples de la Horde étaient, au moins pour partie, tout aussi victimes qu'eux des évènements. Ainsi se créa le clan des
Seeds, Monastère laïque dont le but était d'aider les justes, de promouvoir la paix, et de renforcer les faibles, quelque fût la race et la coalition de ceux qui venaient à sa rencontre. Ils espéraient ainsi planter la graine qui, un jour lointain, conduirait à la paix universelle.
Le Monastère, depuis cette époque, connut des hauts et des bas. On l'a dit puissant et mystérieux, puis on l'a prétendu disparu, on a même ri de lui. Mais jamais il ne tomba. Et même au plus sombre de son histoire, il se perpétua, sans jamais perdre de vue ses idéaux. Quelqu'aient été les circonstances, jamais il ne perdit son intégrité.
Les Seeds proposent un havre de paix à l'aventurier fatigué de toutes ces guerres ou trop faible pour y participer, afin qu'il se repose et reprenne de l'allant. En contrepartie, le frère ainsi accueilli s'engage à laisser au dehors sa haine et sa colère. La paix qui lui est apportée, lui-même doit la nourrir.
Ce havre de paix a besoin de règles, comme toute organisation. Ces règles sont les suivantes :
Citer:
- Ne pas attaquer les autres, sauf pour se défendre, riposter ou se venger (mais dans ce dernier cas, l'accord du Monastère doit préalablement être obtenu).
- Eviter les conflits, autant que faire se peut, essayer les pourparlers avant de tomber dans des extrémités plus guerrières.
- Assurer la défense du Monastère s'il se fait attaquer (en respectant la règle numéro 2, si on en a le temps).
- Assurer la défense du royaume de sa propre race (en cas de conflit d'intérêts entre défense du monastère ou du royaume, libre choix est laissé à chacun).
- Un Seed ne peut sans frémir assister à un linchage éhonté, à un assassinat facile. Lui est donc accordé la possibilité de demander au Monastère l'autorisation d'intervenir, même violemment, face à une injustice flagrante et éhontée. Mais en aucun cas il ne doit prendre cette initiative de lui-même.
Le non-respect de l'une de ces règles étant susceptible d'entraîner l'exclusion.
Le Monastère recherche la paix, mais il peut aussi prendre part à des guerres. Pour se défendre, donc. Mais aussi, s'il juge que l'équilibre du monde est en danger, pour protéger tel ou tel royaume quel qu'il soit. Il s'agit alors pour lui de participer à une guerre sainte, une guerre dont la conclusion pourrait avoir des répercussions particulièrement néfastes pour tous. Mais de telles circonstances sont très rares. Et souhaitons que jamais elles ne se reproduisent.
Le Monastère est un lieu d'apprentissage, un lieu de repos pour l'aventurier de passage qui n'en peut plus. Ou un lieu de vie pour celui qui décide de ne jamais le quitter. On peut y venir, et on s'engage alors à respecter ses règles. On peut aussi le quitter quand on veut, et savoir que ce départ ne sera jamais pris pour une désertion, que la porte toujours restera ouverte à l'ancien Seed qui éprouve le besoin de retrouver ses sources... Quand on a été un Seed, on le reste. On n'oublie pas le Monastère, et le Monastère ne vous oublie pas.
Seul celui qui a été exclu du Monastère, ou qui l'a ouvertement méprisé, peut trouver porte close...
Pour notre Mère. Pour
Elenwë.