La nuit tombait sur une autre journée de cette guerre sans fin. Encore une journée entière de combats incessants, de carnages ; les râles des mourants résonnaient encore entre les collines du Royaume Elfique.
- Quand cela s’arrêtera-t-il ?
La Horde avait décidé de porter un coup fatal au moral de l’Alliance en attaquant de front le Royaume Elfique. Les chefs barbares n’avaient pas fait les choses à moitié : pendant que le gros des armées elfiques, au Sud, avait dû faire face à un fantastique regroupement des forces ennemies, d’autres contournaient le Royaume… Hier, la nouvelle était tombée. « La Horde, au Nord ! »
Les quelques défenseurs avaient été balayés en un clin d’œil par la fureur bestiale de la masse hordeuse. Au Sud, la légère hésitation des Capitaines face à la nouvelle leur avait été fatale, et le front s’était brisé sous la pression des armées ennemies. Partout, des Elfes fuyaient, poursuivis par les envahisseurs, Taurens en tête. La bataille était perdue, et les barbares convergeaient maintenant vers le Palais des Elfes.
Dans les dernières lueurs d’Arien, Glorfindel pouvait voir ses ennemis préparer leur arsenal de siège. La poignée de défenseurs qui tenait encore le Palais ne ferait pas long feu face à la Horde. Néanmoins, Glorfindel, comme tous les autres défenseurs, avait pris sa décision depuis longtemps. Ils défendraient cette place, aussi longtemps que leur bras serait capable de trancher leurs ennemis !
- Shan… Quel dommage que tu ne soies pas là ! Nous aurions combattu ensemble, une dernière fois. Que la Horde soit mille fois maudite en ce jour !
Alors qu’il pensait sombrement, une grande clameur lui fit lever les yeux, et il découvrit un spectacle insolite.
Arien avait disparu depuis longtemps déjà, mais une lumière crue, presque agressive, venait d’une déchirure entre les nuages. Une belle figure y apparut peu à peu, et Glorfindel reconnut Calaelen, que beaucoup parmi les Elfes du Lorndor révéraient. Son visage était lisse, parfait, impersonnel ; pourtant, une colère froide s’y lisait. Il parla, et sa voix était comme son visage : raffinée, recherchée, et empreinte de colère et de mépris.
- Puisque vous n'êtes pas capable de garder vos frontières inviolées par les pires engeances qui ont vu le jour sur cette terre, plus personne n'entrera chez vous sans qu'il n'ait ma permission !
Alors Glorfindel regarda vers les frontières du Royaume, et vit qu’elles étaient maintenant fermées. Seuls les Elfes pouvaient encore entrer et sortir de chez eux !
Les armées hordeuses avaient elles aussi vu l’apparition de Calaelen, mais n’avaient pas entendu ses paroles. Leurs chefs voyaient maintenant les portes du Royaume se refermer sur eux, et ils hurlaient comme des bêtes en cage. Leur grande invasion se terminait lamentablement, ils étaient maintenant pris au piège !
De nombreux défenseurs du Palais se réjouirent. Glorfindel les regarda, du mépris plein les yeux.
- Imbéciles !
Puis il leva les yeux au ciel, et dressa un poing vengeur. La colère de Manwë était dans ses yeux ; la fureur des Valar courait dans ses veines.
- Ô toi, Calaelen, Suprème Pantin ! De quel droit oses-tu nous refuser ce combat ? Tu nous prive d’une fin glorieuse, digne d’être chantée, dans le seul but de protéger les larves qui te servent ! Qu’ont-ils fait pour la défense du Royaume, ces Elfes errants, ces jardiniers, ces pleutres ? En ce jour, tu as montré ton vrai visage : celui du Prince des Lâches.
Aucune réponse ne vint, et les nuages se refermèrent. Calaelen était reparti ruminer sa vengeance contre cet Elfe qui avait osé l’insulter publiquement…
Se tournant vers les Elfes présents, Glorfindel les toisa, et leur fit honte.
- Et vous, qui vous réjouissez ! Ne comprenez-vous pas que Calaelen vient de nous ridiculiser, nous et tous nos frères de race ? J’entends d’ici les rires de la Horde : « ces Elfes, incapables de se défendre sans leur dieu… » Qui est-il pour prétendre à ce titre, d’ailleurs ? Un Maïar ambitieux, tout au plus, et qui a oublié le respect dû à Manwë… Manwë, entend ton serviteur ! Quelqu’un prend ta place ! Les Elfes… Les Elfes…
Son regard était devenu hagard, et il ne voyait plus ceux qui l’entouraient. Il tournait en rond, perdu, hébété, cherchant sa respiration… Enfin, il s’effondra, la tête entre les mains. Tous se détournèrent de lui. Personne n’entendit ses sanglots…
- Pourquoi ? Le courage… Nous leur aurions montré… Calaelen, sois maudit !
Au petit matin, il se réveilla dans un lit confortable, dans une chambre où flottait un parfum apaisant. Qui l’avait amené là ? Il n’avait plus aucun souvenir à partir du moment où il avait succombé à la folie.
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Apparemment, l'histoire s'est réglé pendant que j'étais dans le train. Tant mieux... Rien de tel que le RP pour se passer les nerfs. Je m'excuse auprès de ceux avec qui j'aurais pu être un tantinet blessant tout à l'heure...
J'en profite pour signaler que ce topic est ouvert à tout texte RP sur cette invasion, d'un côté comme de l'autre.
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_________________ Glorfindel, l'Elfe aux Cent-Morts
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